Emmitouflé dans un pull en laine épaisse qui lui remontait jusqu'au cou, Alexander était en train d'écrire lorsque Désirée entra. La domestique tenait entre ses mains un plateau en argent sur lequel une tasse de thé fumante était disposée et dont les vapeurs s'étendaient dans l'atmosphère, exhalant un enivrant parfum de mûre. Après l'avoir posé sur le bureau, elle lui caressa l'épaule, rapprocha sa tête de la sienne, allant jusqu'à sentir son souffle tiède, et regarda ce qu'il écrivait avec un vif intérêt. L'écriture du maître était belle et lisible, à l'instar des gens instruits.
La pénombre noyait l'espace, seulement éclairé par le halo diaphane de la flammèche d'un chandelier. Aucun bruit n'était perceptible hormis le tintement de l'horloge et les grattements de la pointe de la plume contre le papier vélin.
Dehors, la neige tombait en abondance, auréolant l'ensemble du domaine maculé de blanc d'une clarté grisâtre. Les flocons s'amoncelaient sur les branches nues aux couleurs ternies et venaient se déposer sur le rebord de la vitre. L'air froid envahissait la pièce humide dépourvue de chauffage, la seule source de chaleur émanant de la bassinoire placée sous les couches de draps et couvertures.
— Tu n'as rien de mieux à faire, fouineuse ? fit-il, mesquin, en la dévisageant du coin de l'œil.
Elle pouffa puis lui chuchota à l'oreille.
— Je viens de finir mon service, cher monsieur. Tu n'as pas dit grand-chose de la soirée alors j'avais peur que ton père t'ait molesté. Je voulais aussi savoir si tu n'avais besoin de rien. Il fait encore plus froid dans ta chambre que dans la mienne. Tu devrais dormir dans le salon où tu aurais bien plus chaud avec la cheminée.
— Je vais bien, ne t'en fais pas, la rassura-t-il en posant son porte-plume. Et je suis bien plus tranquille ici plutôt qu'en bas. Je n'aime pas entendre les rats couiner.
Il se leva, se dressa devant elle et l'embrassa langoureusement. Désirée épousa son mouvement et vint se pelotonner contre lui, avide de caresses et de chaleur corporelle. Elle grelottait et claquait des dents.
— Toi en revanche tu m'as manqué, ajouta-t-il en effectuant d'énergiques va-et-vient le long de son dos. Ma parole, tu es glacée ma friponne ! Ta robe est trempée !
— Je reviens des jardins, j'ai été cherché du bois supplémentaire. Mon pied a buté contre une racine, je suis tombée à plat ventre sur la neige. Si tu te dépêches tu pourras voir mes empreintes et l'endroit où j'ai fait mon vol plané.
Les paumes désormais tièdes, il fit pianoter ses doigts sur sa taille. Il retroussa sa robe noire et y engouffra ses mains afin de palper tendrement cette chair ferme et duveteuse.
À ce geste devenu coutumier depuis des mois, il sentit le désir poindre en lui. Désirée émit un pouffement et faufila ses paumes gelées sous son pull, lui arrachant un gémissement aigu dépourvu de dignité. Il frissonna et la fit basculer sur le lit. Il ôta hâtivement son pull, dévoilant un torse tacheté de bleus, couturé de cicatrices et estampillé d'une morsure. Ses souliers retirés, il se plaça au-dessus d'elle, la dominant de toute sa masse.
— Tu crois que c'est raisonnable ? demanda-t-elle, les yeux rieurs en caressant ses cuisses qui la prenaient en tenaille. Je t'ai croisé tout à l'heure alors que je faisais les courses avec maman et j'ai vu que tu étais une nouvelle fois en très belle compagnie.
— Ma petite servante aranoréenne serait-elle jalouse de la merveilleuse marquise Laurianne von Dorff ? la nargua-il.
— Pas du tout ! objecta-t-elle en faisant mine d'être offusquée. Je sais très bien à quoi je dois m'en tenir avec toi.
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Norden Anthologie
Mystery / ThrillerIl est sur Norden des êtres capables de se transformer en animal une fois adultes, les noréens. Ces derniers cohabitent depuis 300 ans avec les aranéens, un peuple civilisé aux fondements sociétaux et principes moraux opposés. Dans ce contexte, Ambr...