Les préparatifs

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Deux semaines s'écoulèrent depuis la transformation de leur père. Adèle avait repris sa joie de vivre et son entrain habituel. Ses amis Ferdinand et Louis l'avaient aidée à surmonter cette épreuve. Ambre travaillait dorénavant en service continu jusqu'à vingt heures afin de gagner suffisamment d'argent pour pouvoir se nourrir et payer les taxes. Heureusement, elle n'avait plus à préparer le dîner et repartait chaque soir avec un repas empaqueté par son patron. Comme promis, elle tentait de ne plus fumer. Cela faisait une semaine qu'elle avait fini sa dernière cigarette.

Alors qu'elle essuyait les tables et mettait le couvert pour le service du soir, Beyrus vint vers elle et lui demanda :

— Dis-moi, ma grande ! Es-tu disponible samedi prochain ? J'ai un travail pour toi si jamais cela t'intéresse !

— De quoi s'agit-il ?

Beyrus la contempla en souriant :

— Sais-tu au moins quel jour nous serons ?

Elle haussa un sourcil et regarda son patron d'un air interrogateur.

— Nous serons le trente et un juillet, le jour de la fête nationale, voyons ! Presque tout le peuple sera présent ici pour célébrer cette journée ! Et je voudrais t'avoir à mes côtés pour un service... Enfin, ce n'est pas vraiment pour moi, mais plutôt pour la Bernadette.

Elle gloussa, la perte de son père avait tellement chamboulé son quotidien qu'elle n'avait plus la notion du temps.

— Excuse-moi ! J'avais presque oublié cette fête ! Pourtant c'est vrai qu'il y a des affiches partout en ville. Surtout que, si j'ai bien compris, cette année sera encore plus spectaculaire que les autres puisque nous célébrons les trois cents ans de la naissance d'Iriden et que Varden ne doit plus être loin des deux cents.

— C'est exact ! Et il y aura beaucoup plus de monde et de festivités qu'à l'accoutumée. La journée s'annonce chargée. Ils organisent des marchés sur les places. Il y aura plusieurs groupes de musiciens et d'artistes ainsi que pas mal de buvettes et de stands. Pour finir, ils annoncent un grand bal au manoir du maire. Pour la noblesse, bien évidemment, mais je sais que certains noréens et aranéens de basse classe seront conviés pour l'occasion !

— Tu parles sérieusement ?

— On ne peut plus sérieux ! Même si tout cela est, bien entendu, politique.

L'homme croisa ses bras et lui adressa un sourire.

— Mais bon, on ne sait jamais, ajouta-t-il avec un clin d'œil, ton Anselme pourra certainement te faire entrer.

Ambre pouffa et posa une main sur le bras de son patron.

— Ne dis pas n'importe quoi ! Anselme est juste un ami et je pense qu'il a d'autres choses à faire que de m'inviter à un bal, d'autant qu'il n'aime pas les mondanités ! Et puis, je ne suis pas vraiment intéressée pour aller faire un tour chez cet abominable personnage. En plus, passer une soirée en compagnie d'aranéens issus de la noblesse ne m'enchante pas du tout ! Je n'ai pas envie de passer mon temps à être reluquée telle une bête de foire. J'ai déjà assez donné ces derniers temps à ce niveau-là !

Elle lui lâcha le bras et continua son affaire.

— D'ailleurs, quel service voudrais-tu me confier ?

— Bernadette tiendra un stand à Iriden. Elle aurait besoin d'aide pour vendre ses pâtisseries et ses boissons. Pour ma part, je tiendrai la taverne et je pense faire un bon chiffre d'affaires, surtout si le soleil se pointe.

Elle l'écouta attentivement tout en mettant les derniers couverts sur les tables.

— Ma foi, je ne vois pas d'inconvénient à cela, finit-elle par répondre, Adèle pourra s'occuper toute seule sans problème. Je pense que Ferdinand aussi sera présent. En espérant qu'ils ne fassent pas les pitres car je ne voudrais pas subir une humiliation publique, surtout à Iriden !

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