Ses lèvres bougèrent, mais aucun son n'en sorti.
Surpris, Cador se racla la gorge et donna à nouveau la réponse. une fois encore, il ne put émettre aucun son. Il parvenait à bien former les syllabes de la réponse, mais pas un bruit ne se créait, pas même un borborygme.
A nouveau, la colère enfla en lui. Cador reconnaissait là la marque de la sorcellerie noire la plus abjecte qui soit, devinant toute la perfidie de la sorcière qu'il traquait. Ainsi, si quelqu'un voulait donner la bonne réponse, il ne serait plus doué de la parole, se condamnant ainsi. Qui sait combien de personnes ont pu tomber dans ce piège, les yeux emplis de terreur à la vue de leur soudaine aphonie. Ne souhaitant pas finir parmi tous ces visages, le chevalier devait trouver une parade, et vite.
Tandis que Cador cherchait un moyen de les sortir de là, Cherche-chemin continuait lentement, mais sûrement, à s'enfoncer dans le sol, les bras de pierre entravant toujours ses mouvements. Le tirant vers la damnation.
Lui aussi avait entendu l'énigme et essayait désespérément de donner la réponse, sans, non plus, parvenir à en prononcer les mots. L'homme était désespéré, mais continuait coûte que coûte d'essayer.
Le chevalier se concentra. Il existait forcément un moyen de pouvoir donner la bonne réponse.
" Tenez bon, voltigeur. Nous allons nous en sortir. Dit Cador."
Cherche-chemin ne répondit pas, trop terrifié par autant de magie maléfique autour de lui et voyant sa damnation prochaine se profiler rapidement.
Soudain, le chevalier comprit exactement ce qu'il se passait. Il n'y avait qu'un seul mot qu'aucun d'eux ne pouvait prononcer, à savoir la réponse à cette énigme. Toutefois, tous les autres mots sortaient de sa bouche sans aucun soucis.
Donc, il pouvait, à tout le moins, tenter de gagner du temps. Mais il réalisa aussitôt que plus il tarderait à donner la réponse et moins il aurait de chance de sauver Cherche-chemin.
Fermant les yeux, le chevalier se concentra. Il fit appel à sa propre magie et forma la réponse dans son esprit. Il donna mentalement plus de consistance à cette pensée magique.
L'âme.
La réponse est : l'âme.
Ayant donné assez de puissance à sa pensée, cette-dernière s'était faite entendre par tous dans la pièce. Avec sa magie, le chevalier était parvenu à passer outre son sens de la parole et à outrepasser les règles de la sorcière.
Il y eut d'abord un silence de mort, comme Cador avait donné la réponse, puis, soudain, les murs s'ébranlèrent et reculèrent à nouveau dans l'obscurité. Les bras de pierre lâchèrent Cherche-chemin qui se dégagea aussitôt, s'éloignant le plus possible.
La statue, qui avait baissé les bras et ramené son visage sans trait au niveau de Cador, fixa ce-dernier encore quelques instants. Puis, à son tour, elle disparut dans le sol, sans un mot. Bientôt, les deux hommes ne furent plus entouré que par un silence de mort et un grand vide. Les damnés étaient parti comme ils étaient apparus, laissant les deux hommes seuls.
Cador se tourna à nouveau vers la porte.
Il s'agissait d'une grosse porte, dont le bois avait pourri depuis bien longtemps et tombait maintenant en lambeaux. Sa poignée, un gros anneau en fer, était rouillée et usée par le temps. Qui sait depuis combien de temps cette porte était là. On pouvait très certainement commencer à parler en siècles.

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L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ -Récit terminé -
ParanormalAprès leur défaite, sorciers et guerriers Déchus sont retournés panser leurs plaies dans leur lointain pays. Ruminant leur défaite. Préparant leur retour sanglant. Toutefois, certains d'entre eux sont restés au sein de l'Empire, préparant le terrain...