Chapitre 13, partie 2 : Le Dernier Tunnel

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            Pourtant, ils n'attaquaient pas.

Cador s'en rendit compte aussitôt que Lohrâ le signala. Peut être avaient-ils une chance finalement. Cela allait être serré, mais ils pourraient peut être tous s'en sortirent vivant. A condition de réagir vite.

Observant une fois encore l'environnement, Cador nota à nouveau que la hauteur entre le sol et la voute était telle, que les kevnidenn pouvaient aisément y grimper et attaquées la tête en bas, se mettant pratiquement, hors de portée d'une riposte humaine. Toutefois, les canalisations sur les flancs étaient juste assez large pour que passe trois humains de front, et leur hauteur obligeait les kevnidenn à se tasser sur eux-mêmes pour pouvoir passer.

Là se trouvait leur unique chance de vaincre. Là, ils pourraient annuler l'avantage des kevnidenn et de leur stature.

Se tournant vers ses compagnons, Cador lui adressa à tous un sourire entendu. Il avait un plan.

" A mon signal, vous courrez le plus vite possible dans la canalisation à droite. Là-dedans on formera une ligne de défense. De là, on pourra reprendre l'avantage et abattre ces deux monstres à la cervelle putréfiée.

- Tant qu'on a une chance de vaincre, ça me va. Dit Vellocastus.

- Personnellement, la chance de survivre avec succès me sied bien mieux. Déglutit Cherche-chemin."

Force était à Lohrâ de reconnaître que Cherche-chemin avait diablement raison. Pourquoi risquer de se retrouver le ventre ouvert à coup de lance, lorsque vous pouviez tout simplement fuir et vivre ?

La petite fille déglutit bruyamment.

Saura t'elle suivre l'allure de ses compagnons ? Echappera t'elle à ces choses ?

Elle avait tellement peur, qu'elle faillit ne pas entendre le hurlement de Cador.

" Maintenant ! Courrez ! hurla le chevalier.

- Lohrâ, attrape ma main ! Cria Vellocastus en tendant un bras salutaire à la jeune fille."

En hurlant, Cador avait également relâché une attaque magique qui avait surpris les deux monstres et leur fait perdre de précieuses secondes pour attraper les intrus.

Plus portée qu'autre chose, Lohrâ suivait le mouvement, tant bien que mal. Comme ses compagnons, elle se faufila sous les pattes du kevnidenn en face d'eux et bifurqua, toujours accrochée au bras de Vellocastus, sur la droite. Elle sentait les larmes lui monter aux yeux. Elle allait mourir ! Et de la plus atroce des façons : en se faisant manger par une araignée géante !

Le sergent la souleva de terre pour la jeter, sans franchement la ménager, à l'abri derrière la faible ligne que formèrent les adultes. Lohrâ atterrit lourdement sur les fesses. En se relevant, elle se massa le bas du dos, car, dans sa chute, elle s'était fait mal contre les pavés du sol. Mais, lorsqu'elle releva les yeux vers ses compagnons, elles les vit en train de défendre chèrement leurs vies contre le premier kevnidenn.

Comme l'avait pensé Cador, les deux monstres s'étaient élancés à la poursuite des humains, mais, bien trop gros pour passer à deux dans la canalisation, ils se bousculaient et se gênaient mutuellement. Leur assaut devint brouillon et les deux lances d'or ne parvenaient pas à frapper correctement pour passer la garde des humains. De plus, étant des créatures mortes-vivantes, leurs capacités étaient déjà bien amoindris et sans sorcier pour les commander, seul leur instinct d'antan les faisait se mouvoir, de façon brouillonne.

Cela dit, ils n'en restaient pas moins dangereux.

Le kevnidenn a la tête nu réussis à s'imposer à son congénère et, tout en feulant, darda de sa lance vers la ligne humaine. Toutefois, ramassé sur lui-même et gêné par son acolyte mort-vivant, le kevnidenn ne parvint qu'à entamer la pierre au sol ou sur les murs, ses attaques étant bien trop maladroites.

Ne pouvant atteindre ses proies, le kevnidenn entra dans un état de rage absolue. Il s'agita de plus belle et attaqua derechef. Sa lance fut déviée par la défense des trois hommes. Puis, hurlant sa haine, le kevnidenn força le passage à l'intérieur de la canalisation, cherchant à atteindre, tant bien que mal, ses proies.

Ce qui devait causer sa perte.

Alors que Cherche-chemin et Vellocastus repoussaient les assauts maladroits et répétés du kevnidenn, Cador, lui, fit appel à sa magie. Fermant ses yeux physiques, il ouvrit son regard à la magie. Le chevalier pouvait voir deux silhouettes argentées, les âmes du sergent et de l'ancien voltigeur, affronter l'âme vert sombre du kevnidenn mort-vivant.

Le chevalier frappa magiquement, envoyant un raie de lumière blanche, uniquement visible que par la magie, droit sur le torse du monstre.

Le kevnidenn poussa un horrible hurlement de douleur : son âme maléfique de magie venait d'être blessée.

Souhaitant profiter d'avoir repris l'initiative, Cador garda toute sa concentration, ne se laissant pas perturber par un sentiment de satisfaction. Le chevalier fit chauffer, grâce à sa magie, son épée de Justice. Celle-ci se mit à luire d'un fin éclat argenté, puis, rapidement, elle devint plus brillante que le soleil d'un midi estival. Elle était désormais comparable à un rayon ardent , symbole de la justice impériale envers ses ennemis.

Poussant son cri de guerre, le chevalier Cador Brycham chargea le kevnidenn.

Le monstre, encore désemparé par l'attaque magique, ne put esquisser que quelques gestes de sa lance, cherchant gauchement à se protéger de l'humain qui l'attaquait avec tant de fureur.

Parant aisément ces coups de lance, Cador frappa le kevnidenn à l'abdomen. Frappa encore, et encore. Coupant plusieurs pattes, arrachant deux bras et entaillant le cuir du monstre profondément. Le monstre hurlait de douleur.

En effet, chaque attaque du chevalier était double, elle blessait aussi bien physiquement que magiquement. Lorsque Cador avait besoin de puissance, il pouvait charger en magie son épée de Justice, afin de pouvoir atteindre l'âme de son ennemi et infliger le plus de dégâts possible. La magie pure, qui, disait-on, venait de Lugdum lui-même, permettait de détruire le mal en profondeur, ou, tout du moins, de blesser une âme. Causant toujours plus de dommages.

Et, ce n'est qu'après avoir donné une quinzaine de coups, toujours plus puissants, que Cador eut finalement raison du monstre. Le kevnidenn s'effondra et se retrouva à la hauteur des yeux du chevalier. La fureur que l'on pouvait y voir fit frémir de peur même ce monstre mort-vivant.

Empoignant son arme des deux mains, Cador leva bien haut son épée puis la rabaissa, traçant un sillon argenté dans les airs, séparant la tête du kevnidenn de ses épaule, brûlant l'âme hurlante de magie noire qui avait élue domicile dans le corps de cette pauvre chose.

Dans de violents spasmes d'agonie, le kevnidenn se retourna sur le dos, ses tendons et ses nerfs se tendant, ramenant les pattes qui lui restaient vers son ventre. Le monstre était définitivement mort, tombé face à la fureur et la magie d'un homme.

L'autre monstruosité, ne faisant aucun cas du trépas de son frère de race, attaqua aussitôt qu'il vit le champ libre.

Se laissant surprendre, Cador parvint à dévier la pointe de la lance in-extremis. Cependant, se retrouvant déséquilibré, le chevalier tomba à la renverse au sol. Cette chute lui fut salutaire car, cela lui permit d'esquiver le coup de pince rageur qui aurait dût le cisailler en deux.

Hélas, se cognant la tête violemment, Cador sombra dans une semi-inconscience, incapable d'esquisser le moindre geste.

Il était à la merci du kevnidenn.

L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ  -Récit terminé -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant