Tenant fermement la jeune fille dans ses bras, Cador, chevalier de l'Ordre et vieux guerrier, sentit perler le long de ses joues, quelques chaudes larmes. Ça ne pouvait se finir ainsi.
Pas encore.
Le chevalier refusait de perdre un nouvel apprenti, du moins, quelqu'un ayant le potentiel nécessaire à le devenir.
Ce tragique destin, qui consistait pour la jeune Lohrâ de voir sa vie aspirée, lentement, mais sûrement, hors de son corps pour venir alimenter la colonne de magie de la sorcière, n'était pas celui qu'avait imaginé Cador pour la petite fille.
Cette sorcière lui avait déjà trop pris auparavant, il était donc hors de question qu'elle lui prenne davantage. Cador allait s'en assurer.
Relevant la tête du petit corps, frêle et blessé, de Lohrâ, Cador jeta un regard mauvais sur la sorcière. Et, malgré la colère, il remarqua quelque chose d'étrange sur son visage.
En effet, bien qu'elle fut victorieuse sur tous les tableaux, elle semblait n'en prendre aucun plaisir. Donnant presque l'impression d'être écœurée par ses actions, leurs conséquences et tout ce qu'elle avait fait pour en arriver là.
La mort de la cité semblait l'affecter au plus profond d'elle. Mais Cador n'en n'avait cure. Pour sa part, seule la mort de la sorcière lui importait dans l'instant présent.
Jetant un regard en biais sur la petite fille, toujours inconsciente dans les bras du chevalier, la sorcière finit par croiser celui de Cador. Ne s'y lisait que haine et mépris.
Sans jamais quitter son ennemie du regard, Cador déposa doucement la jeune fille au sol. La colère sourde qui grondait en lui enflait à chaque instant. La justice n'avait que trop tardé à arriver.
Ce soir, il en finirait avec elle, la sorcière ne lui échappera pas. Il abattrait sa lame sur son cou et ramènerai sa tête à Krankdorf, devant le Triumvirat, afin de prouver la réussite de sa mission.
Se relevant tant bien que mal, Cador souffrait énormément de sa blessure. La sorcellerie lui sapait ses forces, lentement, mais sûrement. Ne parvenant à cacher une grimace de douleur, le chevalier inspira une grande bouffée d'air dans le monde tangible, mais également une grande bouffée de magie ambiante. Usant de celle-ci, il parvint à cicatriser sa blessure. Mais, hélas, pas totalement. Ce serait juste suffisant pour reprendre le combat, car, même affaiblis de la sorte, il restait un chevalier de l'Ordre et, en tant que tel, un adversaire terriblement dangereux à affronter.
Désarmé, le chevalier chercha son épée du regard. Il la retrouva bien vite. En effet, elle gisait à quelques mètres sur la droite de la marmite géante. Cependant, elle se tenait hors de portée, sans avoir à se mettre en danger et au risque de se faire épingler par la sorcière.
Mais qu'était-ce le danger ? Depuis qu'il était devenu chevalier, le danger formait son quotidien et la mort sa plus fidèle amie.
Sans crier gare, Cador se jeta sur son épée. Il ne fit pas deux mètres que la sorcière, matérialisant son épée aux reflets violacées, se mit en travers de sa route, l'arme levée et prête à perforer le cœur du chevalier.
Frappant du plat de la main, qu'il enveloppa d'une magie protectrice, Cador repoussa violemment la lame de la sorcière. D'un coup d'épaule appuyé, le chevalier fit valdinguer la sorcière qui se retrouva à terre, un air ahuri sur le visage. La violence du choc l'ayant surprise.

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L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ -Récit terminé -
FantastiqueAprès leur défaite, sorciers et guerriers Déchus sont retournés panser leurs plaies dans leur lointain pays. Ruminant leur défaite. Préparant leur retour sanglant. Toutefois, certains d'entre eux sont restés au sein de l'Empire, préparant le terrain...