Intimes rapprochements

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— Allez, viens, n'aie pas peur !

— Ah ! mais l'eau est gelée ! s'indigna Erevan.

Les poils au garde-à-vous et les membres raidis, la jeune femme demeurait figée sur l'échelle, incapable de décrocher ses mains des barreaux pour descendre davantage. Jörmungand, quant à lui, était totalement immergé, se délectant de cette eau froide au toucher vivifiant.

— Lâche cette barre et laisse-toi aller ! Tu vas voir une fois que tu y es c'est très agréable.

Écoutant son conseil, elle s'exécuta et plongea dans un cri de détresse. Elle remonta aussitôt la tête hors de l'eau et agita ses membres pour se maintenir à la surface.

— Brave fille ! rit le serpent, amusé par son tourment.

— Ah j'ai froid ! j'ai froid ! Se baigner en plein hiver ! Si je meurs d'une pneumonie, je te jure que je te le ferai payer.

— Contente-toi de ne pas te noyer c'est déjà ça.

Sa remarque la fit pouffer et elle lui envoya une pichenette pour l'éclabousser.

— Maudit Serpent ! marmonna-t-elle avant de plonger sa tête pour se mouiller intégralement les cheveux et le visage sur lesquelles les gouttes perlaient en abondance, ruisselant en cascade.

Elle battit des pieds et des mains pour effectuer quelques brassées, laissant son corps souple et agile s'acclimater à la température. Tout comme son sauveur, elle était nue, pas l'ombre d'un tissu ne venait couvrir cette peau caramel tranchée par de rares taches blanches et noires. Quand elle fut suffisamment accommodée, elle s'avança vers lui. D'un geste lent, il passa ses bras au niveau de sa taille et la maintint fermement. Le contact de ce corps chaud contre le sien la fit frissonner.

— Bon, tu te souviens de ce que je t'ai dit ?

— Prendre une grande inspiration, je compte une minute trente jusqu'à la cavité, là je reprends mon souffle et après on descend davantage jusqu'au navire situé sept mètres sous l'eau. C'est ça ?

— Et si tu te sens mal ?

— Je te pince le bras.

— Très bien ! Comme je t'ai dit tu n'as pas à paniquer, il n'y a aucun requin dans les parages à l'heure actuelle. Les seuls gros animaux que tu rencontreras seront des tortues et des raies.

Elle opina du chef puis, après un soupir pour se détendre, prit une grande inspiration. Sous les flots, elle se laissa guider par son sauveur dont le corps ondoyait avec aisance dans cette mer sombre au premier abord. Son cœur battait fort, elle appréhendait cette situation ; jamais elle n'était restée aussi longtemps sous l'eau ni n'était descendue aussi profondément. Jörmungand caressait son ventre du pouce pour la forcer à garder son calme et lui signifier que tout se passait bien.

Ils s'enfoncèrent vers les amas rocheux aux parois couvertes d'algues et de crustacés et pénétrèrent dans une grotte sous-marine. Là, ils remontèrent quelque peu et respirèrent à plein poumon cette bulle d'air nichée sous la falaise où un faible trou perçait la roche pour l'éclairer d'un minuscule halo doré.

— Prête à partir pour l'exploration ? demanda-t-il en posant ses mains sur les joues de sa protégée. L'épave est juste sous nos pieds. Je ne te ferai pas visiter l'intérieur car c'est trop sombre pour tes yeux et tu n'y verras rien, en revanche on va faire un tour du vaisseau. Si quelque chose attire ton regard tu me le signifies.

Elle acquiesça et se remit en position. Accrochée à lui comme une moule à son rocher, elle tentait de faire fit de la masse de son bas ventre qui venait se frotter innocemment contre son bassin. À son signal, elle prit une profonde inspiration et ils plongèrent à nouveau.

Norden AnthologieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant