Chapitre 11, partie 3 : Une énigme à vous pétrifier

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            Les deux hommes découvrirent alors, qui poussaient ces gémissements. Prisonniers des murs, des visages humains de pierre ne cessaient de jacasser, de pleurer, de se disputer. Les visages d'hommes dont les âmes furent emprisonnées ici, par un quelconque maléfice. Ils étaient maudits pour l'éternité, condamnés à rester prisonniers de ces murs, sans aucun échappatoire. Et, de cela, rien, ni personne ne pourraient les sauver.

C'était un sort pire que la mort.

La statue reprit la parole, dont la voix se mit à tonner.

" Répondez-nous !

- Répondez-nous ! Reprirent en chœur les centaines de visages grimaçants, enfin d'accords sur ce qu'il fallait dire.

- A quoi voulez-vous que nous répondions ? Demanda finalement Cador, ayant compris qu'ils n'avaient pas d'autre option.

- Répondez à nos tourments...

- Que voulez-vous ? S'impatienta le chevalier.

- ... Ou rejoignez-nous !"

Jetant un regard circulaire sur la salle et les âmes damnées qui y habitaient, Cador ne parvenait pas à comprendre ce que ces êtres leur voulaient. Par contre, il avait parfaitement compris quel sort leur était réservé, si tout ce passait mal pour Cherche-chemin et lui. Il leur fallait, absolument, quitter cette pièce et au plus vite.

" Cherche-chemin ? Appela Cador.

- Oui, chevalier ? ( L'ancien voltigeur était extrêmement nerveux. Les voies jacassant sans cesse lui mettaient les nerfs en pelote, aussi, faisait il tout pour conserver son sang-froid, évitant de céder à la panique).

- Préparez-vous à courir..."

La statue vivante avait les bras lever au ciel, repoussant sa tête en arrière, comme pour invoquer quelque divinité inconnue des deux hommes. C'était exactement ce que le chevalier attendait.

"- Maintenant ! Hurla, à pleins poumons, Cador."

Le hurlement du chevalier fut tel que les visages se turent l'espace d'un instant, surpris par une telle force.

Les deux hommes se mirent à courir, le plus vite possible, espérant rejoindre la porte de sortie, de l'autre côté de la pièce, avant d'être définitivement piégés.

Soudain, des mains et des visages de pierre sortirent du sol. Tentant de les attraper et de les faire trébucher. Cador, tranchant de son épée magique plusieurs membres de ces êtres de pierre maléfiques, parvint jusqu'à la porte. Dans sa course, il écrasa ses bottes sur plusieurs de ces visages, certains avec une telle force, qu'ils disparaissaient sous le pavé.

Arrivant à la porte de bois, le chevalier en attrapa la poignée et la tira comme un forcené, la tourna dans tous les sens, mais rien n'à faire : la porte était close et bloquée. Ils étaient piégés !

Entendant un hurlement de terreur, Cador se retourna.

Il vit alors que Cherche-chemin était en très mauvaise posture. En effet, le pauvre voltigeur était tombé au sol et plusieurs bras l'avaient aussitôt enserré dans une étreinte qui risquait d'être mortel, et le traînaient dans le sol, afin qu'il les rejoignent dans leurs tourments et que son visage vienne s'incruster dans un de ces murs.

Le chevalier, voyant que l'ancien voltigeur ne pourrait se dégager seul, s'apprêta à se ruer à son secours lorsque la statue se mit en travers de son chemin, lui bloquant le passage.

" Répondez-nous ! Fit la chose

- Mais que voulez-vous savoir à la fin ? (le chevalier, qui avait toujours son épée à la main, s'apprêtait à frapper quand l'autre lui répondit, le prenant au dépourvu).

- Répondez à notre question et laissez-nous en paix.

- Alors posez-moi cette fichue question qu'on en finisse !"

Le fait qu'un chevalier de l'Ordre s'apprête à le découper en deux ne semblait impressionner outre mesure la statue vivante. Et le fait que ce-même chevalier fusse particulièrement en colère ne lui faisait pas plus d'effet.

Aussi, Cador dût il se rendre à l'évidence : il n'avait pas le choix et devait répondre à leur fichue question. En espérant que ces choses les laissent s'en aller, dès lors qu'il leur aurait répondu.

Levant à nouveau les bras au ciel et rejetant sa tête en arrière, la statue parla à nouveau. Sa voix, très grave, fit vibrer l'air ambiant, ajoutant encore un peu plus d'effroi à ce sinistre tableau.

" Je ne pèse rien, pourtant je suis nécessaire à la vie. Sans moi, je ne suis qu'une coquille vide, dénuée de sens quand à mon existence. On peut me rappeler, comme on peut me ravir. Certains la vendent, là où d'autres la sauvent. Mon prix n'est jamais le même. Qui suis-je ?"

Une énigme. Voilà donc le fin mot de l'histoire. Une simple et foutue énigme ! Cador se pinça le nez, tandis qu'il sentait sa patience mise à très rude épreuve. Ils étaient menacés de damnation s'ils ne répondaient pas correctement à cette simple et unique question. C'était à devenir fou !

Ne souhaitant pas se laisser aller à la colère, le chevalier expira profondément plusieurs fois, afin de faire retomber le début de colère en lui. S'énerver ne lui servirait à rien d'autre qu'à les condamner plus rapidement. Il réfléchit quelques instants à cette énigme, afin d'en trouver la solution.

Cette énigme lui semblait trop facile. C'en était inconvenant. Il avait envie d'en rire, tant la solution était simple à trouver. Elle était évidente. A tel point que même un enfant de quatre ans y serait parvenu à la trouver en seulement quelques secondes.

Cette énigme était très certainement la plus aisée qu'il ait jamais entendu.

L'âme. La réponse c'est l'âme. Se dit-il.

Le chevalier se sentit rassurer et donna la réponse.

L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ  -Récit terminé -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant