Le repas se poursuivit sans plus d'incident. Les discussions tournant autour de la Grande Guerre des Sorciers, du luxe affiché par les nobles à la surface et des tracas sur la gestion d'une cité, même de pauvres. Finalement, le roi prit congé d'eux, peu après avoir fini son repas et quitta la grande salle, avec son fils, pour regagner ses appartements. Ayant également terminé leur repas, Cador, Vellocastus et Lohrâ furent conduit par un des gardes vers une "maison" que le roi leur prêtait pour la nuit. Ils n'eurent pas à marcher bien longtemps dans les rues désertes de la Cité d'en dessous. Lorsqu'elle vit la fameuse "maison", Lohrâ fut prise de dégoût. Il s'agissait plus d'un assemblage de poutres au bois pourri et de plaques de métal rouillées.
A l'intérieur du taudis, ils y trouvèrent une grande paillasse qui leur servirait de lit. Il n'y avait pour tout mobilier que cette paillasse et deux tabourets en piteux états. Le garde les laissa entrer puis ferma la porte derrière eux. S'attendant à ce qu'il s'en aille, la jeune fille fut surprise lorsqu'elle s'aperçut que, non seulement le garde n'était pas partis, mais qu'il avait été rejoint par un autre de ses compères et que les deux hommes montaient, purement et simplement, la garde devant la porte.
Enfin tranquille, Cador se tourna vers Lohrâ et lui demanda de raconter son "cauchemar" dans les moindres détails, ce qu'elle fit. La jeune fille revit son cauchemar tout à la fois qu'elle le racontait et en eut des sueurs froides. A la fin de son récit, le chevalier semblait plus perplexe que jamais. Il s'assit sur un des tabourets et croisa les bras, plongé dans une intense réflexion.
" Qu'il y a t'il chevalier, demanda le sergent ?
- Ce rêve... Cette vision... Peu importe ce que c'est ; ça a été déclenché dès lors que son regard a plongé dans les yeux de l'autre molosse. Ce n'est pas une bonne chose. Vraiment pas bonne du tout.
- Pourquoi qu'ça, s'interrogea Lohrâ ?
- Parce que ce genre de vision est un écho de la volonté destructrice des Déchus et des sorciers. je vous parie mes bottes, contre un caleçon usagé, que ce "ministre" de la police est aux ordres de la sorcière.
- Ça ne fait aucun doute, il avait ce regard propre aux traîtres à la solde des sorciers, affirma Vellocastus. Mais comment allons-nous nous en prémunir. Car il doit avoir sentit le danger et va chercher à nous éliminer. Très certainement dans notre sommeil.
- Sûrement, mais j'aimerai savoir si le roi est de mèche ou pas. A première vue, non, il a été attaqué assez violemment tout à l'heure par les monstres et la sorcière, mais ça ne serait pas la première fois qu'ils cherchent à nous tromper comme ça. Il y a déjà eu des précédents.
- Alors qu'est-ce qu'on fait, demanda Lohrâ ?
- Nous dormons..."
Malgré ses protestations, la jeune fille alla se coucher et s'endormit aussitôt.
Cador et Vellocastus s'entretinrent encore quelques instants sur les évènements de la journée et furent d'accord sur un point : la contagion avait commencé à prendre racine, il faudrait rapidement en finir, avant qu'elle ne soit irrémédiable et que seule la destruction de la ville, aussi bien la surface que les sous-sols, ne soit plus que l'unique solution. Et pour empêcher cela, il faudrait faire vite.
Les deux hommes ne s'endormirent que d'un œil. Cador ressentant magiquement tout ce qui se passait autour d'eux et Vellocastus faisant fonctionner à plein régime ses instincts de vétéran.
Dans son rêve, Lohrâ était avec le fils du roi, comment s'appelait-il déjà ? Ha oui... Adiscius...
Ils couraient, main-dans-la-main, au travers d'un champ de blé sous un soleil printanier, entourés d'animaux. Ils riaient à gorge déployé et s'amusaient comme savent s'amuser les enfants. Pourtant quelque chose n'allait pas... Une forte odeur de brûlé envahit les narines de la jeune fille, la faisant froncer du nez. Elle croyait entendre des cris dans le lointain, mais son jeune compagnon n'en n'avait cure. Il continuait de lui sourire plus que de raison. Ses yeux bleus rivés dans les siens. Lohrâ pouvait sentir les battements de son cœur devenir frénétiques. Il était de compagnie tellement agréable. Malgré ce ciel rouge sang et ces champs qui brûlaient intensément. Lohrâ devint soudain très perplexe et voulut s'en aller, mais Adiscius la retint par la main et y déposa un petit baiser et elle se rassit. Mais bientôt, l'odeur de brûlé l'a fit paniquer à nouveau et cette fois, lorsqu'elle se retourna vers son jeune ami elle découvrit à sa place un grand guerrier dans une armure rouge et noire, aux traits masqués par un casque cornu, une cape de peau humaine, teintée dans le sang de ses victimes, drapant ses épaules, une masse d'arme dans une main, un bouclier dans l'autre.
Elle voulut fuir mais ses jambes ne lui répondaient plus. Elle restait tétanisée par la terreur. Soudain le guerrier Déchu bougea. Il leva son arme et l'abaissa dans sa direction. Elle sauta de côté et évita l'attaque de justesse mais le grand guerrier releva son arme et l'abaissa à nouveau.
Lohrâ roula sur elle-même. Echappant à nouveau à l'attaque. Elle se retrouva avec un poignard dans la main. Comment était-il arrivé dans sa main ? Peu lui chaut à ce moment-là, seule la survie importait.
Le guerrier repassa à l'attaque et manqua à nouveau sa cible, bien trop mobile et petite. La jeune fille passa sous la garde du Déchu et lui planta le poignard dans la gorge, lui tranchant la carotide. Un jet de sang chaud lui aspergea le visage. Le grand guerrier s'effondra, inerte, au sol. Son corps commença à brûler.
Lohrâ sentit une main sur son épaule, la secouant violemment, elle se retourna...
... Et se réveilla !
Elle était, non pas dans un champ en feu, mais toujours dans la ville souterraine. Et il y avait une forte odeur de brûlé.
La ville était en feu.
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L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ -Récit terminé -
ParanormalAprès leur défaite, sorciers et guerriers Déchus sont retournés panser leurs plaies dans leur lointain pays. Ruminant leur défaite. Préparant leur retour sanglant. Toutefois, certains d'entre eux sont restés au sein de l'Empire, préparant le terrain...