Préparatifs et confidences

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Un cabriolet estampillé des armoiries du Baron venait de s'arrêter devant la Taverne de l'Ours. Pieter descendit et passa la porte de l'établissement. Il salua l'assemblée et patienta auprès du patron que la jeune femme soit parée. Cette dernière sortit de l'arrière-cuisine, son paquet sous le bras, et s'en alla à la suite du cocher.

Une fois garé devant les escaliers du domaine, l'homme guida son hôtesse jusqu'à la demeure puis la laissa en compagnie d'Émilie qui la conduisit à l'étage. La domestique était une femme à l'apparence juvénile, aux formes généreuses et dont le visage trahissait une espièglerie naturelle. Fidèle à sa profession, elle avait ses cheveux châtains attachés en chignon et portait un habit de travail standardisé. Un collier représentant un lapin pendait à sa nuque, bien mis en évidence sur son tablier.

— Monsieur le Baron et Anselme sont-ils présents ?

— Non mademoiselle, dit-elle d'une voix douce, ils sont encore au travail. Ils ne rentreront pas avant une heure.

Ambre fit la moue. Elle avait la sensation d'être comme une étrangère en ces lieux et le fait d'être présente ici sans ses hôtes la gênait.

— Ne vous inquiétez pas, mademoiselle, vous êtes la bienvenue dans cette demeure, soyez-en assurée. C'est moi qui vais m'occuper de vous en l'absence de ces messieurs.

Elles prirent la première porte à gauche et pénétrèrent dans une pièce faisant office de chambre d'amis.

— Mademoiselle, commença Émilie, voudriez-vous que je vous aide à faire votre toilette ? La salle de bain est ici.

Elle partit en direction de la porte arrière et l'ouvrit. La chambre débouchait sur une petite salle au sol carrelé et où une baignoire en cuivre trônait au centre. Ambre écarquilla les yeux à la vue de cet objet aussi rare que luxueux et fit parcourir ses doigts le long du rebord froid et lisse.

Face à sa stupéfaction, Émilie gloussa.

— Mademoiselle, désirez-vous que je m'occupe de vous ? Je remarque, sans vouloir être malpolie, que vos cheveux sont sales. Ils mériteraient d'être lavés. Je peux également vous faire couler un bain si vous le souhaitez !

Ambre ne sut que répondre et acquiesça avec joie. Sur ce, Émilie mit le bain à couler, posa une serviette sur le radiateur et plia le linge qu'elle posa sur le lit tandis que son hôtesse se déshabillait. Dès que l'eau fut assez haute, la jeune femme s'engouffra dans la baignoire parfumée de sels odorants. La sensation du liquide chaud contre sa peau était exquise, elle soupirait d'aise, grisée par cette ivresse. La domestique se mit derrière son invitée et commença à lui laver les cheveux.

Lorsqu'elle fut propre, Ambre s'extirpa de la baignoire et prit la serviette qu'Émilie venait de lui tendre. Là encore, elle fut ravie par la douceur du tissu molletonné contre sa peau, elle qui ne disposait que de vieilles étoffes humides et rêches. Elle fut alors déconcertée par le contraste saisissant entre son mode de vie et celui de son ami et se sentit misérable ; elle était une paysanne et lui un noble.

Tentant de faire fi de cette amère révélation, elle vêtit ses sous-vêtements et enfila sa robe qui lui saillait à merveille. Quand la dernière agrafe fut scellée, la jeune femme se posta devant le miroir et s'admira. Elle soupira lorsqu'elle s'aperçut qu'elle avait encore maigri. Ses jambes étaient devenues trop fines à son goût et elle n'aimait pas voir les os de sa cage thoracique commencer à émerger. Sa poitrine et ses hanches qui quelques mois plus tôt étaient encore galbées avaient perdu en volume.

— La robe vous va fort bien, mademoiselle ! assura la domestique. Je vais à présent m'occuper de votre coiffure. Préférez-vous des tresses ou un chignon ? Je peux aussi égayer votre coiffe avec des plumes ou un ruban.

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