Chapitre 21, partie 3 : La bataille de Gervaldburg

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            En une soirée, invité au château, le seigneur-général avait tout perdu : sa femme, son honneur, son épargne.

Et pourtant, à la tête de seulement trois cents hommes, il était maintenant le soldat de plus haut grade, parmi les forces impériales encore en lice. C'est en ayant subitement dégrisé, alors qu'il entendit le tintement de la cloche d'alarme, qu'il se plaça à la tête de la première colonne impériale qu'il croisa sur son chemin.

Trois cents hommes, cela faisait tellement peu, par rapport aux trente milles hommes qui composaient les régiments de Gervaldburg. Mais, le reste des forces impériales était, soit en déroute, soit totalement désorganisées.

Dacios décida de scinder sa force en deux colonnes. Chacune emprunta de larges avenues parallèles, afin de pouvoir se soutenir mutuellement, de manière plus aisée, ainsi que d'avoir l'espace nécessaire pour manœuvrer, si cela s'avérait nécessaire.

Mis en garde par des fuyards, le seigneur-général apprit la nature de leur ennemi, ainsi que de sa tactique, strictement défensive. Un mur de piques, protégé par un mur de lourds pavois, le tout soutenu par des tirs d'arbalètes et de mangonneaux. La partie allait être rude. Particulièrement si les mercenaires les attendaient de pied ferme.

Analysant la situation, avec les rapports, fragmentaires, de ses éclaireurs, mais également de ce qu'il avait entendu de la bouche de fuyards, Dacios comprit la stratégie de l'ennemi. Si les mercenaires ne profitaient pas de l'énorme avantage qu'ils avaient, en ayant provoqué une telle débâcle des premières forces impériales, c'est qu'ils devaient avoir pour ordre de tenir, coûte que coûte, leurs positions.

Donnant l'ordre de marche, les tambours précédèrent les lignes d'hallebardiers, de bretteurs et de tireurs au mousquet. Pas un seul civil ne sortit la tête par la fenêtre pour voir de quoi il retournait. Tous avaient bien compris que la guerre était arrivée chez eux, d'où qu'elle provienne, se tenant calfeutrés chez eux.

Ce fait profita aux impériaux, qui purent progresser de façon ordonnée, dans les deux larges avenues parallèles, menant au château.

Les éclaireurs de Dacios lui rapportèrent que toutes les voies, même les plus petites ruelles, étaient gardées par des troupes de mercenaires.

Le seigneur-général avait avec lui une cinquantaine de chevaliers aux armures rutilantes et polies. Ces hommes étaient des guerriers d'élites. Peut-être même, les meilleurs soldats d'une armée impériale standard. Ils étaient tous de haute naissance et, la plupart, se comportaient en tant que tel.

Pourtant, dans des combats de rue, ils ne disposaient pas de la marge de manœuvre nécessaire pour combattre efficacement. Ils seraient plus handicapés par l'étroitesse des rues et finiraient rapidement massacrés par les piques des mercenaires. De plus, ils avaient besoin d'espace, afin de prendre assez de vitesse pour effectuer leur charge dévastatrice.

Dacios les garda en réserve, sur ses arrières, au grand dam des chevaliers. De plus, le seigneur-général disposait également d'une petite vingtaine de tireurs à cheval.

Ces hommes, armés de mousquets courts et de plusieurs pistolets, avaient pour tâche de harceler les flancs ennemis par des tirs de saturation et de fuir rapidement, afin de se mettre hors de portée de la riposte adverse. Ils employaient la tactique de la caracole. Tactique nouvelle, peu employée jusqu'à maintenant.

Dacios savait, que ses armes à poudre, pouvaient percer les protections fournis par les pavois et les armures légères des mercenaires.

L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ  -Récit terminé -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant