Chapitre 88

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L'air est frais et les nuages déversent leurs cordes qui s'écrasent sur le goudron où le son de nos pas résonnent. Tout est si calme ici, j'ai l'impression d'être dans un coin refoulé de la ville : il n'y a ni brouhaha, ni bruit de véhicules. Tout ce qui nous entourent étant vert, ma curiosité est à son prime.

Moi - Où sommes-nous?

Keisuke - C'était l'ancienne demeure de mon grand père. Maintenant, toute ma famille se ici pour les fêtes.

Moi - Donc...le reste du temps, personne n'y habite?

Keisuke - Non...même si hormis les fêtes, il peut arriver que mes tantes ou autres membres de ma famille viennent squatter, ce qui est d'ailleurs très rare.

J'écoute attentivement ses paroles tout en essayant de garder le même rythme que lui. Je tire sur la capuche de mon gilet noir, en essayant de me protéger de la pluie, le souffle court. En jetant un œil derrière nous, je me rendis compte que l'on ne peux plus voir la voiture de là où nous sommes.

Tout m'est inconnu, sans grande surprise.

La grande demeure en bois me paraît bien grande de l'extérieur. J'essaye de la contempler malgré les milliers de gouttes que je prends au visage. Alors que chaque pas nous rapprochent de la porte d'entrée, mes doigts viennent agripper la manche de Keisuke, sans que je m'en rende compte. Ce dernier pivota légèrement la tête vers moi, avant de finalement ouvrir la porte.

Moi - Tu es sûre qu'il n'y a personne?

Keisuke - Mmh.

Les questions se bousculèrent dans mon esprit, alors que je me demandais si Manjiro et les autres s'en étaient sortis ; un long couloir me captive directement à l'entrée. Après avoir ôtés nos chaussures, je suis silencieusement Keisuke dans ce qui me semble être le salon. L'endroit est chaleureux et bien décoré.

Après avoir rapidement analysé les quelques photos de familles sur les murs et les différents peintures, je me retourne vers Keisuke, les sourcils froncés. Nous sommes enfin seuls, lui et moi, dans cet endroit si calme et silencieux. J'ai l'impression que cela fait une éternité que ça n'est pas arrivé. Et si ce n'était qu'un rêve?

Moi - Pourquoi tu as accepté de rejoindre le gang à ton père?

Et la seule question que j'ai osé lui poser était une question à laquelle j'avais déjà la réponse. Ma capuche trempé est toujours sur ma tête, alors que des goutes s'écrasent sur le parquet. Keisuke est dos à moi, face à la gigantesque télé éteinte.

Keisuke - Pou-...

Moi - Pourquoi tu ne m'avais pas prévenue? De tout ce que tu comptais faire? Pourquoi es-tu partis comme ça?

Les bras le long du corps, je sens mes doigts gelés trembler, alors que mon cœur bat si vite dans ma cage thoracique.

Moi - Est-ce que ça a vraiment servi à quelque chose? Au final?

Il était devenu trop difficile de cacher mon ton triste, ma voix disparue dans un petit son aigüe. Et c'est à cet instant qu'il se retourna ; ses cheveux virevoltent alors qu'il s'approche de moi. La tête baissée, j'essaye de me concentrer sur les questions que je devrais poser en priorité.

Keisuke - Manjiro m'a raconté qu'il t'avais...parlé de tout ça.

Moi - Mais je ne comprends quand même pas.

Keisuke resta stoïque, le regard perdu sur mes chaussettes trempés elles aussi.

Keisuke - Enlève ton gilet, tu vas attraper froid. Je vais aller nous chercher des affaires.

❝𝐋𝐔𝐌𝐈È𝐑𝐄 𝐃𝐄 𝐅𝐄𝐔❞ || 𝑲𝒆𝒊𝒔𝒖𝒌𝒆 𝑩𝒂𝒋𝒊 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant