Chapitre 13, partie 1 : Le Dernier Tunnel

57 8 0
                                    



            Ayant fini de prendre leur petit-déjeuner, quand bien même le petit groupe n'avait pas la moindre idée de l'heure qu'il pouvait bien être, et encore moins de quel jour, la jeune Lohrâ parti rouler sa couverture, imitant en cela les adultes qui étaient déjà prêts à repartir.

Ceci fait, la jeune fille les rejoignit et ils se mirent à nouveau en route, marchant à travers de nouveaux tunnels, guidés en cela par Cherche-chemin. Deux heures passèrent ainsi. Ils traversèrent d'autres salles vides, plusieurs couloirs sordides, froids et abandonnés. Mais ils ne firent aucune mauvaise rencontre.

Puis, les murs commencèrent à s'écarter toujours plus. Bientôt, ils débouchèrent dans un tunnel assez large pour l'emprunter à dix de front. Deux écoulements fait de pierres grises, permettaient à de l'eau plus qu'usagée, de traverser le couloir. Sur les côtés, tout du long de ce couloir, six énormes entrées arrondies partaient vers d'autres profondeurs sous la Cité, emmenant au travers de rigoles, l'eau croupies vers quelque égout oublié. De cet endroit se dégageait une forte odeur d'œuf pourri qui faisait tourner légèrement la tête.

Lohrâ fit une moue dégoûté, et poussa un énorme "beurk" en tirant la langue.

Le chevalier fit stopper le petit groupe. Faisant basculer son sac de son épaule, il fouilla rapidement à l'intérieur et en retira quatre morceaux de tissus et un petit flacon contenant un liquide bleuté. Il imbiba les morceaux de tissus de ce liquide et les distribua à ses compagnons, leur expliquant que les gaz en suspend dans la pièce pourrait très bien les tuer s'il venait à être plus concentrés plus loin dans le couloir. Et ces morceaux de tissus, une fois noués devant la bouche et le nez, permettait de filtrer ces gaz toxiques.

Personne, pas même Vellocastus, ne râla lorsqu'il fallut mettre les chiffons. Lorhâ, bien que dubitative, noua tout de même son morceau de tissus. Aussitôt, elle ne sentit plus l'odeur d'œuf pourri, sa tête commença à ne plus lui tourner, ses idées redevenant claires. Avec l'innocence des enfants, elle en fit l'observation à ses compagnons. Bien que la moitié de leurs visages fut désormais caché par les chiffons, elle put tout de même voir les larges sourires se dessiner.

N'attendant pas plus longtemps, le chevalier fit remettre le groupe en route. Il expliqua que les effets protecteur n'étaient pas éternel et qu'ils devaient rapidement traverser ce couloir toxique.

Ils venaient de dépasser deux des canalisations secondaires lorsqu'apparut le premier monstre.

Sortant d'une des autres canalisations secondaires, d'énormes pattes se déplièrent et un monstre, moitié homme, moitié araignée se dressa sur leur chemin. Faisant près de trois mètres de haut, le monstre possédait le torse d'un homme adulte bien bâti. Possédant une tête humaine également, il était pourtant chauve et possédait trois paires d'yeux, luisant d'un rouge sinistre et maléfique. Le reste de son corps était arachnéen. Un caparaçon, autrefois d'un argent étincelant, était harnaché à son abdomen. La chose avait quatre bras humain, dont les deux inférieurs étaient terminés par des pinces géantes et difformes, les deux autres portaient une énorme lance en or.

La chose qui leur barrait le passage feulait et crachait une haine sans bornes sur les intrus. Son regard menaçant braqué sur eux.

Les trois adultes sortirent leurs lames des fourreaux, le sergent passant son bouclier devant lui. Lohrâ, elle, sortit en tremblant son poignard. Elle n'aimait pas les araignées et encore moins les araignées géantes, quant bien même elles étaient aussi à moitié humaines.

Cador examinait cet adversaire lorsqu'un nouvellement feulement se fit entendre, venant de derrière eux cette fois.

Tournant la tête derrière lui, le chevalier découvrit qu'un deuxième monstre, également mi-homme, mi-araignée, venait de sortir d'une des canalisations qu'ils avaient dépassé, les prenant au piège.

Le second monstre portait le même style de caparaçon et était armé d'une même lance que le premier. La différence la plus notable était que le second monstre portait en plus des colliers de pièces d'or autour de la tête et du coup, qui descendait ensuite sur son torse musclé.

Dans un soupir de résignation, Cador lâcha :

" Ça devient intéressant..."

Les deux monstres ne faisaient pour l'instant que grogner et feuler sur le groupe d'humains, se montrant ostensiblement menaçant, sans pour autant attaquer.

Le chevalier était persuadé que dès lors qu'ils bougeraient, les deux kevnidenn se jetteraient sur eux. Malheureusement, les humains n'avaient pas les armes adéquates pour affronter de tels monstres et ne disposaient pas de la marge de manœuvre pour se défendre correctement, ou n'en serait-ce que donner l'illusion. Le chevalier Brycham jura entre ses dents, souhaitant également avoir des lances, hallebardes ou mousquets sous la main pour pouvoir abattre ces monstres. Hélas, ils n'avaient que leurs épées et un pistolet.

Il ne comptait pas le poignard de Lohrâ.

Réfléchissant à toute allure, le chevalier ne parvenait pas à trouver de solution dans l'immédiat. Peut être ne seraient-ils pas si nombreux que ça à affronter la sorcière, à l'issue de ce combat. Car, si Cador se savait avoir de bonnes chances de vaincre, grâce à ses dons magiques, ce n'était pas le cas des autres, même si la jeune fille possédait un don, elle n'avait pas l'entraînement nécessaire pour en user au mieux et n'était, après tout, qu'une petite fille de huit ans.

Vellocastus lui demanda soudainement :

" Avez-vous déjà affronté pareilles créatures, chevalier ?

- Il y a une dizaine d'années, oui. Et vous ?

- Oui, une fois. C'était pendant la Grande Guerre des Sorciers. Mais nous étions alors toute une compagnie pour combattre cinq bestioles. Et nous avions des hallebardes. Peu d'entre nous ont survécu ce jour-là...

- Et vous voltigeur, demanda Cador ?

- Non... Jamais... Je ne savais même pas que ce genre de saletés pouvait exister. Qu'est-ce donc que ces monstres ?

- Ce sont des kevnidenn . Ou, des hommes-araignées pour la plupart des citoyens impériaux. Ils vivent normalement dans les forêts au sud-est de l'Empire et n'en sortent que très rarement. Bien que les kevnidenn soient surtout des savants et des artistes, ce sont aussi de redoutables guerriers. Leurs principales faiblesses sont sous l'abdomen, au niveau du cœur et la tête.

- Et si votre kevnidenn est déjà mort, où se trouve sa faiblesse ? Est-ce comme pour les vectitöden ? Demanda Vellocastus.

- C'est-à-dire sergent ?

- Voyez, poursuivit Vellocastus en pointant son épée sur le buste de l'homme-araignée devant eux. Les blessures qui ne sont pas refermées, le sang qui a coagulé et ces yeux rouges, injectés de sang. Normalement, ces êtres ont des yeux noirs. Or ici, je pense que nous avons à faire à des créatures mortes réanimées par la magie.

- Finement observé sergent. Félicita Cador. Il va falloir s'y prendre autrement. Cela dit, c'est plutôt une bonne nouvelle pour nous.

- Pourquoi ? Demanda Cherche-chemin.

- Parce qu'ils sont comme les vectitöden de l'autre nuit. Bien plus fragile mort, que de leur vivant. Un bon coup, bien placé, sur le crâne ou à un endroit assez faible et l'âme de magie noire habillant ce corps est aussitôt renvoyée dans l'Outre-Monde.

- Mais pourquoi qui z'attaquent pas ? Demanda soudainement Lohrâ."

En effet, bien que le petit groupe d'humains soient à leur merci, les deux kevnidenn n'avaient pas esquissés le moindre geste d'attaque envers le groupe. Ils se contentaient de rester à cracher et feuler leur haine et leur colère, continuant à se montrer menaçants et à barrer le passage.

Hj

L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ  -Récit terminé -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant