Chapitre 19, partie 1 : A La Recherche de Laura

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            Vellocastus eut à se battre.

A se battre, encore et encore. Défendant sa vie à chaque fois, qu'il faisait face à un nouvel adversaire. Parfois, même, plusieurs d'un coup.

Mais, il parvint à triompher de chacun d'entre eux, leur faisant rendre gorge. Toutefois, son bras fatiguait. Ses blessures légères devenaient par trop nombreuses. Le vieux sergent savait qu'à un moment, ses forces lui feraient défaut et il commettrait l'erreur qui lui sera fatale. Il tomberait alors. Non sans honneurs, mais un mort est moins utiles à ses amis, qu'un vivant.

Au détour d'un couloir, Vellocastus tomba, nez-à-nez , avec une dizaine de corps de soldats réguliers de la garnison du château. Ces hommes étaient tombés dans des guet-apens mercenaires et n'avaient, à priori, pas réussi à emmener avec eux quelques uns de ces salopards de mercenaires.

Frappés, alors qu'ils ne s"y attendaient pas, les soldats s'étaient fais tailler en pièces.

Pourtant, Vellocastus découvrit que l'un d'entre eux respirait encore.

L'homme avait été blessé au ventre. Heureusement pour le soldat, le coup n'avait pas été assez violent pour voir ses tripes se répandre sur le sol, mais la blessure était principalement interne. Vellocastus ne put rien faire d'autre pour le soldat, hormis le mettre en position semi-assise contre le mur.

Le sergent devait continuer à avancer, aussi, la mort dans l'âme, il dût abandonner là le soldat. Espérant, et priant, pour que ce soit d'autres soldats réguliers qui trouvent ce blessé en premier. Car, si c'étaient des mercenaires, ceux-ci se contenteraient de finir le travail.

Reprenant sa course effrénée dans les couloirs du château, le vieux sergent savait que la jeune Lohrâ était quelque part dans cette partie du château. C'était l'aile réservée aux visiteurs de marque et ses compagnons lui avaient soutenu que la jeune fille n'avait pu être emmenée qu'ici. Mais, chaque porte qu'il défonça ne donnait que sur des pièces inoccupées, ou bien ne contenant que les cadavres de combattants des deux camps.

Parfois, il tombait sur des mercenaires. Ceux-ci restant légèrement perplexes de se retrouver face à ce fou suicidaire. Et il dut prendre ses jambes à son cou plus d'une fois. Refusant les combats inutiles. Ou, bien trop risqués pour lui, à l'image du moment il se retrouva face à une vingtaine de soudards de la Compagnie Blanche. Vellocastus avait déjà disparu depuis longtemps lorsque ces hommes comprirent qu'ils n'avaient pas eu une hallucination.

Finalement, après bien des difficultés, le sergent grimpa encore deux étages, débouchant alors sur un couloir, extrêmement sombre.

La puanteur de la sorcellerie empestait tout l'étage.

Une sorcière n'était pas loin. Sûr de chez sûr.

Plus prudent que jamais, Vellocastus s'avança dans le couloir, l'épée levée, le bouclier redressé devant lui, scrutant le moindre recoin d'ombre. Se tenant sur ses gardes au moindre bruit suspect.

Tournant à l'angle du couloir, il ne fit pas tout de suite attention aux morceaux de statues cassées, traînant un peu partout dans le couloir.

Manquant de s'étaler au sol en marchant, justement, sur un bras en pierre, Vellocastus commença par jurer avant de distinguer plus nettement le bras. Qui lui parut, aussitôt, curieux.

Il avait été cassé au niveau de l'épaule de la statue. Mais, le plus curieux fut que ce bras était habillé d'une tunique, déchirée, aux couleurs des Forces Régulières de la cité. Qui habillerait donc une statue ? Le sergent ramassa le bras et l'examina plus minutieusement : des reliefs indiquaient l'endroit exacte des os, nerfs et veines du bras et de la main. La statue avait dût être parfaite, avant sa détérioration.

Un frisson remonta le long de l'échine de Vellocastus lorsqu'il vit sur sa droite le reste du corps de la statue. Il reconnut aussitôt les traits du sergent Héliosos. La vérité lui coupa le souffle, comme s'il avait reçu un coup de poing, bien sentit, dans le ventre.

Il ne s'agissait nullement de statues disséminées à ses pieds, mais bien de valeureux combattants tombés au combat contre une ou plusieurs sorcières.

Et il y avait au moins une vingtaine de ces statues.

Le sergent déglutit et songea en premier lieu à fuir cet endroit maudit. Mais, se souvenant brusquement de la jeune Lohrâ, il stoppa net son geste et décida de continuer. Il devait la sauver.

La pauvre petite devait être morte de panique, cachée quelque part, attendant que l'on vienne la tirer de ce guêpier. Du moins, l'espérait-il.

Pour autant, l'idée, terrible, que la jeune fille ait été blessée, ou même pire, hantait le vieux sergent.

Reprenant son avance, cette fois sur la pointe des pieds, et sursautant au moindre bruit suspect, Vellocastus ouvrit plusieurs portes, les unes après les autres. Toutes les chambres qu'il trouva étaient vides. Perdant peu à peu espoir de ne jamais revoir Lohrâ, il arriva devant la dernière porte.

Prudemment, le sergent souleva le loquet et entrouvrit le battant.

La pièce, là aussi, était vide.

Soupirant de lassitude, Vellocastus s'apprêtait à faire demi-tour lorsque quelque chose, sur le lit, attira son attention : un poignard d'argent.

Vellocastus le reconnut aussitôt. C'était le poignard qu'avait offert le roi des Petits Rats, à Lohrâ. La jeune fille s'était donc trouvée dans cette pièce, à un moment donné. Mais, depuis combien de temps n'était-elle plus ici ? Et où était-elle donc maintenant ?

Autant de questions, sans aucune réponse.

Vellocastus voulut en savoir plus.

Entrant de plein pied dans la pièce, le sergent se mit en devoir de fouiller la pièce, espérant trouver quelque indice, quant à savoir ce qui avait pu arriver à la jeune fille.

Après avoir entièrement retourné la pièce, il ne retrouva rien d'autre que le poignard.

L'examinant de plus près, le sergent ne décela nulle trace de sang dessus. Elle ne semblait donc pas s'en être servi. Ou bien, n'en n'avait-elle pas eu le temps. Vellocastus était en proie au doute le plus absolu.

Etait-elle vivante ? Ou bien, avait-elle été tuée ? Mais, si elle était vivante, où avait-elle bien pu aller ? A moins, qu'elle n'ait été capturée par l'ennemi ?

Vellocastus sentait la folie le gagner, avec toutes ces questions sans réponse. Il se jura, néanmoins, de châtier ceux qui auraient fait du mal à Lohrâ. Qu'elle soit vivante ou non.

Ainsi, c'est l'œil plein de haine, et l'esprit remplis de fureur, qu'il s'en retourna pour sortir de la chambre.

Il s'arrêta aussitôt. Une frêle et sombre silhouette, encapuchonnée, lui barrait la route au-travers de l'encadrement de la porte. Se tenant là, parfaitement immobile. Sans un son.

La silhouette était vêtue de haillons, la recouvrant tel un linceul, mais crasseux. Extrêmement sale. Ces vêtements cachaient entièrement la personne en-dessous, dont les traits du visage se trouvaient, soit sous une épaisse capuche, soit dans l'ombre de cette-dernière. Il était impossible pour Vellocastus de savoir s'il avait à faire à un homme ou une femme, malgré que la silhouette fut très mince.

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L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ  -Récit terminé -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant