Retour à Varden

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Il faisait à peine jour lorsque Faùn se réveilla. À ses côtés, ses trois compagnons et la fillette dormaient encore, emmitouflés dans leurs fourrures. L'air intérieur était froid et humide, le feu avait presque entièrement consumé tout le bois, seul restait un tas de cendres duquel s'échappait un mince filet de fumée. L'homme bâilla à s'en décrocher la mâchoire et se leva. Il s'enveloppa de sa toge écrue et enfila ses bottes qu'il remonta au-dessus de son pantalon.

Paré, il sortit rendre visite à la petite sauvageonne. Les premiers rayons de l'aurore caressaient la paisible cité où de rares oiseaux gazouillaient. Le Shaman inspira et s'étira, appréciant ce moment de sérénité, puis se dirigea dans la maison annexe. Alors qu'il s'avançait, quelque chose le troublait, le lieu semblait trop calme.

Mesali se serait-elle enfin endormie ? songea-t-il, sceptique.

À peine fit-il un pas dans la maison, qu'il vit avec effroi que la porte de la cage était béante et la captive absente. Ébaubi, il tourna les talons et alla avertir ses camarades.

— Mesali est partie ! s'écria-t-il.

— Quoi ? maugréa Sonjà qui se redressa en hâte.

— Mesali n'est plus là ! La porte de sa cage est ouverte !

— Mais comment est-ce possible ? ronchonna la guerrière en enfilant ses habits.

— Je n'en sais rien !

— Sahr ! comment ça t'en sais rien ? Comment se fait-il qu'elle ait pu ouvrir c'te cage !

Elle balaya la pièce d'un œil mauvais. À présent, tout le monde était réveillé et se préparait à poursuivre leur route.

— Et comment ça s'fait qu'avec trois Sensitifs aucun de vous n'a pu déceler son agitation !

Adèle fit la moue et mira la guerrière avec un soupçon d'appréhension. Pour la réconforter, Anselme s'envola et vint se poser dans ses bras.

— C'est ma faute, marmonna-t-elle, c'est moi qui l'ai libérée, cheffe Sonjà.

— Quoi ? lâchèrent en cœur les deux Svingars.

Adèle fit la moue et porta sur eux un regard plaintif.

— J'ai été la voir cette nuit. Elle était tout agitée et criait « Aider, aider, libérer, aider ».

— Mais Mesali ne parle pas le pandaranéen ! Elle le baragouine tout au plus !

La cheffe grogna, le teint rougi sous le coup de la colère. Sa poitrine se gonflait avec énergie.

— Elle a parlé ! soutint la petite albinos.

— C'est impossible !

Pour l'intimider, Sonjà se pencha vers elle et souffla son haleine au visage comme un taureau en pleine charge.

— Si tu oses me mentir crois-moi gamine que tu vas regretter sévèrement d'être venue avec nous !

— Je vous jure que c'est vrai !

— Pourquoi l'as-tu libérée ! s'énerva Faùn. Tu savais très bien qu'elle ne voulait pas rester dans cette cage ! Te rends-tu compte des difficultés que je vais avoir pour la récupérer ? Elle n'est pas sur son territoire ! Les gens pourraient l'abattre sans aucune pitié.

— Mais je l'ai pas libéré parce qu'elle le voulait ! Elle voulait aller aider quelqu'un, quelqu'un qui est en danger et qu'elle veut protéger !

— Sahr ! c'est nouveau ça ! mugit la guerrière en levant les bras au ciel. Depuis quand la sauvageonne est prise d'une conscience morale !

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