Et si cette nuit-là..Tome 2

Chapitre 84

Darcy

La musique résonnant dans ma chambre à plein volume, je laissais la mine de mon crayon glisser sur le papier avec une rapidité étonnante. Je ne réfléchissais plus, je laissais mon coeur me guider. J'avais ressenti le besoin de dessiner, de couler sur papier les émotions néfastes qui polluaient mon être depuis plusieurs mois. C'était un besoin inexplicable. Et ma famille savait que dans ces moments j'avais besoin de solitude.

Ce fut plusieurs minutes plus tard que je commençai à sortir de ma bulle. Aussitôt, la douleur au bas de mon dos me rappela que ma position n'était peut-être pas la plus adaptée pour rester aussi longtemps immobile. Les oreilles bourdonnantes, je me levai du sol et marchai vers ma chaîne Hi-Fi pour couper le son. J'entendis aussitôt le cri de mon frère:

-Alléluia!

Un petit sourire se posa sur mes lèvres et je partis m'affaler sur mon lit, posant mon calepin à dessin plus loin. Le regard rivé au plafond, je laissai les pensées m'envahir petit à petit, me plongeant dans un univers rempli d'incertitudes et doutes.

Cela faisait un bout de temps maintenant depuis que Tony avait laissé un message dans la chambre de Sofia. L'inspecteur Lopez se battait pour obtenir la demande d'injonction,mais cela traînait. Supposément qu'il n'y avait pas assez de preuves directes...Cela m'enrageais.Non seulement ils avaient laissé sortir des violeurs impitoyables,mais en plus, ils n'étaient même pas foutu de réagir quand ces derniers brisaient les clauses de leur liberté sous conditions.

Quel genre de justice était-ce?

Je redoutais chaque jour une nouvelle apparition de Tony ou même d'Isaac ou Jonas. Je regardais derrière moi si on ne me suivais pas, vérifiais toujours deux fois si ma porte était barrée de même que mes fenêtres...Cela était dur à vivre...Mais pour l'instant il n'y avait rien d'autre à faire qu'attendre.Attendre qu'il ne fasse une gaffe pour qu'on l'attrape enfin.

Mes parents semblaient avoir décidé de faire comme si de rien était. Ma mère, surtout, évitait toute mention de l'homme qui avait pourri nos vies. Elle avait même nettoyé à fond la chambre de Sofia une nouvelle fois avant de lui installer un nouveau lit dans celle-ci. Alors depuis, ma sœur était revenue dans sa chambre. Là où avait eu lieu un acte ignoble. Malgré mon indignement, ma petite sœur ne semblait pas sans soucier le moins du monde, elle. Comme si elle n'était déjà plus affecté par les murs recouverts d'insultes et le chat sauvagement égorgé sur son lit qu'elle avait découverts.

-Toc, Toc, je peux entrer?, ma mère passa la tête à travers l'entrebaillement de ma porte.

-Bien sûr.

-Tu rumines ma fille, elle commenta en venant s'asseoir à mes côtés. Qu'est-ce qui te chiffonne?

Je lui jetai un regard en coin, voyant son visage délicat assombris par un petit froncement de sourcils. Je ne voulais plus l'embêter avec ça, elle semblait si sereine depuis l'annonce de sa grossesse multiple, si heureuse...Je ne pouvais pas lui reparler de Tony et de mes inquiétudes. Visiblement, elle avait choisi de tirer un trait sur ce dernier.

-Oh ce n'est rien, je lui souris finalement. Tu sais comment je suis, j'avais simplement envie de dessiner.

Elle passa une main dans mes cheveux, l'air dubitative de ma réponse. Je lui fis un sourire pour être plus convaincante et elle hocha finalement la tête.

-D'accord...Oliver vient ce soir?

-Oui, je souris. On va aller se promener un peu au parc du centre-ville. Ça va nous faire du bien de se bouger.