Chapitre 5, partie 3 : la Cité souterraine

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         Sur ce, le roi se leva, Cador et le sergent se levèrent à l'unissons. Lohrâ mit quelques instants à comprendre qu'elle devait se lever aussi.

ça aussi c'est de la politique.

Encore cette voix ! La jeune fille jeta aussitôt un coup d'œil à Cador, mais ce-dernier n'avait pas bougé d'un pouce. Pourtant, il gardait se satané sourire. "Assez" se dit mentalement Lohrâ . Le sourire de Cador s'élargit considérablement.

Troublant...

Peu après, les sièges furent enlevés, des tables disposés, suivis par des bancs. Des nappes, plus ou moins blanches, furent disposés. On préparait le repas du roi.

Maintenant que la plus grande partie de l'assemblée s'était évanouie dans la nature et qu'ils étaient plus tranquilles, Vellocastus s'approcha de Cador et se mit à lui parler doucement, tel un duo de conspirateurs.

" Je ne lui fais pas confiance.

- Confidence pour confidence, moi non plus. Même si ses paroles concernant son aide sont sincères, j'ai bien peur qu'il ne cède à la tentation d'aller piller la cache de la sorcière que nous avons affronté tout à l'heure Et là, d'autres ennuis nous attendrons.

- Qu'avait-elle donc en sa possession, cette maudite sorcière, pour que cela vous inquiète tant ?

- Très certainement une baguette des Saints.

- Une quoi, fit Lohrâ (signalant par la-même son entrée dans la conversation) ?

- Une baguette des Saints. C'est un objet magique extrêmement dangereux et au contraire de ce que son nom indique, elle ne permet de faire qu'uniquement de mauvaises choses. Expliqua Cador.

- Ha ? Comme quoi ?

- Hé bien, jeune fille, à, par exemple, transformer quelqu'un en un tas de chair informe, en monstre esclave de la volonté du porteur de la baguette. Et plus généralement à te faire souffrir dans d'abominables souffrances.

- Ha oui, quand même..."

Lohrâ s'imaginait déjà transformée en un monstre, comme la pauvre jeune femme rousse qu'ils avaient vu dans les tunnels. Quelle fin horrible. Elle adressa une petite prière à la déesse de la Vie de lui épargner un tel destin.

Elle se félicita également de ne pas être entrée dans cette fameuse cache. Elle aurait subit un sort peu enviable.

Bientôt la table fut fini d'être dressée et le repas était prêt. Et, c'est sur l'invitation du roi, que les trois improbables compères se rapprochèrent de la table et s'assirent, après le roi. Bienséance oblige.

Lohrâ s'attendait à ne voir qu'un pauvre bol de soupe, pleine de gruaux indéfinissables, en guise de repas. Elle fut surprise de voir arriver trois grands plateaux, remplis de viande, de légumes et de noix. L'odeur lui mit l'eau à la bouche et son estomac se mit soudainement à gargouiller. Il est vrai qu'elle n'avait pas mangé depuis quelques heures déjà et son estomac, ayant enfin capté son attention le lui fit savoir.

Pendant qu'on la servait, la jeune fille observa chacun des convives.

En plus du sergent et de Cador, il y avait quatre autres personnes invitées à la table du roi. Le premier, en face d'elle, était tout fin et sec, portant un bonnet rouge et bleu avec une plume blanche. Il parlait du nez et picorait plus qu'il ne mangeait ; il lui faisait penser à une cigogne. A la droite de la "cigogne", se tenait un homme robuste, aux épaules larges. Son veston de cuir était renforcé par des plaques d'acier, un écusson bleu, avec des épées rouges croisées, brodé au niveau du cœur. L'homme avait une mine patibulaire et mangeait voracement son repas, avec force bruit. Ensuite venait un troisième homme, robuste lui aussi, des lorgnons perchées au bout du nez, ses cheveux grisonnant tirés en une queue de cheval.

" Sire chevalier, sergent, jeune fille, permettez moi de vous présenter mes ministres, déclama le roi. Voici Farix, mon Grand Comptable, il s'occupe de toute l'intendance et des finances du royaume."

Farix salua de la tête chacun d'entre eux. C'était l'homme aux lorgnons et à la queue de cheval.

" A côté de lui vous trouverez mon ministre de la police. Monseigneur Dancionnos."

L'homme à la veste de cuir daigna lever les yeux de son repas un bref instant, afin de les regarder tour-à-tour. Ses yeux verts ne reflétaient rien d'autre que du vide à première vue, mais en y regardant de plus près, on pouvait y voir autre chose. Comme un fond extrêmement mauvais, caché au plus profond de cet homme, qui semblait tout à fait abject. Et pas uniquement parce qu'il était "ministre" de la police.

" Et enfin, mon ministre des affaires étrangères, monsieur Gorronius."

La cigogne se leva et s'inclina légèrement à l'écoute de son nom, afin de saluer à son tour les invités du roi.

" Un ministre des affaires étrangères, questionna le sergent ? Ici ?

- En effet, sergent du-dessus, répondit du nez la "cigogne". Nous entretenons des relations avec la cour du baron, la police de la cité, ainsi qu'avec quelques clans et tribus d'autres espèces alentour, tel les ogres de Gruluk le Barbare. Saviez-vous que les ogres...

- Voilà, sergent, coupa instantanément le roi, vous savez maintenant pourquoi nous disposons d'un ministre des affaires étrangères. Dès qu'il s'agit d'une affaire touchant à autre qu'un habitant de notre bon royaume souterrain, cela est du ressort de notre bon ministre."

Le roi adressa un formidable sourire au sergent, puis à la cigogne qui baissa, avec un air honteux, la tête vers son assiette. Apparemment, celui-ci semblait par trop bavard et avait dû avoir quelque problème par le passé.

" Alors comme ça, il paraît que vous vous rendez au château du baron, fit soudainement Dancionnos le ministre de la police.

- En effet, répondit Cador. Il semblerait qu'une sorcière ait pris possession des lieux et nous allons rendre justice, ainsi que libérer la cité de ce mal."

Cador arborait un grand sourire et avait un timbre de voix posé et doux. Lohrâ était perplexe car le molosse lui avait parlé sèchement et il y avait quelque chose de bizarre dans sa voix.

Ecoute, regarde et apprend.

Encore cette damnée voix !

Lohrâ commençait à en avoir marre de cette voix ! Qu'il ou elle se manifeste, plutôt que de se cacher et de lui faire de mauvais tours !

Pourtant, elle obéit à ce commandement, et elles écouta attentivement la discussion entre Cador et le chef de la police du roi des Petits Rats.

L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ  -Récit terminé -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant