L'offrande du corps

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Il faisait nuit lorsque la jeune femme pénétra dans le hall après s'être attardée deux heures dans les jardins afin de prendre l'air et de réfléchir aux propos énigmatiques de la duchesse. Elle rejoignit sa chambre, une chandelle à la main dont la faible flamme crépitait. Une fois dans la pièce, elle se dévêtit et s'habilla confortablement d'une chemise de nuit légère en lin blanc. Elle était en train de tresser ses cheveux en une longue natte lorsqu'elle aperçut un petit écrin blanc enveloppé d'un ruban doré, posé sur sa table de chevet avec pour mention écrite :

Mademoiselle Ambre,

Je ne suis malheureusement pas parvenu à retrouver votre précieux médaillon. Cependant, remerciez votre sœur d'avoir eu la finesse d'esprit de garder une trace de votre bijou en l'ayant représenté lorsqu'il le fallait.

Amicalement, Votre hôte

Intriguée, elle l'ouvrit et remarqua qu'il s'agissait d'un médaillon. Elle le prit délicatement entre ses mains et l'examina avec soin. À sa grande stupéfaction, elle reconnut une broche médaillon pratiquement identique à la sienne, bien que de plus noble facture. Le bijou mesurait deux centimètres de diamètre et semblait fait d'or pur, de teinte cuivrée. Il était légèrement bombé et cerclé d'un anneau uni. Le chat viverrin y était représenté, un peu plus finement ciselé et détaillé que jadis. L'animal se tenait de profil, la gueule ouverte et les oreilles en arrière, une patte avant tendue et la queue panachée fièrement dressée.

Ambre frissonna et ne put réprimer un sanglot. Avec lenteur, elle s'installa sur son lit, le bijou fermement tenu entre ses mains. Elle fit rouler l'objet entre ses doigts et l'admira sous toutes les coutures avec fascination. Elle ne pouvait refuser un tel cadeau, cette attention bienveillante de la part de son hôte, cela lui était impossible. C'était, et de loin, la plus belle chose qui puisse lui être offerte.

Bien qu'encore fébrile de ses émotions, elle se releva et, sans conscience réelle de sa tenue vestimentaire, descendit les marches. Elle avança à pas de velours, ses pieds nus effleurant le sol carrelé et froid du rez-de-chaussée. Après une brève hésitation, elle toqua à la porte du salon. Elle patienta un instant dans la pénombre puis, au bout d'un temps sans réponse, remonta, le médaillon plaqué contre sa poitrine, jalousement gardé dans le creux de sa paume.

Arrivée en haut des escaliers, elle vit sa silhouette se dessiner dans le hall, plongée sous la pâle clarté d'un halo de lune. Il était assis sur un fauteuil à côté d'une fenêtre entrouverte de laquelle s'échappait un mince filet d'air frais et contemplait sereinement le paysage, ses cheveux lisses et lâchés descendant sur ses épaules. Il caressait tendrement la tête de Désirée qui se tenait à ses pieds. La chienne gardait la tête posée sur ses cuisses et le regardait amoureusement de ses grands yeux humides. Ne voulant pas le déranger, Ambre marcha d'un pas discret, tentant de regagner sa chambre sans un bruit. Mais à peine eut-elle ouvert sa porte qu'elle entendit sa voix.

— Le médaillon vous plaît-il ?

Elle se retourna et l'aperçut debout juste à côté d'elle, la dominant de toute sa hauteur. Il paraissait détendu, le regard doux, semblable à celui de l'autre soir dans la roseraie. En le voyant ainsi, elle le trouvait totalement différent d'ordinaire. Pour toute réponse, elle opina. Il afficha un sourire satisfait puis tourna la tête en direction de sa chienne qui venait de presser sa truffe contre la main de son maître. Elle le lécha et descendit rejoindre sa niche, ses longues pattes griffues tintant sur le parquet. Il la regarda s'éloigner, une pointe de tristesse dans le regard, puis plongea ses yeux sombres dans ceux de la jeune femme.

— Seriez-vous partante pour une session de danse demain soir ? demanda-t-il calmement. Je souhaiterais évaluer votre niveau et reprendre avec vous les bases et corriger éventuellement vos pas. Je travaille jusqu'à dix-huit heures, avec le dîner, cela me ferait rendre disponible pour vingt heures. Cela vous conviendrait-il ?

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