L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ -Récit terminé -

Chapitre 10, partie 3 : Fuyez ! Pour vos âmes !

            Dans ces cris, Lohrâ pouvait ressentir toute la rage et le désespoir de cette femme morte il y a peut être plusieurs siècles. Cela lui fit beaucoup de peine, mais la peur gardait toutefois le dessus sur les sentiments de la jeune fille.

Cador se releva prestement, n'attendant pas la prochaine attaque. Il cria à nouveau.

" Allons-y !"

Aussitôt, ils se remirent en route, toujours au pas de course. Mais Lohrâ, portée par de bien plus petites jambes que ses compagnons, se laissait doucement distancer. Vellocastus, sentant l'absence de la jeune fille, s'en aperçut et l'attrapa sous le bras, afin de la porter. Il n'éprouva aucune gêne, ni peine à la porter ainsi, comme si elle n'était pas plus lourde qu'un fétu de paille.

La jeune fille était bien en peine et se maudissait d'être un fardeau pour ses compagnons. Dans les plans de départ, c'était elle qui devait les guider à travers ces tunnels. Mais, ce n'était pas vraiment ainsi que c'étaient déroulés les évènements depuis leur rencontre avec le roi des Petits Rats.

Elle connaissait bien ces tunnels et instinctivement, elle chercha à savoir où est-ce qu'ils se situaient exactement.

De son goût, la jeune fille estimait, avec son courage d'enfant, que la peur l'avait bien trop étreinte ces dernières heures et qu'elle n'était donc d'aucune utilité pour leur groupe. Aussi, Lohrâ chassa ses sombres pensées et dans un effort colossal de volonté, elle fit appel à ses souvenirs afin de retrouver son chemin et à se remémorer les passages et galeries qu'elle avait déjà visité ces dernières années. Elle voulait être utile, elle aussi.

Cador hurla à nouveau de se jeter à terre, l'interrompant dans ses souvenirs.

Le sergent, se jetant au sol, protégea du mieux qu'il put la jeune fille de la chute. Mais elle se cogna le coude contre une pierre et elle ressentit une vive douleur.

A nouveau, le spectre sortit d'un mur, continuant à hurler sa haine et vola juste au-dessus d'eux, avant de disparaître dans le mur juste en face d'eux.

Le chevalier ordonna alors de se relever et de se remettre à courir.

Mais, alors qu'ils s'éloignaient, ni lui, ni Cherche-chemin ne remarquèrent tout de suite que le sergent Vellocastus, tenant toujours une Lohrâ sous son bras, ne s'était pas relevé avec eux.

Paniquée à la vue de ses compagnons s'éloignant à grandes enjambées, la petite fille ne put dire un mot, la lueur de leurs torches s'affaiblissant à chaque pas, avant de, finalement, disparaître.

Toujours coincée sous le sergent, Lohrâ dût se tordre le cou pour pouvoir voir le visage de ce-dernier. Elle grimaça lorsqu'elle vit la blessure que Vellocastus s'était faite à la tête en tombant : une grosse balafre était apparu sur son front et saignait légèrement., ce qui l'avait assommé, coinçant Lohrâ par la même occasion.

La jeune fille, plus agile qu'une anguille des rivières, parvint à se dégager de sous le bras du sergent et se mit sur ses genoux, reprenant son souffle. Lohrâ s'approcha du visage du sergent et se mit à le secouer, lui parlant aussi fort qu'elle l'osait, afin qu'il se réveille au plus vite. La jeune fille craignait que le spectre n'arrive soudainement, alors qu'ils n'étaient pas en état de courir pour lui échapper.

Un râle se fit entendre derrière la jeune fille.

Se relevant d'un bond, Lohrâ regarda derrière elle, une grosse perle de sueur froide lui dégoulinant le long de la colonne vertébrale.