Chapitre 9, partie 1 : Une Etrange Apparition

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            Lohrâ entendit Cherche-chemin annoncer le fait qu'ils étaient bloqués, avec une pointe de regret dans la voix. En effet, avec le temps qu'ils venaient de passer à marcher dans les tunnels, il avait espérer réussir à passer les pièges magiques de la sorcière et sa cabale. Malheureusement, ce n'était pas le cas, il avait échoué dans sa tâche, alors qu'ils venaient de partir.

Dépité, le voltigeur tourna la tête dans la direction du chevalier, comme celui-ci lui posait une main réconfortante sur l'épaule.

Devant eux, se dressait un nouveau couloir, mais l'entrée de celui-ci était bloqué, bien que rien en apparence ne soit visible, une magie noire et puissante, empêchait tout être de passé par-là.

Cador s'avança de quelques pas, puis, se concentra. Il usa de tous ses talents magiques pour comprendre ce à quoi, ils avaient à faire. Il s'attendit à rencontrer une barrière faite de magie pure, barrière qu'il pourrait alors faire tomber. Une fine perle de sueur perla sur le côté de son visage, comme il se concentrait plus fort que jamais auparavant.

Après plusieurs instants de silence angoissant, le chevalier se retourna vers ses compagnons et secoua tristement la tête. Ce n'était pas une barrière, mais quelque chose d'autre qu'il ne connaissait pas.

" Désolé, mais cette fois, c'est quelque chose que l'on ne peut briser par la magie.

- Ou du moins, par la vôtre chevalier. Dit le sergent. Sans vouloir vous offenser.

- Ça n'est pas ça qui va m'offenser, rassurez-vous sergent. Il y a des chevaliers aux talents magiques bien plus puissants. Ce piège, par contre, me nargue un peu trop à mon goût. Je ne vois pas comment le faire tomber.

- Se pourrait-il, reprit Vellocastus, qu'il s'agisse du Sort Labyrinthique de Mémes II ?"

Cador regarda le sergent, droit dans les yeux. Puis il se retourna vers le couloir bloqué. Aussitôt, il comprit de quoi il en retournait. D'étonnement, il se tourna à nouveau vers le sergent.

" Si fait, mon bon sergent. Répondit le chevalier. Comment le savez-vous ? Auriez-vous quelques notions de magie ?

- Non, juste de l'expérience pour la chasse au monstre dans ce genre de labyrinthe.

- Ha ? Consentiriez-vous à nous expliquer ?"

Tous observaient le sergent avec attention. Il était le seul à ne pas sembler se formaliser, outre mesure, de ce charme de protection.

" Peu après la Grande Guerre, j'ai été déployé avec un bataillon de survivants à la Tour de Sang des Vannuals, en Terres des Sorciers. Nous avions pour mission de traquer et de détruire un apprentis sorcier prometteur, le jeune Harkis Vlak. Celui-ci avait enchanté le hall d'entrée de la tour et les premiers couloirs par un sort de labyrinthe. Le chevalier de l'Ordre qui nous accompagnait, parvint à briser l'enchantement, lorsque nous réussîmes à la main sur le sorcier accompagnant Vlak et qui maintenait l'enchantement en place. Il était vulnérable tant qu'il maintenait l'enchantement, aussi, s'il voulait se défendre il fallait qu'il fasse tomber son sort. Je lui ai tranché la tête personnellement, après qu'il eut tout de même tué une vingtaine de nos compagnons. Mais le sort s'est effondré suite à la mort du sorcier. Et nous avons pu coincer Vlak et l'abattre.

- Donc, si je comprends bien, il doit y avoir un sorcier dans les parages qui maintient ce damné sortilège en place. Dit Cherche-chemin.

- En effet, voltigeur. Lui répondit Vellocastus.

Le chevalier Brycham, lui, était inquiet. Comment a t'il pu ne pas voir cela ? Comment serait-il passé à côté d'un sorcier sans le voir ? Sans même en ressentir la présence ? Quelque chose lui échappait. La dernière fois que cela lui était arrivé, il avait perdu son écuyer et beaucoup d'amis. Même si les années avaient passé, la cicatrice était toujours là, profonde et indélébile.

Lohrâ, voyant les difficultés qu'éprouvaient les hommes adultes, devant cette situation, la jeune fille décida d'aider au mieux de ses moyens. Et c'est donc, avec une conviction toute enfantine de réussite, qu'elle ferma les yeux et se concentra de toutes ses forces, résolue de parvenir à éclairer à nouveau les ténèbres, espérant découvrir un moyen, pour eux, de s'échapper.

Les yeux fermés, la petite fille se focalisa à illuminer le couloir. En vain. Elle n'y parvenait pas.

Avec toutes les aventures qu'elle avait vécu, ces dernières heures, ses pensées venaient s'entrechoquer entre elles et lui brouillaient l'esprit. Elle ne parvenait pas à se concentrer suffisamment.

Elle souffla de mécontentement, puis, elle repensa à tout à l'heure, à l'entrée de ces maudits tunnels, lorsque Cador lui avait poser une main bienveillante et rassurante sur l'épaule, lui transmettant une certaine chaleur et tranquillité de l'esprit, dans le but de la rassurer. Lohrâ se focalisa sur ce souvenir et elle sentit à nouveau cette vague d'apaisement. La jeune fille se détendit, lorsque, soudain, le tunnel s'éclaira comme en plein jour !

Elle avait réussi !

Les trois hommes, tout à leur discussion quand à savoir comment ils allaient pouvoir se sortir de là, ne virent pas tout de suite que Lohrâ s'était remise à marcher. Les yeux fermés.

C'est en tournant la tête pour une raison obscure, que le sergent Vellocastus vit la jeune fille s'éloigner dangereusement du groupe. Le sergent fit signe à ses compagnons, tout en hélant, coupant court à toute discussion, puis il s'élança à la poursuite de la gamine. Il allait l'attraper par l'épaule, afin de savoir pourquoi elle s'enfutait comme ça, quand Cador lui agrippa le bras, stoppant son geste au dernier moment. Secouant la tête, le chevalier fit comprendre à ses deux compagnons qu'il ne fallait pas perturber la petite Lohrâ, et, devant leurs regards interrogateurs, il articula en silence un simple mot : "magie". Le sergent et l'ancien voltigeur ne comprirent pas tout, mais assez pour savoir que le chevalier Brycham savait ce qu'il faisait.

Et la jeune Lohrâ également.

En effet, aussitôt après que Vellocastus leur ait fait signe, à Cherche-chemin et lui, Cador avait ressentit la magie émanant de la jeune fille. Il avait rapidement comprit ce que Lohrâ faisait et, il avait décider de voir jusqu'où, elle était potentiellement capable d'aller.

Le chevalier voyait la petite fille user de ses dons magiques, pour la première fois sciemment et de façon contrôlée. L'expérience promettait d'être intéressante. Quant bien même, le chevalier savait, pertinemment, qu'il n'existait aucun doute sur les capacités, assez gigantesques, de Lohrâ. De plus, en cas de danger, ils étaient trois rudes gaillards, à même de la protéger.

L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ  -Récit terminé -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant