Lorsque Dancionnos, le traître, mourut, le sort qu'il avait prononcé afin de faire revenir à une parodie de vie servile, les malheureux habitants de la Cité du dessous, s'effondra et la magie ténébreuse se dissipa instantanément, libérant les corps qui redevinrent inertes.
Partout en ville, les vectitöden s'écroulèrent au sol, sans prononcer un seul mot, sans un seul son, si ce n'est celui de la chair flasque et morte heurtant les pavés du sol.
Cette nuit infernale était finie.
Dans le donjon, le roi se précipita sur son fils, pleurant toutes les larmes de son corps. Son chagrin était tel, qu'il n'en n'avait cure de la présence d'autres personnes dans la pièce, pouvant voir la profonde tristesse qui s'était emparée de lui.
Il serra le corps de son fils contre sa poitrine. Ses larmes, telles de petites perles claires, venaient couler le long de ses joues, avant d'aller s'écraser sur le petit front de l'enfant. Le roi, ne cessait de caresser les cheveux blonds de son fils.
Observant ce triste tableau, Lohrâ sentit également monter les larmes à ses yeux. Ne sachant pas exactement pourquoi elle pleurait, mais l'envie l'avait prise d'un coup et elle ne pouvait s'en empêcher.
La jeune fille partit se réfugier dans un coin de la pièce. Légèrement à l'écart des autres, afin d'être plus tranquille. Son regard était rivé sur le corps du petit garçon. Elle détourna, difficilement, les yeux du petit corps sans vie, pour observer les autres personnes présentes dans la pièce.
Le garde encore en vie, qui s'était battu âprement aux côté du chevalier et du sergent, se laissa tomber ,brutalement, au sol, le visage enfouit dans ses mains. L'épuisement après une bataille, le fait d'avoir vu la mort ramper vers soi et qu'elle vous ait touché du bout de ses doigts nécrosés, tout cela avaient saper ses dernières forces au pauvre homme. Il ne devait n'avoir jamais affronté pareils horreurs dans sa vie.
Vellocastus s'approcha de Cador, sérieux. Il lui fit un signe de la tête en direction du roi des Petits Rats, et tous deux s'avancèrent vers ce-dernier. Cador, arrivé à la hauteur du pauvre homme venant de perdre son fils, lui posa la main sur l'épaule, dans un geste de soutient et lui insuffla un peu de magie pour apaiser son chagrin.
" Je suis désolé. Dit, tout bas, Cador."
Le roi ne lui répondit pas. Il se contenta de lever la tête vers eux. Ils virent un homme dont le cœur venait d'être réduit à néant, car son fils, son unique fils, venait d'être assassiné sous ses yeux, sans qu'il n'ait rien pu faire pour l'en empêcher.
Il n'avait pas vu la trahison dans ses rangs. Il n'avait pas vu Dancionnos, maudit soit-il, préparer son coup et réduire à néant tout ce qu'il avait mis des années à construire. Puisqu'avant son règne, la Cité du dessous était un véritable coupe-gorges, où les rebuts de la société impériale venaient se perdre. Proxénétisme, racket et autres horreurs humaines étaient monnaie courante. Le roi changea tout cela, lorsqu'il s'attaqua aux barons du crime et les élimina, les uns après les autres. Il s'était cru à l'abris, depuis. Il avait sous-estimé certains des éléments de son gouvernement.
C'était donc de sa faute. Entièrement de sa faute, si son fils était mort.
Une quinte de toux vint le sortir de ses sombres pensées, ainsi que les secousses que fit le petit Adiscius, car il était vivant.
Vivant !
Un sourire, aussi énorme que radieux s'empara du roi qui étreignit alors, encore plus fort son fils, l'inondant de larmes de joie. C'était un miracle. Les Dieux avaient été bons, honorés soient-ils !
Cador et Vellocastus laissèrent le roi et son fils ensemble et sortirent de la pièce. Le chevalier prit Lohrâ dans ses bras au passage, tandis que Vellocastus aida le garde à se relever. ce-dernier quitta le donjon, sans dire un mot, certainement à la recherche de sa famille. Quant à Cador, Vellocastus et Lohrâ, ils s'invitèrent dans une des chambres encore indemnes du donjon. Le chevalier allongea la jeune Lohrâ sur le lit. Celle-ci, les yeux gonflés par les larmes lui demanda d'une petite voix :
" Adiscius ? Est-il vraiment vivant ?
- Oui, jeune Lohrâ. Il est vivant, répondit sombrement Cador.
- C'est un vrai miracle qu'les Dieux ont fais là !
- Nous verrons... Maintenant dors, jeune fille (le chevalier était très énigmatique).
- Pourquoi dites-vous ça ?
- Dors... Les réponses viendront plus tard."
Lohrâ maugréa en signe de protestation et chercha à résister à la fatigue qui s'emparait d'elle, mais elle s'endormit sans le vouloir, sombrant dans un profond sommeil dénué de tout rêve.
Cador et Vellocastus s'assirent chacun sur un siège, l'un à côté de l'autre. Veillant sur le sommeil de la jeune fille, ils se mirent à discuter des évènements de la journée et de la trahison de Dancionnos.
" Cette sorcière n'est pas là depuis longtemps et pourtant elle parvient à exercer son influence néfaste plus rapidement que n'importe quelle peste, dit Vellocastus.
- Ce n'est pas n'importe quelle sorcière. Elle est parmi les plus puissants d'entre eux. L'Ordre la poursuit depuis plusieurs années. Je peux bien vous l'avouer sergent, mais deux chevaliers, leurs apprentis et trois compagnies de Forces Régulières sont morts en la combattant.
- Autant de morts ? Comment est-ce possible ?
- Allons sergent... Nous parlons d'une des plus puissantes nécromanciennes de notre âge. Elle est bien plus puissante que vous ne pouvez l'imaginer.
- Et nous ne sommes que trois, dont une petite fille, pour la combattre ? Seriez-vous totalement fou ou bien le roi des optimiste, chevalier ?
- Ni l'un, ni l'autre. Je suis simplement le mieux placé pour la combattre.
-Hum... Vous me semblez bien... présomptueux. Qu'est-ce qui vous faire dire cela ?
- Ne m'en veuillez pas sergent, mais je préfère garder ceci pour moi, mais faites moi confiance. Je vous promets que nous réussirons à arrêter cette sorcière.
- Pourquoi est-ce que je vous fais confiance comme ça, demanda tout haut le sergent, après un moment de silence ?
- Parce que j'ai un grand pouvoir de persuasion ?
- On va dire ça, oui..."
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L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ -Récit terminé -
ParanormalAprès leur défaite, sorciers et guerriers Déchus sont retournés panser leurs plaies dans leur lointain pays. Ruminant leur défaite. Préparant leur retour sanglant. Toutefois, certains d'entre eux sont restés au sein de l'Empire, préparant le terrain...