Chapitre 9, partie 4 : Une étrange apparition

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            " Tu... Ca...Ger... Sor..."

Lohrâ, perplexe, haussa les épaules, signifiant par là qu'elle n'avait pas compris ce qu'on lui disait.

La femme continua.

" Tu dois... mander à Cador... danger... sorcière de la..."

Lohrâ pencha la tête vers la femme. elle aurait pu la toucher si elle n'avait pas été intangible.

" Tu dois vaincre le prêtre et demander à Cador de ne pas détruire le médaillon du danger de la Sorcière de la Nuit."

Cette fois, la femme parlait distinctement et d'une voix douce, pourtant impérieuse et qui semblait ne souffrir aucun commentaire. Lohrâ ne comprenait pas de quoi elle parlait mais l'apparition ne semblait pas avoir fini de parler.

" Il faut le cacher ici ! Dans cette pièce, sinon tout aura été fait en vain.

-Mais de quoi parlez-vous ?

- Tu dois vaincre le prêtre..."

L'apparition commençait à disparaître, comme un nuage soufflé par le vent.

" Hein ?

- Vaincre le prêtre..."

Alors que l'apparition disparut définitivement, un bruit sourd, suivi d'un grognement haineux, se firent entendre derrière la jeune fille, la faisant sursauter et perdre sa concentration, laissant la magie disparaître et les ténèbres réapparaîtrent. Se retournant, Lohrâ eut la désagréable surprise de voir le prêtre-monstre entrer dans la pièce. Entre le moment où il avait disparu dans les tunnels et sa soudaine réapparition dans la pièce, sa mutation avait continuer et en guise de pieds il avait maintenant des sabots, ses jambes s'étaient remodelées pour adopter des angles bizarres et en total désaccord avec la physionomie humaine, mais plus approprié pour des sabots.

Mais cela importait peu à Lohrâ comme elle voyait le monstre arriver dans sa direction, avec l'intention, clairement affichée, de la broyer, puis de la dévorer.

Le monstre bavait du sang et portait des traces de lutte : plusieurs entailles faites à coups d'épée. Un de ses doigts avait été coupé et son œil droit avait fait la place à une balafre. Mais il était toujours debout et semblait plus haineux que jamais.

Et, dans un mugissement de tonnerre, il chargea.

Lohrâ ferma les yeux, mais, décuplé par sa peur, elle se fabriqua dans le même temps une barrière magique par réflexe. Barrière sur laquelle vint s'écraser le monstre.

Il glapit de douleur et se tordit bientôt au sol, car, non content de le repousser, le mur de magie dressé par Lohrâ grillait, littéralement, le monstre de l'intérieur et de l'extérieur, comme des arcs de magie pures venaient le frapper. Des mugissements de douleur et de peur résonnèrent dans la pièce et les tunnels. Ils guidèrent Cador, Vellocastus et Cherche-chemin qui découvrirent un spectacle étrange où la jeune Lohrâ, les yeux fermés, était en proie à une peur panique et à ses pieds, le monstre se tordant de douleur, agonisant d'atroce façon.

Plus par pitié pour le prêtre-garde qu'il fut autrefois qu'autre chose, Cador s'avança et décapita le monstre agonisant. Mettant un terme à ses souffrances et brisant le sort de Lohrâ.

Les hurlements prirent fin et une odeur de chair et de poils grillés empuantit rapidement la pièce.

Le chevalier n'en n'avait cure et s'approcha de la petite fille.

Elle avait timidement rouvert les yeux et son regard s'était arrêté sur la forme prostrée du corps du monstre, sa tête ayant roulée un peu plus loin. La pression retombant, elle se mit alors à pleurer toutes les larmes de son corps. Elle avait eu si peur. Elle s'enfuit dans les bras de Cador avant que ce-dernier ne puisse s'avancer davantage. Là, elle se laissa totalement aller. Elle n'était qu'une petite fille et Cador la consola en refermant ses bras sur elle, tout en l'apaisant par la magie.

La jeune fille se calma un peu et Cador se mit à sa hauteur, plongeant son regard droit dans ses yeux.

" Tout va bien maintenant jeune Lohrâ. Le danger est passé et tu as été merveilleuse.

- J'ai... Lohrâ renifla fort plusieurs fois. J'ai cru qu'j'allais y passer c'te fois...

- Mais tu es toujours là. Tu as terrassé ce monstre toute seule et par la magie.

- Mais vous allez devoir m'brûler aussi non ?

- Allons... Je t'ai expliqué que non. Au contraire, je vais te former pour qu'un jour tu deviennes une chevalier de l'Ordre, toi aussi. Et tu seras une grande guerrière, ça je peux te le promettre."

Lohrâ renifla encore un peu. Puis elle enfouit, à nouveau, sa tête dans le creux de l'épaule de Cador.

Après un instant elle essaya de reprendre sa contenance et regarda à nouveau Cador dans les yeux et lui raconta l'étrange apparition. Elle lui expliqua ce qu'elle lui avait dit et continua sur l'attaque du monstre.

Cador se contenta de hocher la tête puis de lui répondre "bien".

Puis, le chevalier se dirigea vers le corps sans tête du prêtre-garde. Il le tourna sur le dos et, produisant un poignard dans sa main droite, dégagea du sternum du mort un médaillon. Le chevalier le maintint à hauteur de ses yeux et tous purent le voir.

Il était de forme triangulaire et avait un œil en son centre. Il était fait d'or de Mélantonine, un or noir de jais que l'on retrouve surtout dans les principautés humaines d'Egélie. C'était un médaillon maudit et s'était de lui qu'irradiaient les Ténèbres

Vellocastus demanda alors de quoi s'agissait-il.

L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ  -Récit terminé -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant