Le bilan

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L'aurore venait de naître lorsqu'Ambre se réveilla. Elle s'étira de tout son long, enfila une veste par-dessus sa robe de chambre et regagna le salon. Dans le foyer, le feu avait presque consumé tout le bois, la chaleur ambiante rendait la pièce moins humide qu'à l'accoutumée. Anselme n'était plus sur la banquette, seule demeurait la couverture soigneusement pliée. La jeune femme s'avança en direction de la cuisine où émanait du bruit.

En pénétrant dans la pièce, elle découvrit le jeune homme assis à table, une tasse de thé entre les mains. À ses côtés, Adèle préparait des tartines. La petite était souriante et parlait à Anselme qui l'écoutait en silence. Il avait meilleure mine que la veille malgré le coquart présent sur sa tempe qui avait gagné en intensité.

Lorsqu'il aperçut la jeune femme, il voulut se lever mais ce fut chose vaine. Car, à peine se redressa-t-il, qu'une douleur vive le foudroya à la jambe et il se laissa retomber sur sa chaise. Ambre étouffa un rire gêné.

— Bonjour Ambre ! s'écria Adèle. J'ai préparé le petit déjeuner ce matin, tu veux une tartine toi aussi ?

Avant qu'elle ne puisse répondre, la petite lui tendit le morceau de pain sur lequel elle avait étalé une couche de confiture de rhubarbe. Son aînée la remercia.

— Tu vas mieux ? demanda-t-elle à son ami.

— Un peu mieux. Ma tête et mon genou me lancent, mais la douleur est supportable. Sauf pour mon poignet, je crains qu'il mette un certain temps à guérir. Je ne pense pas qu'il soit cassé cela dit, j'arrive à le bouger péniblement.

Adèle revint vers sa grande sœur, une tasse de thé entre les mains qu'elle déposa devant elle.

— Merci bien ma Mouette, dit-elle en croquant dans sa tartine, tu as réussi à t'endormir ?

La petite fit oui de la tête, même si Ambre devinait que cela n'avait pas dû être le cas au vu des cernes qui bordaient ses yeux.

— Puis-je aller sur la plage s'il te plaît ? Maman doit certainement m'attendre !

— Va ma petite Mouette ! Mais fais attention à toi d'accord ? Je ne veux pas que tu t'éloignes trop du chemin.

La fillette partit dans sa chambre puis revint presque aussitôt, vêtue de son ciré ainsi que de ses bottes. Elle donna un baiser sur la joue de sa sœur et salua Anselme avant de sortir. Les deux amis se retrouvèrent seuls. Un long silence pesait sur les lieux qu'un le soleil matinal éclairait de sa pâle lueur.

— Il fait vraiment beau aujourd'hui ! constata-t-elle, son regard porté en direction de la fenêtre.

Il acquiesça tout en buvant une gorgée. Alors qu'il était pris d'une intense quinte de toux, portant une main à sa bouche pour étouffer le bruit, elle contempla tristement son état, le cœur serré en voyant son visage tuméfié.

— Comment est-ce arrivé ?

Il eut un rictus et resta silencieux un instant.

— Te souviens-tu du trio qui t'avait agressée à Iriden ?

Elle fut parcourue d'un frisson.

— Tu... tu veux dire que ce sont eux qui t'ont fait ça ?

— Oui, ils m'ont suivi alors que je me rendais chez toi. Je voulais te faire une surprise. Je vous ai acheté une tablette de chocolat et un peu de café. J'ai eu la chance de pouvoir m'en procurer. Le paquetage est toujours dans la sacoche de Balthazar. Le pauvre a dû passer la nuit entière dehors avec son mors entre les dents. Adèle s'est gentiment proposé d'aller le lui ôter et de le placer à l'écurie avec votre poney. Mais je doute qu'elle ait réussi à lui enlever sa selle. Ce gros canasson doit faire au moins le triple de sa taille !

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