Chapitre 14, partie 3 : Une Prison Dorée

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           Se souvenant des paroles du capitaine, Cador en conclut qu'ils avaient devant eux un petit répit afin de retrouver leurs armes. Le chevalier avait absolument besoin de son Epée de Justice.

Bien qu'il sache se battre avec une arme qui ne soit pas magique, la lame de l'Epée de Justice serait la seule à pouvoir véritablement détruire la sorcière et son engeance. Sans cette lame enchantée, la sorcière pouvait survivre, sous une forme ou une autre, au combat et réapparaître ultérieurement, et tout serait à refaire. Car, les sorciers avaient la fâcheuse tendance à se fabriquer un nouveau corps à partir de la magie noire, une fois leur corps physique détruit. Ou alors, ils utilisaient un donneur involontaire. Cador ne le savait que trop bien.

Le chevalier s'approcha à grandes enjambées de Cherche-chemin, et lui dit :

" Le baron est de mèche avec la sorcière. Il va falloir jouer serré.

- C'est bien ce qu'il me semblait. Mais, s'ils sont de mèche, n'auraient-ils pas laissé un ou plusieurs gardes devant notre porte ? Histoire d'éviter que nous ne nous échappions. En tout cas, à sa place, c'est ce que je ferai.

- Il y a de fortes chances. Allons le découvrir sans tarder."

Cador se rapprocha de la porte et se baissa au niveau de la serrure. Une clef y était logée. La porte avait été refermée sur le passage du capitaine, sans qu'ils l'aient entendu. S'ils cherchaient à l'ouvrir, ils risquaient d'être démasqués.

" La porte est fermée. N'allons pas leur mettre la puce à l'oreille.

- Certes chevalier, mais comment allons-nous récupérer nos armes ? Et découvrir où est cette sorcière ?

- Nous allons procéder autrement, dit dans un sourire en coin le chevalier."

Cador se concentra. Ejectant son double astral de son corps. Il put ainsi parcourir le château à la recherche de son épée.

Il erra ainsi, en silence, une heure durant. Se promenant impunément dans les couloirs, au nez et à la barbe des gardes qui étaient, bel et bien, de faction devant la porte de leur chambre. Il finit par retrouver leurs armes. Celles-ci étaient dans une salle des gardes près de l'escalier d'honneur.

Toutefois, alors qu'il s'apprêtait à tenter de retrouver la sorcière, le chevalier ressentit quelque chose de nauséabond, à la fois proche et lointain. Cette chose était un mal absolu. Néfaste. Puissant. Et dangereux.

Il ne mit pas longtemps à comprendre que la sorcière se trouvait effectivement dans le château. Les surveillant de très près. Elle avait dû ressentir la magie de Cador et, à son tour, se promenait magiquement dans les couloirs.

Le chevalier, ne voulant pas ruiner tous leurs efforts, ni se retrouver face à la sorcière prématurément, s'empressa de retrouver son corps. Il remonta dare-dare les marches de l'escalier d'honneur. Il suivit le chemin menant aux chambres des invités lorsqu'il la ressentit, plus qu'il ne la vit.

Une ombre noire. Emplit de peste, de cruauté, de bile. De mort.

La sorcière était là, au bout du couloir.

Le chevalier traversa la première porte qu'il trouva. Débouchant dans une chambre privée.

Elle était pauvrement décorée : un bureau sévère, deux chaises, une table de bois d'hêtre et simple lit à l'armature en fer venaient orner la pièce, elle aussi dépouillée de toute icône impériale ou religieuse.

Sauf que le chevalier n'était pas seul dans la pièce.

Il avait choisi la chambre du capitaine Ortius, en pleine "discussion" avec une des servantes du château.

Leurs vêtements traînant au sol, la jeune femme semblait expliqué au capitaine la meilleure manière de monter à cheval...

Le chevalier fut heureux de n'être présent dans cette pièce que de façon astrale. Sinon, les cris de la jeune femme auraient pu alerter tout le château. Toutefois, il lui tardait de quitter cette pièce.

Il attendit un peu, les "yeux" rivés sur la porte, faisant fi des ébats des amoureux derrière lui. Malgré la force des hurlements de la jeune femme qui semblait apprécier fortement la cavalcade.

Après avoir attendu quelques instants, le chevalier, ne ressentant plus la présence maléfique, se risqua à jeter un coup d'œil derrière la porte.

Passant la "tête" à travers la porte, Cador vérifia que le couloir était vide de toute présence malsaine.

Rassuré quant au fait que la sorcière ne l'ai pas repéré, il s'apprêta à quitter la pièce, lorsqu'il s'arrêta net. Une idée en tête. Se tournant vers le couple en plein ébat, il s'approcha du lit. Le couple ne pouvant nullement savoir que le chevalier était également là, avec eux, semblait tout prêt de finir leur affaire. Mais, attrapant le lit par le dessous, le chevalier le fit basculer sur le côté, le couple toujours dessus.

Fuyant aussitôt, tel un enfant malicieux ayant perpétré quelques méfaits à un pauvre cousin, Cador entendit tout de même les cris de panique de la jeune femme et les injures du capitaine.

La surprise avait dû être totale.

Une fois son corps, son véritable corps physique, regagné, Cador avala goulûment une grande bouffée d'air, puis explosa de rire.

Il savait qu'il avait agi tel un enfant, mais c'était là sa plus grande faiblesse : lorsqu'il pouvait faire de mauvais tours aux personnes mauvaises et fausses, il ne parvenait pas à s'en empêcher. Sans parler des lèches-bottes. Il se faisait plaisir. Et ce, peu lui importait les risques ou les conséquences.

Cherche-chemin s'inquiéta de voir le chevalier rire autant. Il ne pensait pas ça possible.

Lorsque le chevalier lui expliqua la cause de son hilarité, l'ancien voltigeur commença par pouffer, avant de rire aux éclats. Ils se tinrent par l'épaule plusieurs minutes durant. L'angoisse et l'anxiété dû à leur situation délicate s'évacuant naturellement par une bonne et franche rigolade.

Ils retrouvèrent leur sérieux petit-à-petit. Alors, ils échafaudèrent un plan pour faire une sortie cette nuit, récupérer leurs armes, se regrouper avec leurs compagnons et attaquer la sorcière et ses acolytes. Si possible, en trouvant de nouveaux alliés dans la place, afin de se faciliter la tâche auprès des mercenaires.

Puis, ayant encore trois bonnes heures à tuer devant eux, ils en profitèrent pour se délasser du mieux qu'ils purent. L'un après l'autre, ils profitèrent chacun d'un bain, l'eau chaude étant apportée à profusion grâce à un système de monte-charge qui était actionné après avoir tiré sur une petit clochette. L'ancien voltigeur, qui n'avait pas prit de bain depuis de nombreuses années, en profita pleinement. Puis, tandis que le chevalier méditait en silence dans l'eau, renouvelée, Cherche-chemin ferma les yeux quelques instants, dormant du sommeil du juste.

Cador sentait que cette traque prendrait fin très bientôt, certainement dans les heures à venir. Toutefois, il ne pouvait négliger l'hypothèse que sa proie allait sans doute s'échapper à nouveau, et alors, tout serait à refaire. Encore une fois.

Cependant, son instinct lui affirmait que non, la sorcière n'allait pas s'enfuir. Pas cette fois-ci. Le chevalier se demandait si, désormais, elle ne cherchait pas, simplement, à l'affronter, très probablement dans l'espoir d'en finir avec son poursuivant, une bonne fois pour toute.

Ou alors, c'était quelque chose d'autre. Que Cador n'avait pas encore découvert.

c)

L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ  -Récit terminé -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant