Cador était entièrement à la merci de cette damnée sorcière. Nullement besoin de chaînes ou de corde pour l'entraver, la sorcellerie s'en chargeait. Mieux même.
D'un autre geste nonchalant de la main, la sorcière approcha le chevalier du parapet, afin qu'il pusse admirer le spectacle macabre se jouant en-dessous d'eux, dans la cité en feu. Cador vit alors les mouvements de troupes, aussi bien alliés, qu'ennemis, mais également l'incendie qui dévorait, tranquillement, la cité, avalant toujours plus de pâtés de maisons. Les clameurs des combats résonnaient toujours plus fort.
A la lueur des feux, Cador put, à certains moments, reconnaître des bannières impériales. A d'autres moments, il crut voir des bannières des Compagnies de Mercenaires, mais elles étaient portées par des hommes allant en direction du château. Le chevalier trouva cela étrange. Les étincelantes armures d'un escadron de chevaliers impériaux attira son œil. Il vit alors les nobles guerriers impériaux être taillés en pièces par les mercenaires, jusqu'au dernier homme.
Un véritable gâchis.
De ce qu'il pouvait voir, le chevalier devinait que l'affaire était mal engagée pour les troupes impériales. L'obscurité de la nuit l'empêchait de distinguer convenablement les étendards et les couleurs des uniformes. Toutefois, le sens de la marche suivit par les différentes troupes ne laissait aucun doute vers qui la bonne fortune des combats se tournait.
Et ça n'était pas forcément du côté impérial.
Une voix, douce et parfumée, lui parla :
« Magnifique, n'est-ce pas ? Demanda la sorcière.
- Tu es folle...
- Ha ? Aurais-tu fini de me vouvoyer ? Tant mieux. Après tout, j'en avais assez que tu t'obstines à mettre de la distance entre nous. Ce n'est pas comme si nous avions partagé notre vie durant quelques années.
- C'est toi qui est la cause de tous ces malheurs. Susurra Cador.
- Non ! Rugit la sorcière. »
Un lourd silence s'installa soudain. Même le bruit des combats sembla cesser.
«C'est toi et tes maudits principes, poursuivit-elle. Sans cela, Taliusos serait encore parmi nous. Il serait devenir notre meilleur rempart. A tous.
- Il n'aurait jamais été qu'un monstre comme toi !
- Il nous aurait tous protégé ! Mais tu l'as purement et simplement tué !
- Il avait trahis !
- Il avait choisis le meilleur chemin à prendre... Quand donc vas-tu cesser de garder les yeux clos ? Le vieux mage nous l'avait...
- C'était un traître ! Notre fils était un foutu traître ! Tout comme toi, tu as trahi ! Et comme lui, je te punirai. L'Ordre et la Justice triompherons. Tu n'es plus mon épouse, juste sa copie charnelle afin de me détourner, pour mieux m'abattre.
-L'Ordre et la Justice ? Vraiment ? »
La sorcière, à la chevelure noir de jais, se tourna vers la ville. Elle écarta les bras en croix, de manière théâtrale. Relevant la tête. Elle prit une grande inspiration.
Pendant un instant, on entendait que la clameur des combats dans la ville. Le sommet du donjon, lui, était tout à fait silencieux.
Puis, soudainement, la sorcière se tourna vers le baron félon. Ses yeux se tinrent de vert. D'un vert fantomatique. Elle semblait lancer un sort sur Von Hilden. Ce-dernier devint rouge, puis violet. Il commença par hoqueter de surprise, puis, se mit à suffoquer. Portant ses mains à sa gorge, il tentait, désespérément de faire lâcher prise à des mains invisibles, essayant d'avaler des bouffées de précieux oxygène. Ne pouvant respirer, le baron tomba à genoux.
La sorcière lâcha sa prise, permettant à Von Hilden de reprendre son souffle, toujours agenouillé au sol. Il avait cru que cette damnée sorcière ne soit en train de le doubler, mais elle n'avait peut-être eut que l'envie de le punir, à nouveau.
Puis, le regard toujours braqué sur le baron félon, la terrible magicienne se mit à rire, d'une joie cruelle. Elle semblait devenue totalement démente, comme possédée.
« Allons, mon très cher ami, avez-vous réellement cru que je vous tuerais de la sorte ? Ne vous suis-je pas promise pour un magnifique mariage ?
- Il m'a bien semblé, en effet. Rétorqua, sans se laisser démonter, le baron.
- Mais non voyons. Cela doit être plus majestueux tout de même. »
Etonné par ces derniers mots, le baron resta interdit un moment. Puis, comme elle levait la main dans sa direction, il comprit aussitôt ce que cherchait à faire cette damnée magicienne des arcanes maudites. Il ramassa prestement son épée et allait se jeter sur elle, quand il fut paralysé. Elle venait de lui lancer un sort. Entièrement à sa merci, le baron se sentit soulevé de quelques centimètres dans les airs, puis se rapprocher de la sorcière.
Un autre geste, et le voilà enchaîné par des liens de fer. Incapable du moindre mouvement de résistance.
Prisonnier, Von Hilden tenta, vainement, de se débarrasser de ces chaînes. Mais il ne pouvait pas même esquisser l'ombre d'un mouvement du petit doigt. Il ne pouvait que hurler sa frustration et sa colère. Ordonnant à la sorcière de le libérer.
Il lévita ainsi jusqu'au-dessus de la marmite de bronze.
Baissant légèrement la main, la sorcière le fit se mettre debout au milieu de la marmite. Le baron continuait d'invectiver après celle qui le trahissait.
« Tu me le paieras, sorcière ! Invectiva le baron. Sans moi, tu ne peux réussir !
- Silence ! Tonna la sorcière. Tu n'as jamais été qu'un faible pantin. Rien qu'un bon et fidèle petit shient.
- Un pantin ? Alors que je t'ai protégé des mages et des chasseurs de sorcières impériaux ? C'est vraiment tout ce que je suis pour toi ? Un pantin ?
- Ho allons, tu n'as quand même pas cru que je me sentais redevable envers toi ? Tu sais, tu n'es rien d'autre qu'un petit chefaillon de pacotille sans envergure. Tu rêves de gloire et de pouvoir, mais tu n'en n'es nullement digne. »
Le baron devint rouge de colère. Jamais on ne l'avait insulté de cette manière. Il se promit que, dans ce monde ou l'autre, il trouvera le moyen de se venger.
« Tu n'es que félonie ! Cracha le baron félon.
- Félonie, moi ? En es-tu véritablement sûr ? Je suis fidèle à mes principes et à mon époux. Quand bien même cela fait de nombreuses années que je n'ai pas passé un moment avec lui.
Le baron parvint à jeter un bref coup d'œil à Cador. Ce-dernier était encore trop faible pour agir autrement que par des mots. Toutefois, il tenta de se concentrer et de faire appel à la magie. Mais celle-ci ne se faisait pas sentir. C'est comme s'il était coupé de toute source de magie.
La situation empirait de façon exponentielle.
Lohrâ, cachée du mieux qu'elle le pouvait, à l'opposé de la marmite, était paralysée par la peur. Elle n'osait plus bouger, de peur d'être pris pour cible par la sorcière et de subir, elle aussi, un sort des plus funeste.
Cette-dernière jeta un sourire en coin au baron Von Hilden, puis, elle entonna un nouveau rituel. Psalmodiant des cantiques impies.
VOUS LISEZ
L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ -Récit terminé -
ParanormalAprès leur défaite, sorciers et guerriers Déchus sont retournés panser leurs plaies dans leur lointain pays. Ruminant leur défaite. Préparant leur retour sanglant. Toutefois, certains d'entre eux sont restés au sein de l'Empire, préparant le terrain...