Chapitre 9, partie 2 : Une Etrange Apparition...

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          Jetant un coup d'œil au sergent, le chevalier nota, non sans un certain amusement, la façon toute paternelle qu'avait ce-dernier envers la jeune fille. Vellocastus cherchait continuellement à protéger, envers et contre tous, la jeune Lohrâ, tout en cherchant à lui faire son éducation.

C'est en silence, que les trois hommes marchèrent à la suite de la jeune fille. Ils parcoururent plusieurs dizaines de mètres avant que Lohrâ ne s'arrête brusquement, et ne tourne la tête de gauche à droite. Visiblement à la recherche de quelque chose. Ou de quelqu'un.

Lohrâ, observant le monde qui l'entourait grâce à la magie, pouvait voir distinctement le tunnel, pourtant plongé dans les ténèbres. Pourtant, ce n'est pas encore cette magie là qui l'avait fait se mouvoir dans cette direction précise. Non. C'était encore, une autre forme de magie, plus animale, instinctive. Elle savait quel chemin prendre, toutefois, si on lui avait posé la question, elle n'aurait su dire pourquoi. Elle le savait, c'est tout.

Puis, elle se demanda si ses compagnons l'avaient suivi.

Se retournant, elle constata, non sans joie, que les trois hommes lui avaient emboîté le pas et qu'ils étaient juste derrière elle, attendant la suite du chemin.

Etant donné qu'elle observait le monde via la magie, les trois hommes étaient totalement différents que si elle les avait observé avec ses véritables yeux. En effet, ils étaient trois silhouettes de lumières, aux formes humaines, bien définies, mais légèrement voilées. Comme si elles les observait à travers de l'eau.

Ainsi, Cador était devenu une grande silhouette d'un blanc rayonnant, le sergent une rude silhouette argentée, tandis que leur guide, Cherche-chemin était une petite silhouette bleutée. Elle demanderait à Cador à quoi pouvait bien correspondre ces couleurs.

Puis, tournant à nouveau la tête, elle aperçut brièvement, du coin de l'œil, une lueur rougeâtre.

Lohrâ fit volte-face, dans la direction de la lueur, mais celle-ci avait disparu. Impossible pour elle de la retrouver.

La jeune fille commençait à se dire qu'elle avait certainement rêvé, lorsque la lueur réapparut soudainement. Aussitôt, Lohrâ verrouilla son regard dessus. De loin, cela ressemblait à un homme recroquevillé sur lui-même. La jeune fille décida d'aller voir.

Lohrâ, qui s'était tournée sur sa gauche, se remit en marche, droit sur le mur. Vellocastus l'attrapa par les épaules avant même que quiconque ait pu esquisser le moindre geste.

" J'vois quelqu'un par-là. Parla doucement Lohrâ, sans chercher à se libérer de l'étreinte du sergent."

Cador se pencha vers elle et lui demanda tout bas dans le creux de son oreille :

" Peux-tu me le décrire ?

- Il est sur ses g'noux. Il est tout rouge et on dirait qu'il pleure."

Cador ferma les yeux à son tour et se concentra, sentant aussitôt affluer la magie à travers son être. Il se projeta magiquement et vit à son tour, la lueur rougeâtre. Pourtant, pour l'avoir vu de ses yeux, un mur les séparait, eux et cette chose rouge. Modifiant sa volonté, Cador créa une sorte de braséro magique, permettant, non seulement d'illuminer le tunnel, mais également de révéler les choses cachées par une incantation ou un sort.

Se faisant, une partie du mur éclata comme une bulle de savon, laissant apparaître une pièce cachée aux yeux des non-initiés.

Rouvrant les yeux, le chevalier tira l'épée et s'enfonça en direction de cet homme, qui apparaissait magiquement en rouge.

Vellocastus et Cherche-chemin restèrent interdit devant l'éclatement de ce mur. A aucun moment ils n'avaient pensé qu'une pièce dérobée pouvait se trouver là, juste sous leur nez. S'il n'y avait eu les deux magiciens avec eux, ils seraient restés coincés à jamais dans ce tunnel, avant de mourir d'inanition et de devenir des âmes perdues, condamnées à errer dans ces tunnels lugubres pour l'éternité.

Emboîtant le pas à Cador et accompagné d'une Lohrâ dont les yeux étaient toujours clos et qui regardait à travers la magie, ils entrèrent dans la pièce.

Cador se rapprocha de l'homme. Celui-ci était recroquevillé en position fœtale, sanglotant et tremblant, en proie à une panique évidente. L'homme était vêtu de haillons et était si maigre, que l'on discernait les os de son crâne. Les quelques cheveux qu'il lui restait étaient noirs de jais. Il devait se trouver là depuis très longtemps, pour autant que Cador le sache. Autour de son cou squelettique, il portait une amulette en forme de crâne avec des épées croisées derrière.

Tous reconnurent le symbole affiché sur l'amulette. Il était uniquement porté par les membres d'un ordre de moines-guerriers. C'était donc l'un de ces prêtres du dieu de la Guerre et de l'Honneur, Agasios. On appelait communément ces moines : des prêtres-gardes.

Cador se mit à genoux , afin d'être au niveau de l'homme. Il observa ses yeux.

Le prêtre-garde avait les yeux fixé dans le vide. Il ne semblait pas voir le monde réel, mais plongé ailleurs. Dans un endroit où la mort et la folie règnent en maîtresses absolues, un monde bien plus terrible et bien plus immatériel. Il marmonnait des borborygmes ineptes, sans jamais reprendre son souffle.

" M'entends-tu prêtre ? Fit, impérieux, Cador."

Le prêtre-garde ne cilla pas.

" Est-ce que tu m'entends ? insista Cador.

- Arrêtez de parler. Murmura soudainement le prêtre. Vous allez les attirer...

- Qui ? Qui allons-nous attirer ?"

Le prêtre-garde tourna la tête vers Cador. Voyant le visage sévère du chevalier, il ouvrit encore plus grand ses yeux, bien plus qu'il ne peut être pour un humain, en temps ordinaire, une terreur sans nom s'emparait de lui, déformant ses traits. Il se releva prestement, un doigt inquisiteur pointé sur le groupe. Maintenant que le prêtre était debout, Cador put distinguer que le pauvre homme avait quelque chose d'enfoncer dans le corps, juste sous la peau au niveau du sternum, car une bosse, grosse comme le poing d'un homme adulte s'y trouvait. Une bosse peu naturelle.


L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ  -Récit terminé -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant