D'une passe, la sorcière désarma Cador, avant de le renverser sur le dos, d'une poussée magique. Le chevalier, désarmé, était désormais à la merci la plus totale de la sorcière. S'apprêtant à délivrer le coup de grâce, les yeux de la sorcière reflétait la plus grande des tristesses. Ne disant mot, son regard fixé dans celui du chevalier, elle leva son épée aux reflets violacés. Soudain, elle ressentit une terrible blessure dans le bas du dos.
Elle hurla de douleur.
Sa blessure, non seulement physique, la faisait, certes, souffrir. Mais elle était également magique, étiolant sa force, déchirant une partie de son âme. La douleur était atroce. Même pour une praticienne des arcanes maudites.
Elle se retourna vers l'origine de ce coup en traître. Elle ouvrit encore plus les yeux, de stupéfaction, comme elle vit la gamine, debout sur jambes, sans son stylet planté dans sa poitrine. La sorcière comprit aussitôt que le charme avait été rompu. Puis, levant les yeux au ciel, elle observa que la pluie avait cessé de tomber.
Son projet se retrouvait avorté. Elle ne pouvait l'accepter.
Pourtant, elle n'eut jamais le loisir de se venger, ni de remettre son projet en route, car elle ressentit une nouvelle, et plus terrible douleur, au niveau du ventre.
Baissant les yeux, elle vit l'Epée de Justice de Cador enfoncée jusqu'à la garde dans son ventre. Un froid intense l'envahit, comme elle sentait ses forces la quitter.
Ayant profité du moment d'inattention de la sorcière pour frapper, Cador venait de mettre un terme définitif aux méfaits de la sorcière.
Un grand tintement de métal contre la pierre vint briser le silence de la scène, comme les doigts de la sorcière lâchèrent l'épée de cette-dernière et qu'elle vint heurter le sol.
Ouvrant grand ses yeux, d'un iris marron noisette, des larmes coulèrent le long de ses joues. Même à l'agonie, elle restait une très belle femme.
Clignant des yeux, Lohrâ observa, sur le plan magique, qu'un changement s'opérait. L'hideuse vieille femme avait laissé la place à la belle jeune femme brune qu'elle avait devant elle. La jeune fille ne comprenait pas le moindre du monde ce qu'il se passait sous ses yeux. Elle se laissa tomber sur les fesses, totalement épuisée.
La sorcière dévisagea le chevalier et se mit à lui sourire.
« Tu sais... Je ne te mentais pas, lorsque je te disais que je ne voulais pas faire la Mal... Comme tu dis.
- Pourtant, regarde le massacre que tu as engendré. Et toutes ces vies que tu as prises, avant ce soir.
- Cador, je t'en supplie, écoute-moi (la voix de la sorcière se faisait de plus en plus faible) ... Ils reviennent... Cador Brycham, tu dois savoir... Ils reviennent...
- Qui revient ? Dis-moi qui reviens ? Les Grands Sorciers ?
- Les Grands Sorciers ont peurs... Ils font dans leurs braies, comme des mioches. »
Cador ne comprenait goutte à ce que disait la sorcière. Qu'est-ce qui pouvait bien effrayer, à ce point, les Grands Sorciers, les êtres parmi les plus puissants de ce monde ?
« Je suis désolée pour Taliusos... Notre fils... Je suis, tellement désolée.
- Tu avais raison, il aurait fini par trahir, dans tous les cas. J'aurai dû t'écouter bien avant.
- Tu sais... (La voix de la sorcière n'était plus qu'un murmure à peine audible) je meurs heureuse, car nous allons à nouveau être ensemble... Mon amour.
- Non (des larmes de douleur apparurent aux coins des yeux du chevalier), tu meurs, mais nous ne nous reverrons plus jamais...
- En es-tu si sûr ? »
La sorcière expira sur ces mots. Ses grands yeux noisette grands ouverts, de dernières larmes de tristesse vinrent couler le long de ses joues, blanchies par la perte de tant de sang.
Le chevalier Cador Brycham, membre de l'Ordre se mit à pleurer. La fatigue, la réussite de sa mission, mais également la perte qu'il venait de subir, ne lui permirent de se retenir. C'était trop. Une larme se forma au coin de son œil et coula lentement, très lentement.
Son épée de justice se mit à luire soudainement, comme elle aspirait l'âme de la sorcière, l'intégrant pleinement. Le chevalier ne put rien faire pour l'en empêcher. Il ne savait pas pourquoi, ni aucun des érudits de l'Ordre, son Epée de Justice avait la faculté d'aspirer les âmes de ceux qu'il tuait avec, parfois, ou bien de capturer les âmes perdues, avant qu'elles ne hantent un endroit.
Toutefois, un petit sourire se dessina sur le visage de Cador. Il comprenait maintenant les derniers mots de la sorcière. Désormais ils seraient à nouveau ensemble.
Sa femme et lui.
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Et voilà, nous y sommes enfin. La fin de cette aventure.
Mais il reste encore un dernier chapitre à lire, alors ne partez pas tout de suite !!
Et puis, une suite est déjà en cours de rédaction ;)
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L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ -Récit terminé -
ParanormalAprès leur défaite, sorciers et guerriers Déchus sont retournés panser leurs plaies dans leur lointain pays. Ruminant leur défaite. Préparant leur retour sanglant. Toutefois, certains d'entre eux sont restés au sein de l'Empire, préparant le terrain...