Chapitre 20, partie 1 : Il Faut Fuir Jeune Fille !

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            Peu avant que les premières sentinelles ne se fassent égorger et que ne commence cette terrible nuit, où, dans la plus grande des trahisons, de nombreux guerriers impériaux allaient être, ni plus, ni moins, assassinés, trois des femmes de chambre, dévolues à la comtesse, étaient venues voir Lohrâ.

Elles avaient reçues pour consigne de s'emparer de la jeune fille, manu militari si il le fallait, puis de la lui amener. Les trois grosses et hideuses femmes obéissaient aveuglément à la comtesse, trop conscientes des conséquences en cas d'échec.

Lohrâ, un peu plus tôt, de son côté, malgré l'épuisement dû à toutes les dernières péripéties dans sa vie, n'était pas parvenue à trouver le sommeil. Pourtant, elle en ressentait, cruellement, le besoin, cependant, elle ne parvenait pas se retirer de la tête, la vision de la pauvre servante, dépecée vivante sous ses yeux. De plus, c'était en grande partie de sa faute, à elle !

La jeune fille s'en voulait terriblement, toutefois, comment aurait-elle pu deviner que la comtesse eut été capable d'une telle sorcellerie? Rien ne l'avait laissé transparaître, jusqu'à ce qu'elle apparaisse dans la chambre. Cette femme était dangereuse. A n'en pas douté.

Aussi, Lohrâ avait vite comprit que les évènements allaient rapidement s'enchaîner, dès lors que la comtesse-sorcière savait que Lohrâ, Cador, Vellocastus et Cherche-chemin étaient sur ses traces, avec la ferme intention de l'arrêter de nuire, elle et ses acolytes.

Lohrâ avait cherché mille moyens de sortir de cette pièce. Hélas, sans succès.

La jeune fille avait, aussitôt la comtesse et les servantes parties, vérifié la porte de la chambre, mais celle-ci était verrouillée de l'extérieur et elle avait pu entendre plusieurs gardes parler. Elle était donc sous haute surveillance. " Au moins, ai-je l'air importante", s'était-elle dit.

Etant donné que la pièce était située un peu trop haut, dans les étages, l'évasion par la fenêtre était exclue. Plus encore, depuis qu'elle portait cette robe de princesse, en lieu et place de ses vieilles frusques de garçon, bien pratique pour jouer les filles-de-l'air.

De désespoir et de rage, elle était allée jusqu'à regarder dans la cheminée, où aucun ne brûlait, afin de vérifier s'il n'était pas possible de tenter une évasion par ici. Las, elle s'aperçut que le conduit de la cheminée rétrécissait rapidement, à tel point qu'elle ne pouvait pas même passer la tête.

Se laissant tomber sur le lit, une intense et sourde colère en elle, Lohrâ avait sentit des larmes lui couler le long des joues. Elle s'était ressaisie en reniflant bruyamment et en s'essuyant, du revers de sa manche, et le nez, et les joues.

Elle pensa alors à ses compagnons.

Où étaient-ils ? Allaient-ils, seulement, bien ? Ou alors, chose plus terrible, avaient-ils été tués par le sinistre baron et sa plus terrible fiancée ?

Il était tout à fait logique que, si le baron, et s'en était, pour ainsi dire, une quasi-évidence, trempait dans les complots ourdis par la sorcière, ils étaient tous en danger de mort. A moins, que les nobles dévoyés n'aient eu besoin de plus de temps, pour mettre en place leurs plans. Auquel cas, les envoyer sur de fausses pistes seraient bien plus efficace à long terme, plutôt que de les égorger dans leur sommeil. En effet, Lohrâ avait toujours entendu dire que l'Ordre apprenait la mort d'un de ses membres, pratiquement au même moment où celui-ci expirait.

L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ  -Récit terminé -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant