Chapitre 22, partie 1 : Au Donjon !!

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            La cloche d'alarme tintait, de sa sinistre mélopée. Faisant se dresser poils et cheveux, comme les hommes réagissaient instinctivement d'une peur sans borne.

Cador fut totalement surpris d'entendre ladite cloche, tandis que lui et ses compagnons, n'étaient pas entrés dans la pièce, depuis laquelle on pouvait activer le tintement. Quelqu'un d'autre les avait précédé. Mais qui ?

Faisant fi de toute prudence, le chevalier, d'un coup sec de sa botte ferrée, ouvrit la porte à la volée.

Il fut totalement abasourdi par ce qu'il découvrit, derrière la porte.

Véritable cathédrale de cordes et de poulies, partant en tout sens, la pièce était, toutefois, spacieuse. La lourde cloche continuait de résonner, cependant, son tintement était bien moins fort ici, au cœur même de son système d'activation. Elle était sise au centre de la pièce, quelques mètres plus haut. La cloche en elle-même, était une cloche d'une extrême simplicité, sans décoration, ni marque, hormis celle du forgeron qui la coula, plusieurs siècles auparavant. On actionnait le tout grâce à une sorte de petit clavecin, juste en-dessous de la cloche, aux touches d'ivoire. Malgré qu'ils soient au plus près de la cloche, son tintement était si peu puissant, qu'il fallait presque tendre l'oreille pour l'entendre.

Lors de la construction du beffroi et l'installation de la cloche d'alarme, un mage avait tissé un enchantement dans cette pièce. Il avait créé une bulle de magie protectrice, en même temps qu'il enchanta la cloche, afin que celle-ci puisse résonner sur des dizaines de kilomètres, mais qu'ici, au plus proche, on n'entende qu'un faible son, protégeant les oreilles de ceux qui l'actionneraient.

Le savoir-faire nécessaire à la création de ce système, âgé de plus de dix siècles, s'était perdu avec le temps. D'autres systèmes furent inventés depuis, mais, ceux à même de créer de telles œuvres, aussi bien mage que forgeron, n'avait pu transmettre leur héritage. Les guerres qu'avait connu l'Empire Krannien n'y étaient pas étrangères, non plus. Il ne devait donc ne pas y avoir plus de dix cloches d'alarmes, telles que celle-ci, dans tout l'Empire.

Pourtant, malgré une telle mécanique et l'ingéniosité qui avaient permis une telle merveille, ce ne fut guère ceci qui cloua, bouche bée, le chevalier Brycham. Non... Ce qui le laissa totalement interdit, ce fut la personne, derrière le clavecin, jouant comme une mélodie connue d'elle seule, que les tintements ne parvenaient pas à faire ressortir autrement que par des Ding, dong.

Le chevalier reconnut aussitôt cette personne.

Il s'agissait d'une magnifique jeune femme, aux cheveux d'un noir de jais. Elle était somptueusement vêtue : une belle et longue robe violette, richement brodée de fils d'or, un diadème, bien que discret, la coiffait. Enfin, son corset mettait en valeur sa poitrine, généreuse. Les traits fins de la jeune femme, lui donnaient une innocence que personne ne pouvait mettre en doute, à moins de la connaître au préalable ou d'avoir eu vent de ses agissements. Car, Cador l'avait bien reconnu, il s'agissait de la sorcière qu'il traquait. Celle qui se faisait appeler Ewillianne.

Ewillianne actionnait la cloche, faisant vibrer l'objet de bronze magique, au rythme de son pianotage sur les touches du clavecin, de ses mains fines et gracieuses. Elle était très belle, pour une sorcière.

Si la jeune femme avait entendu venir les nouveaux arrivants, elle n'en fit pas mine, continuant de jouer sa partition..

Cador leva son arme. Il s'avança alors vers la sorcière, l'air menaçant, prêt à en découdre et à en finir. Il était suivi d'un Cherche-chemin, quelque peu hésitant, maintenant qu'il était plus proche que jamais de la fameuse sorcière. L'ancien voltigeur restait sur ses gardes. Il en avait trop vu, au cours de sa vie, pour se laisser berner par la beauté qu'irradiait la jeune femme.

L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ  -Récit terminé -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant