Alors que le bruit des combats résonnait partout dans le château, Cador se leva précipitamment de son lit.
Il alla aussitôt jeter un coup d'œil à la fenêtre qui donnait sur la cour intérieure. Le chevalier vit alors qu'une énorme confusion régnait en bas. Des hommes s'entretuaient à l'épée, la lance et la hallebarde. De là où il se trouvait, ainsi qu'à cause de l'obscurité de la nuit, le chevalier ne parvenait pas à savoir qui l'emportait. Depuis son point de vue, les hommes en contrebas n'étaient que des ombres.
Le chevalier alla aussitôt au chevet de Cherche-chemin, se mettant en devoir de le secouer, le plus violemment possible.
" Voltigeur ! Voltigeur, réveillez-vous ! Criait Cador.
- Hum... Ronfle... Encore un peu ma chérie... maugréa Cherche-chemin, qui semblait faire un très beau rêve.
- Bon sang de bois ! Par tous les dieux, allez-vous vous réveiller, damné voltigeur ! S'énerva Cador."
Voyant que Cherche-chemin dormait d'un sommeil de plomb, le chevalier décida d'employer les grands moyens. Il attrapa sa coupe de vin du pays et la renversa intégralement sur le visage du dormeur.
Ce-dernier se réveilla en sursaut, avec force injures. Du genre des plus colorées.
" Au nom de Lugdum, chevalier ! Qu'est-ce que c'est que ces manières ? Est-ce ainsi que l'on réveille les honnêtes gens ?
- Et comment ! Surtout lorsqu'une bataille se déroule juste à côté d'eux.
- Une bataille ?
- Les traîtres ont attaqués plus tôt que je ne croyais. Hâtez-vous de vous habiller et de récupérer vos armes. J'ai dans l'idée qu'une escorte d'un tout autre genre n'arrive bientôt pour nous."
Cherche-chemin maugréa encore un peu concernant un doux et merveilleux rêve, dans lequel il était parfaitement heureux et totalement insouciant. Il promit de faire rendre gorge aux traîtres, ne serait-ce que parce qu'ils lui ont gâché son rêve.
Rapidement, les deux hommes revêtirent leurs tuniques et bouclèrent leurs ceinturons. Ils avaient l'arme au poing, lorsque la porte de leur chambre s'ouvrit à la volée, laissant apparaître une douzaine de mercenaires aux mines patibulaires et aux uniformes blancs recouverts de sang.
Voyant leurs victimes déjà réveillées et armées, les mercenaires ne perdirent pas une seconde et chargèrent, hurlant un cri de guerre rauque. Se ruant sur Cador et Cherche-chemin, en posture de garde, leurs lames levées.
Le premier mercenaire, à se précipiter sur eux, fut cueillit au front par un tir de Cador, avec son pistolet. L'odeur de poudre envahit aussitôt la pièce, la fumée, dégagée par le tir, restant prisonnière de la pièce. Stagnant. Créant comme une légère brume.
Un second mercenaire mourut, lorsqu'il reçut, en pleine gorge, un des poignards lancé par Cherche-chemin. En effet, l'ancien voltigeur, mû par ses réflexes d'ancien guerrier, avait jeté son arme sur l'adversaire le plus proche, avec assez de force pour le faire se renverser sur le dos.
Puis, tandis que l'homme s'écroulait au sol, se tenant la gorge, les mains pleines de son sang, les autres mercenaires furent au contact.
Si deux d'entre eux s'en prirent à Cherche-chemin, les autres foncèrent, tous, droit sur le chevalier. Ils savaient qu'il était le plus dangereux de tous. Les hommes de la Compagnie Blanche savaient fort bien, l'impact que pouvait avoir un chevalier de l'Ordre, tant sur le plan moral, que d'un point de vue combattant, sur l'issue d'une bataille. Mort, il ne serait d'aucun secours pour ses compagnons, qui auraient tôt fait de le rejoindre dans la tombe. Assurant une victoire rapide aux mercenaires.
De plus, sa mort démoraliserait les Forces Régulières de la cité. En effet, comment les loyalistes réagiraient en voyant pendre le cadavre d'un chevalier de l'Ordre ? Eux, qui sont réputés quasi-invincibles. Les Forces Régulières perdraient là, un de leurs éléments clef.
Et ça, Cador le savait.
Aussi, le chevalier défendit-il chèrement sa peau. Il était hors de question de laisser ces traîtres vaincre.
Il paraît et frappait sans cesse. Son pistolet, désormais déchargé, servant désormais de matraque improvisée.
Il vint, rapidement, à bout de deux mercenaires. Mais, peu-à-peu, le chevalier sentait que, finalement, le nombre allait jouer en leur faveur. Ils finiraient bien par l'avoir, car il ne pouvait, indéfiniment, parer toutes leurs attaques.
Pour vaincre, et par conséquent, survivre, le chevalier devait les éliminer le plus rapidement possible.
Alors que Cador réfléchissait à la manière dont se sortir vivant de ce combat déséquilibré, un coup de taille, d'un des mercenaires, faillit atteindre sa cible. Le chevalier ne dut son salut qu'à ses réflexes. Il parvint, au dernier moment, à faire un bond en arrière, évitant la lame qui se voulait fatale. Mais, ce faisant, il se mettait en très mauvaise posture, se retrouvant pratiquement à leur merci. Il lui fallait réduire le nombre de ses adversaires. Et maintenant.
Cador se concentra, insufflant la magie à sa lame. L'Epée de Justice commença à bleuir. Les mercenaires s'en aperçurent aussitôt. Ils eurent un mouvement de recul, involontaire.
Il n'en fallut pas plus à Cador. C'était l'ouverture qu'il escomptait.
Il passa à l'attaque.
Son premier coup, de taille, dans lequel il y mit toute sa force, brisa l'épée de deux de ses adversaires. Il décapita leurs propriétaires dans le même geste, leurs têtes venant rouler loin au sol, sous la force du coup.
Cador frappa à nouveau. Perforant le cœur d'un des mercenaires, très surpris d'une telle chose. Lorsqu'il retira sa lame, Cador laissa une blessure fumante au niveau du précieux organe, désormais liquéfié. L'homme s'écroula à la renverse à la manière d'un pantin désarticulé.
Les derniers mercenaires, malgré la mort violente et soudaine de trois de leurs camarades, reprirent leurs esprits et frappèrent à nouveau de façon coordonnée. Leur survie dépendait de leur habileté à tuer ce chevalier le plus rapidement possible.
Cador, tenant son pistolet par le canon, en asséna un coup magistral sur la tempe du mercenaire sur sa droite. L'homme, à moitie-assommé, recula, désorienté, baissant légèrement son arme. Exposant alors, son camarade à une violente attaque de Cador.
Le chevalier tua un nouvel adversaire, qui mourut sans un son. Puis, Cador acheva celui qu'il avait assommé.
Il n'y avait plus qu'un dernier mercenaire lui faisant face.
L'homme prit peur et tourna les talons. Cherchant son salut dans la fuite.
Le chevalier ne lui laissa pas le temps d'atteindre la porte, lui jetant son pistolet à la tête.
Le mercenaire reçut l'arme sur l'arrière du crâne, ce qui, déséquilibré, le fit trébucher sur le corps d'un de ses camarades. Il s'étala de tout son long au sol.
L'homme, sans se retourner, se mit à ramper vers la sortie. Lorsqu'il sentit une ombre dans son dos, le mercenaire se retourna. La terreur se lisait sur son visage alors qu'il vit le chevalier penché sur lui, levant sa lame.
Le mercenaire implora la clémence du chevalier. Mais Cador n'en n'eut cure. Et il enfonça la pointe de son Epée de Justice dans le cœur du mercenaire. Jamais plus le chevalier ne ferait de quartier à ceux qui avaient essayé de le prendre en traître, s'était-il promis autrefois.

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L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ -Récit terminé -
ParanormalAprès leur défaite, sorciers et guerriers Déchus sont retournés panser leurs plaies dans leur lointain pays. Ruminant leur défaite. Préparant leur retour sanglant. Toutefois, certains d'entre eux sont restés au sein de l'Empire, préparant le terrain...