Retenant toujours son bras, Cador gardait les yeux fixés sur ceux de la jeune Lohrâ. Puis, comme sortant d'un sommeil profond, il répondit de façon un peu vague.
" Où étiez-vous passé ? Nous vous avons perdu de vu à un moment et lorsque nous nous sommes retournés, vous aviez disparu.
- Ben... Commença Lohrâ. En fait, on a eu...
- Je me suis tout simplement assommé chevalier, intervint Vellocastus. En cherchant à fuir le fantôme, j'ai chuté, et si la jeune Lohrâ n'avait été là, je serai mort à l'heure qu'il est. Cette petite est une véritable tueuse de créatures maléfiques.
- Tueuse de créatures maléfiques, interrogea Cherche-chemin.
- Assurément, elle est parvenue à terrasser l'esprit grâce à son poignard, expliqua Vellocastus."
Le chevalier regarda droit dans les yeux du sergent, il avait du mal à croire qu'une petite fille de huit ans soit capable d'un tel prodige. Pourtant, le regard de Vellocastus ne cillait pas. De plus, il n'y avait nul besoin d'user de magie pour comprendre que le sergent ne mentait pas. Il était un guerrier bien trop fier pour mentir ainsi et inventer une telle histoire.
Cador vit également que le sergent avait désormais un comportement un brin paternaliste avec la jeune fille. Il cherchait à la protéger, comme s'il protégeait sa propre fille.
Baissant les yeux sur la jeune fille, Cador vit le rouge monter aux joues de Lohrâ alors qu'elle était l'objet de toutes les attentions. Apparemment, cette histoire semblait véridique, bien qu'incomplète, et là encore, nul besoin d'être magicien pour le savoir. Cador finirait par connaître toute l'histoire, d'autant plus que celle-ci l'intéressait au plus haut point, comme tout ce qui touchait de près ou de loin à Lohrâ. Cette petite avait un potentiel, de cela, Cador en était intiment convaincu.
Mais pour l'heure, il leur fallait sortir de ces damnés tunnels, avant d'être tuer. Cador se tourna vers Cherche-chemin.
" Pouvez-vous vous repérer, maintenant, voltigeur ?
- Oui, répondit celui-ci après une petite inspection visuelle de l'endroit où ils se tenaient. Il nous faut prendre le tunnel le plus à droite.
- Impossible que ce soit celui-ci, dit Vellocastus, nous y sommes passés tout à l'heure, en fuyant le fantôme, et nous sommes tombés sur une grande pièce avant d'arriver ici.
- Pourtant, je vous assure que c'est bien par-là. Soutenu Cherche-chemin. C'est par ici que je suis passé il y a deux mois, pour aller au château.
- Nous vous suivons Cherche-chemin. Décida Cador avant de se tourner vers Vellocastus. Sergent ? N'oubliez pas que jusqu'à présent, nous avons été les jouets des pièges de la sorcières. Maintenant que nous les avons vaincu, ils se sont effondrés et la réalité a reprit ses droits."
Se rendant aux explications du chevalier, le sergent finit par hocher la tête. De toute manière, il avait hâte de pouvoir sortir, enfin, à l'air libre. Par les dieux, ces tunnels lui tapaient plus que de raison sur les nerfs.
Il ne regrettait pas sa décision d'aider le chevalier dans sa quête, mais il lui tardait de pouvoir, à nouveau, sentir la caresse du vent dans les cheveux, de contempler les grands espaces ouverts par-delà les murs d'enceinte de la cité, et de pouvoir se promener dans les rues, sans craindre qu'un quelconque monstre ne vienne pour le tuer et le dévorer.
Suivant Cherche-chemin, le petit groupe se remit en marche, dans le plus grand silence et tous les sens en alerte. Cador usa de sa magie pour explorer plus avant le chemin qu'ils devaient suivre, afin de déceler la moindre menace. Et ce, le plus tôt possible.
Ils marchèrent ainsi plusieurs heures durant. Ils découvrirent plusieurs salles sur leur chemin, mais pas le moindre monstre ou piège qu'aurait laissé la sorcière. Certaines de ces salles étaient vides, d'autres encore possédaient un mobilier au bois vermoulu et aux draperies moisies. Certaines avaient des râteliers d'armes rouillées et émoussées. D'autres encore avaient dû voir de durs combats se dérouler autrefois, car dans celles-ci, le mobilier était en parti réduit en morceaux et des restes de combattants, morts depuis plusieurs siècles, jonchaient le sol.
Après avoir traversé ainsi, une dizaine de ces salles, Cador décréta une halte comme ils rentraient dans une onzième salle. Les évènements qu'ils venaient de vivre aujourd'hui avaient été des plus éreintants, aussi, devaient-ils se reposer. Et, devant les protestations du sergent, le chevalier expliqua également, qu'une petite fille, pas du tout habituée à ce genre d'équipée, les accompagnait et qu'elle devait, ne serait-ce qu'elle, se reposer. Vellocastus se tourna vers Lohrâ, dans l'espoir de voir une grande fille, à même de poursuivre la route. Mais, se faisant, il se rendit compte à quel point le chevalier avait raison. Lohrâ avait une mine des plus épuisée, bien que déterminée à suivre les adultes.
Toutefois, elle ne pourrait pas aller bien plus loin sans risquer de s'effondrer. Elle n'était pas habituée à un tel rythme.
Hochant la tête, Vellocastus approuva le chevalier. Ils posèrent leurs sacs au sol et commencèrent leur inspection de la pièce.
Le chevalier, bien qu'ayant déjà inspecter magiquement la pièce, laissa ses compagnons l'explorer et la "sécuriser" tout de même, afin qu'ils soient rassurés par eux-mêmes. Cador avait l'habitude, après avoir passé des années avec des personnes n'ayant aucune aptitude à la magie, quant au fait que les gens avaient besoin de se rassurer eux-mêmes.
Comme ils inspectaient la pièce, ils notèrent que celle-ci était plus petite que celles qu'ils avaient traversé précédemment. Les murs de pierre était vierges de toute inscription ou décoration. Des débris d'armes et les restes de combats vieux de plusieurs siècles étaient bien disséminés de ça et de-là, mais aucun corps, ni squelette ne reposaient ici. Seule décoration, une grande fontaine à l'effigie d'un énorme poisson stylisé était sise au centre de la salle. Hélas, le système qui amenait autrefois l'eau à s'écouler par cette fontaine avait dû être détruit ou gravement endommagé, il y a bien longtemps. Aussi, plus aucune eau ne coulait depuis cette fontaine, peut être depuis des siècles.
S'approchant de la fontaine, Lohrâ se demanda tout de même qui avait bien pu mettre une fontaine ici, dans les profondeurs de la cité et pourquoi. Ça n'avait aucun sens, personne ne venait jamais ici... Mais, sans doute, ne le saura t'elle jamais.
Bientôt, tous purent se rendre compte que la salle était sûre.
S'asseyant en cercle, ils sortirent des bâtonnets de viande séchée et commencèrent à manger. Buvant un peu d'eau, afin de faire passer l'horrible goût de ces affreux bâtonnets. Puis, les trois adultes se répartirent en quart, afin de veiller sur le sommeil des autres. Vellocastus prendrait le premier, suivit de Cador, puis Cherche-chemin prendrait le dernier tour.
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L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ -Récit terminé -
ParanormalAprès leur défaite, sorciers et guerriers Déchus sont retournés panser leurs plaies dans leur lointain pays. Ruminant leur défaite. Préparant leur retour sanglant. Toutefois, certains d'entre eux sont restés au sein de l'Empire, préparant le terrain...