Chapitre 14, partie 7 : Une prison dorée

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            La haine était en train de l'aveugler. Il devait reprendre ses esprits et ne pas se laisser aller à de tels accès colériques. Se remémorant les plus anciens apprentissage de sa jeunesse au sein de l'Ordre, Cador expira lentement, relâchant la pression. Le temps d'agir viendra bien assez tôt et la Justice Impériale sera rendue.

C'est vrai, il pouvait atteindre sa cible d'une balle, mais il aurait tout de même à affronter les gardes, ainsi que les différents convives armés, avec pour seul allié, l'ancien voltigeur. Deux contre plus d'une centaine. ça promettrait un combat digne d'éloges, mais il serrait bien inutile.

Cador reconnut également la pierre du collier comme étant une pierre abyssale. Une pierre aux vertus magiques. On en trouvait très difficilement, car elles étaient principalement situées à grande profondeur dans les mers bordant les côtes de la Terre des Sorciers. Ces pierres n'étaient pas réputées pour être bénéfiques aux bonnes gens.

La patience s'imposait donc.

La sorcière s'avança vers le baron, puis, arrivée à sa hauteur, elle marqua une pause avant d'exécuter une magnifique révérence, qui lui fut rendue par une inclinaison du baron.

" Bienvenue à vous, ma tendre promise. Veuillez prendre place parmi cette petite assemblée.

- Merci mon seigneur, répondit-elle d'une voix douce et envoûtante."

Elle prit alors place aux cotés de celui qui semblait être son fiancé. Cador dû s'avouer être un peu perdu. Comment en seulement quelques jours, était-elle parvenue à se fiancer au jeune baron ? Même pour une sorcière s'était bien trop rapide. Il fallait au moins un mois pour pouvoir concocter une potion à même de faire tourner la tête du moins résistant des hommes.

Le chevalier voulait et devait en savoir plus.

Il se tourna vers le plus proche convive à côté de Cherche-chemin, maintenant que le commandant Tolis n'était plus là. Il s'agissait d'un homme bien habillé, aux couleurs de la ville. Il se présenta comme le marchand de tissus le plus important de la cité, fournissant même dans tout l'Empire.

Après quelques questions innocentes, Cador put en apprendre un peu plus. Notamment que lorsque la belle femme se faisait appeler Ewillianne. Elle s'était présentée comme étant la fille du comte des Terres Ensanglantées, au Nord de l'Empire, mais que son domaine avait été attaquée et détruit par une importante troupe de Déchus et de clans des Terres des Sorciers. Elle cherchait protection et aide. Puis, il y a deux jours, le baron annonça ses fiançailles avec la belle Ewillianne et son intention de reprendre, au nom de sa future épouse, les Terres Ensanglantées.

Le chevalier se rembrunit. Les Terres Ensanglantées n'appartenaient pas à l'Empire Krannien. Ils s'agissaient d'un territoire au-delà de la frontière nordique, derrière la chaîne de montagnes de Passaquéros.

De plus, Cador était extrêmement bien placé pour savoir que les Terres ensanglantées n'ont pas été attaquées par une troupe de Déchus, mais par une armée impériale, puisqu'il avait fait parti de l'expédition.

Le chevalier réalisa que la corruption était trop importante pour lui seul. Il devait demander de l'aide à l'Ordre. On ne pouvait laisser un noble corrompu à la tête d'une importante force armée régulière et mercenaire. De terribles guerres civiles ont éclatées ainsi dans l'Histoire de l'Empire.

Le jeune baron se leva et réclama le silence, afin de faire son annonce :

" Mes amis, mes amis ! J'ai l'immense joie de vous faire part de la date prochaine de notre mariage, à la si belle et majestueuse Ewillianne et moi-même."

Un tonnerre d'applaudissements et de vivats fusèrent aussitôt. Certains des convives se levèrent spontanément. D'autres applaudirent par pure politesse. Le baron reprit :

" Mais je souhaite également vous faire part de notre prochaine victoire ! Nos armées vont marcher et seule la gloire nous attend ! La gloire et la fortune ! Très bientôt, tout l'Empire Krannien saura ce que valent les armées de la glorieuse cité de Gervaldburg !"

Nouveau tonnerre d'applaudissements et de vivats.

Du coin de l'œil, Cador nota la consternation, ainsi que des regards perplexes du côté des militaires des Forces Régulières. Ils ne semblaient être au courant de la moindre préparation pour une campagne militaire.

Alors que le baron, rassasié d'applaudissements, se rassit et entama la conversation avec sa fiancée, le chevalier garda l'œil sur eux tout le reste du repas. Et plus particulièrement sur la "belle" Ewilianne.

Rien de particulier ne vint perturber le reste du repas et lorsque le baron et dame Ewilianne s'en furent vers leurs appartements privés, le chevalier et Cherche-chemin purent enfin prendre congé sans éveiller l'attention. En gagnant la porte, Cador en était à se demander comment ils allaient bien pouvoir faire pour prévenir l'Ordre à Krankdorf.

Arrivés à la porte, les deux hommes durent, à nouveau, composer avec le capitaine Ortius, dont les ordres étaient clairement de ne pas les laisser aller à leur guise dans le château. Mais il accepta néanmoins qu'ils pussent se rendre au réfectoire dévolu à la troupe, afin de voir leur ami, le sergent Vellocastus.

Il fallait le contacter, et vite.

L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ  -Récit terminé -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant