Trois semaines venaient de s'écouler. Ambre ne comptait plus ses heures et travaillait d'arrache-pied afin de gagner suffisamment d'argent pour se nourrir et payer les factures. Cela en devenait une obsession, les économies réalisées par leur père s'épuisaient bien plus vite que prévu.
Elle se sentait prise à la gorge et il n'était pas rare qu'elle laisse une partie de sa pitance à Adèle car la petite grandissait et mangeait avec appétit.
À contrecœur, l'aînée se résolut à inspecter sa maison de fond en comble afin d'espérer trouver des objets de valeur. Elle revendit donc une quantité non négligeable de vêtements ayant appartenu à sa mère ainsi que le costume d'officier et les rares bijoux que Georges possédait encore. Elle se délesta également d'un écusson en forme de cerf, fait d'or pur. Ce dernier fut vendu pour une coquette somme à un vendeur plus que ravi de la débarrasser de cet insigne.
En revanche, elle ne put se résoudre à vendre son médaillon qu'elle gardait précieusement dans sa table de chevet. À son grand désarroi, elle n'avait pu remettre la main sur celui de sa mère, qu'elle aurait vendu sans l'ombre d'une hésitation.
En fouillant dans l'ancienne chambre de ses parents, elle tomba sur une boîte et trouva un paquet de lettres manuscrites ; des déclarations enflammées datant d'avant sa naissance mais aussi des échanges plus formels entre son géniteur et ce qui semblait être ses collègues. Ces derniers étaient plutôt nombreux au vu des lettrines variées, des signatures et des sceaux. Elles étaient écrites dans un langage codé, indéchiffrable.
Une photo en couleur datée d'il y a plus de vingt ans était également présente. Les yeux larmoyants, Ambre esquissa un sourire en revoyant ses parents encore si jeunes, la mine rayonnante. Hélène était une grande femme aux yeux de givre dont la chevelure dorée encadrait un visage aux traits fins et harmonieux. Une robe aranéenne chamarrée de broderies épousait sa taille longiligne, mettant en valeur sa peau laiteuse.
George, quant à lui, portait son costume d'officier. À cette époque, sa carrure était étoffée et son apparence soignée, bien loin de l'aspect maladif qu'elle lui avait toujours connu.
Papa et elle formaient vraiment un beau couple. Je ne me souvenais pas que maman était si belle. C'est étrange que ni Adèle ni moi ne lui ressemblions.
***
Un soir, alors qu'Ambre regagnait son logis, elle fut interpellée par une voix. Elle se retourna et aperçut Meredith hissée sur un palefroi à la robe blanche et aux crins clairs.
— Bonsoir Ambre ! la salua-t-elle avec un sourire.
L'intéressée la contempla avec incrédulité, ne s'attendant pas à la croiser en chemin. La duchesse arriva à sa hauteur. Celle-ci portait une tenue des plus particulières avec ce pantalon noir montant jusqu'en haut de la taille et ce chemisier bouffant à motifs floraux très colorés.
— Bonsoir mademoiselle Meredith.
— Je t'en prie, appelle-moi simplement Meredith ! Pas de manières entre nous s'il te plaît.
— Soit... Meredith. Que viens-tu faire ici ? Je ne crois pas t'avoir déjà croisée sur ce chemin.
Elle gloussa et la regarda de ses yeux rieurs.
— C'est bien normal mon petit chat, je suis venue exprès pour te voir. Je t'ai suivie au loin depuis Varden. Mais je n'ai pas osé te héler si près de la ville.
— Comment savais-tu que je serais en chemin ?
— Rien de plus simple, il m'a suffi de suivre Anselme quelque temps. J'ai remarqué qu'il venait souvent te voir à la taverne le soir après vingt heures. Je me suis doutée que tu finissais le travail à cette heure-ci.
VOUS LISEZ
Norden Anthologie
Mystery / ThrillerIl est sur Norden des êtres capables de se transformer en animal une fois adultes, les noréens. Ces derniers cohabitent depuis 300 ans avec les aranéens, un peuple civilisé aux fondements sociétaux et principes moraux opposés. Dans ce contexte, Ambr...