Chapitre 23, partie 4 ; Le sursaut

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            Le seigneur-général, ordonnant à ses troupes de se rassembler, tout en menant les blessés à l'arrière, vers l'abris des casernes des remparts, s'approcha des miséreux :

« Au nom de l'Empereur et de moi-même : merci ! Dit-il, le souffle court.

- Y a as de quoi camarade. Lui répondit un homme au visage taillé à la serpe et à la barbe noire sale.

- Qui est celui qui vous commande, ici ? Demanda Dacios.

- C'est moi m'ssire ! Répondit du tac-au-tac l'homme, arborant un grand sourire. J'suis Dannos l'Efforyable.

- Effroyable av'c les autres, ouais ! Fit soudain une voix de femme. Allez, pousse-toi donc de là, tu empestes le poisson mort avec ta tête de rado. »

L'homme fit une moue d'indignation et s'écarta du chemin de la nouvelle venue. Dacios put voir qu'il s'agissait d'une femme qui devait avoir dans la petite trentaine. Elle était de taille moyenne et portait ses cheveux tressés en une unique natte, tirée sur l'arrière de sa tête. Ses yeux bleus ressortaient d'autant plus qu'elle avait le visage sale de suie. Dacios reconnut intérieurement qu'elle devait avoir un très beau visage, sous toute cette crasse. Son corps était totalement indéfinissable, tant elle portait des vêtements bien trop grands pour elle, mais le seigneur-général supputa que ce fut à dessein.

- Et bien, à qui ai-je l'honneur ? Demanda Dacios.

- J'm'appelle Turdicia. Pêcheur le jour, générale la nuit. C'est moi qui commande à c'te troupe d'affreux. Et vous, vous-êtes qui, avec vos beaux atours ?

- Je suis le seigneur-général Dacios, pour faire simple et je suis au commandement de ces braves. Répondit Dacios en montrant de la main ses hommes. Nous avons été lâchement attaqués par les mercenaires du baron et tout porte à croire que cet homme soit un traître. Nous allons prendre le château d'assaut et demander des comptes au baron. Merci pour le coup de main.

- Pas d'quoi pour l'aide. Sincèrement, c'est parce que notre bon roi nous l'a ordonné, sinon, j'peux vous assurer qu'on s'rait pas v'nus comme ça, ça non !

- Votre roi ? (Dacios eut une moue interrogative à ce sujet) Quel roi ?

- Ben... Le roi des P'tits Rats ! Et les p'tits rats, c'est nous ! J'vous explique p'cque vous avez pas franchement l'air de comprendre... »

Le seigneur-général avait, effectivement, du mal à comprendre de quoi et surtout, de qui parlait la pêcheur. Mais, pour lui, peut importait. Ses hommes et lui allait pouvoir se rendre au château pour voir de quoi il en retourne exactement là-haut.

« Bien, nous allons reprendre notre route. Comptez-vous nous suivre et continuer à vous battre avec nous ?

- Ben, comme vous, j'suis les ordres. Et mes ordres sont d'aller là-haut avec vous. Des fois qu'vous auriez b'soin qu'on vous sauve votre p'tit cul propre.

- Alors, allons-y, fit Dacios qui se sentait trop fatigué pour s'offenser du langage de la jeune femme. »

S'alliant aux miséreux, les soldats impériaux reprirent leur avance. Les tambours battirent la cadence, tandis que les hommes marchaient en surveillant les côtés, s'attendant, en doublant chaque immeuble et maison, à être à nouveau pris pour cibles par des arbalétriers mercenaires. Quant aux miséreux, les soldats firent comme s'ils n'étaient pas là.

Ils avancèrent bien.

Hélas, un atout ennemi n'avait pas encore été dévoilé. Et bientôt, la ville entière se retrouva à devoir se défendre contre un nouvel ennemi, plus terrible encore : la Mort.


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Et voilà, la bataille de Gervaldburg a pris un tournant. Les impériaux ont réussis à reprendre le dessus, non sans un sérieux coup de main...


Mais, la bataille n'est pas pour autant finie, non... Loin de là !

Un nouvel ennemi ne va pas tarder à apparaître. Et, cet ennemi, sera le plus terrifiant de tous, ainsi que le plus mortel...


Le temps presse pour nos héros !

L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ  -Récit terminé -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant