Chapitre 11, partie 2 : Une Enigme à Vous Pétrifier

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Cherche-chemin s'arrêta à deux mètres et hésita quand à pénétrer dans ce qui semblait être un endroit plusieurs fois maudits, laissant Cador gagner un peu de terrain sur lui. Car, le chevalier Brycham, bien que serrant son épée, était un chevalier de l'Ordre, formé et entraîné à trouver et tuer les sorciers et les traîtres dans l'Empire Krannien. Cador passa donc sous l'arcade, paré à contrer toute attaque, quelle qu'elle puisse être sa nature.

Lorsqu'il entra dans la salle, il ne se passa rien.

S'avançant davantage dans la salle, qui se présentait derrière l'arcade, le chevalier put l'embrasser du regard.

La pièce était très grande. Tellement que les deux compagnons ne parvenaient pas à distinguer ses murs latéraux. Toutefois, on pouvait voir, de l'autre côté de la pièce, une porte de bois, vaguement dissimulée dans une semi-pénombre. Mis à part cela, se tenait au centre de la pièce une gigantesque fontaine, dont les formes ne ressemblaient à aucun être de ce monde, véritable ou imaginaire. Cette immense pièce était vide de toute vie, pourtant une faible lumière l'éclairait en son centre. Le chevalier n'aurait su dire d'où provenait cette lumière.

Pas plus que Cherche-chemin qui s'était rapproché de Cador.

Hormis la noirceur des ténèbres environnantes, qu'avait provoqué la sorcière, Cador ne sentit rien d'autre. Aussi, fit-il signe à Cherche-chemin de le suivre, tandis que lui-même s'engageait pleinement dans la salle.

L'ancien voltigeur suivit rapidement le chevalier. Il était nerveux et regardait fiévreusement autour de lui, semblant plus inquiet encore qu'avant d'entrer dans l'immense salle.

" Quelque chose ne va pas, demanda Cador ?

- Les voix... Vous les entendez ?

- Quelles voix ?"

Le chevalier, ne comprenant pas de quoi parlait Cherche-chemin, prêta l'oreille aux bruits environnants, mais il n'entendit toujours rien. Cador s'avança encore un peu plus dans la pièce, se concentrant afin d'entendre ces voix dont parlait l'ancien voltigeur. A part un silence de plomb, il n'entendit toujours rien.

" Je n'aime pas ça... Murmura Cherche-chemin. Non, je n'aime pas ça...

- Que disent vos voix ?

- Je ne sais pas... Il y en a beaucoup. Ils parlent tous en même temps et trop bas pour que je les comprenne.

- Continuons d'avancer. Sortons de là, vite.

- Pourquoi donc avez-vous tenu à venir dans cette salle ?

- Pour faire tomber un sortilège, il faut l'affronter, la plupart du temps. Le vaincre nous permettra de le faire disparaître et de retrouver nos camarades."

Cherche-chemin sembla se satisfaire de cette explication, pourtant, sa nervosité allait s'accroissant. Il était fichtrement pressé de sortir de là. Lui qui avait, autrefois, combattu de terribles guerriers Déchus, les monstres qu'élevaient ces-derniers pour les mener ensuite au combat, sans parler de toutes les bestioles diverses et variées, à même de dévorer un homme sans coup férir.

Le chevalier pressa l'allure, lui non plus ne se sentait pas tranquille, ici, quant bien même il n'entendait nullement ces fameuses voix. Soudain, à deux pas devant lui, une silhouette humaine émergea brusquement du sol, les bras levés. Cador se mit aussitôt en position de garde, l'épée levée d'un air menaçant. Mais aucun coup ne vint. La silhouette ne bougeait plus. Se tenant immobile dans les ombres.

S'approchant de quelques pas, le chevalier vit qu'il s'agissait d'une sorte de statue, de sa taille et aux formes humanoïdes. Sa tête, toute ronde, n'avait pour autant pas de visage, ni aucun trait. Ses mains ne possédaient pas de doigts, hormis un pouce. Sa taille, très fine, lui donnait un faux air de fragilité. Le chevalier voyait qu'aucun élément de cette statue n'avait été travaillé, elle était grossière.

Mais surtout, elle était apparue de manière soudaine, ne laissant rien de bon à présager. " Certainement un nouveau piège", se dit le chevalier.

Cador s'avança d'un pas, attendant une réaction de la statue. Mais, rien ne se passa.

Puis il avança d'un pas supplémentaire, se retrouvant pratiquement nez-à-nez avec la statue. Il dévisagea cette-dernière, cherchant à en deviner sa nature. Quant bien même il savait qu'elle était d'origine magique, il se demandait s'il était de nature mauvaise ou non. De par son expérience, le chevalier avait appris que parfois, des êtres qui semblaient être tout droit sortis des pires Premiers Mondes, étaient pourtant des créatures de bien et étaient digne de confiance et d'amitié. Aussi, ne fallait-il pas s'arrêter à la simple apparence des créatures.

Si au début, rien ne se produisit, la statue bascula soudainement la tête sur le côté. Dévisageant, à son tour, Cador grâce à d'invisibles yeux. Le chevalier ne cilla pas d'un pouce et soutint le regard de cette créature de pierre. Gardant, toutefois, la main posée sur la garde de son épée.

La statue recula de quelques pas, sans jamais se retourner. Levant ses bras vers le plafond, puis, d'une voix caverneuse, amplifiée par l'écho, elle se mit brusquement à parler :

" Pauvres fous pécheurs ! Tonna-t'elle. Vous voici, ici, en notre Royaume de Tourments.

- Laisse-nous passer, abomination. Ordonna Cador, ne prêtant aucune attention à ce que disait la statue

- Vous n'avez aucun droit ici, en ce lieu maudit. Continua la statue. Nous avons péché et nous sommes condamnés à purger les Milles Tourments ! Ainsi en a été décidé.

- Je ne me répèterai pas deux fois, écarte-toi de notre chemin, monstre. Ou bien, tu vas goûter de notre acier. Menaça Cador.

- Répondez-nous ! Allégez nos tourments ! Et passez votre chemin ! (La statue ne semblait pas écouter Cador et parlait maintenant d'une voix monotone, comme si elle récitait un texte appris par cœur).

- Assez ! Hurla Cador."

Le chevalier, brandissant son épée du fourreau, frappa de taille la statue, la coupant promptement en deux. Les deux morceaux tombèrent au sol dans un grand fracas.

Mais, après un instant où il ne se passa rien, les deux morceaux se rejoignirent, attirés par une quelconque magie, pour se souder à nouveau. La statue vivante se releva aussitôt et se tint droite devant Cador.

Elle frappa soudainement le sol du pied. Répétant son geste six fois.

Comme répondant à ce signal, les murs sur les côtés, qui étaient jusqu'ici cachés dans l'obscurité, s'ébranlèrent, et se mirent à se rapprocher du centre de la pièce. Et ce, à grands renforts de raclement de pierre sur les pavés.

Les gémissements se firent plus forts, au point que même Cador, finit par les entendre.

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L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ  -Récit terminé -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant