Le prêtre-garde se mit à hurler de terreur. Ses hurlements se changèrent en cris de douleur lorsque ses doigts mutèrent soudainement, pour devenir des griffes acérées d'une trentaine de centimètres de long. Sa mâchoire inférieure muta, elle-aussi, se prolongeant pour laisser pousser deux grandes défenses courbes.
Ecumant de rage et de peur, la chose qui était encore un homme, quelques instants plus tôt, chargea en mugissant.
Se jetant sur le côté, Cador hurla un "attention" au reste du groupe. Hélas, dans cet espace confiné ils n'avaient pas beaucoup d'endroit où se cacher.
Evitant la charge, Cador roula au sol afin de toujours faire face au monstre. Cherche-chemin, lui, n'avait rien perdu de ses réflexes d'ancien voltigeur, ni de son agilité acquise à cette époque, il sauta sur le côté, étant tout juste effleuré par une des défenses de la monstruosité.
Lohrâ, voyant la scène par le biais de sa vision magique, était totalement hypnotisée par la scène se jouant devant elle. L'homme à l'éclat rougeâtre s'était en un instant changé en une gigantesque ombre noire, avec pourtant un point en son centre qui irradiait une couleur rouge sang. La jeune fille voyait cette ombre se diriger sur elle au ralentit, quand elle sentit un choc violent sur son côté droit, la faisant perdre le contrôle sur sa vision magique et lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle ne discernait plus que les ténèbres du monde réel, ainsi que des mugissements coléreux et bestiaux.
Vellocastus, réagissant d'instinct, s'était mis sur la trajectoire du monstre lorsqu'il avait violemment poussé Lohrâ sur le côté, afin de sauver la petite fille d'une mort tragique. Se faisant, il avait exposé son flanc à l'ancien prêtre-garde et reçut la charge. Le sergent vola sur deux mètres, avant de retomber, dans un nuage de poussière, sur le sol de terre de la pièce.
Vellocastus se releva tant bien que mal. Son côté droit le faisait souffrir mais heureusement, le monstre n'avait pas eu l'élan nécessaire pour augmenter sa puissance d'impact, son bouclier et son armure furent suffisant pour protéger le courageux sergent des défenses du monstre.
Ce-dernier, arrivé au bout de la pièce, fit volte-face et, dans un mugissement de emplit de haine, il chargea derechef. Ses yeux, rouges sang, fumaient littéralement. La haine qu'il éprouvait était telle, qu'elle pouvait être perçu par n'importe qui.
Cador, ayant sortit son épée du fourreau, le cueillit d'un revers de sa lame, mais celle-ci vint seulement rebondir sur une des défenses, ne produisant qu'un grand tintement, sans plus de résultat. Toutefois, la lame étant, pour ainsi dire, d'essence divine et magique, son contact sembla irriter le monstre qui prit prendre peur et s'enfuit dans les tunnels.
Le chevalier s'élança aussitôt à sa poursuite, conscient de ce qu'il se cachait dans la poitrine de l'ancien prêtre-garde.
" Il ne faut pas le laisser s'échapper ou nous sommes perdus !" hurla t'il à ses compagnons.
Malheureusement, le monstre était parvenu à disparaître, malgré tous les bruits qu'il faisait, dans la noirceur des tunnels.
Jouant de ses dons pour la magie, le chevalier Brycham se mit en chasse. Il avait un monstre à attraper, l'âme d'un prêtre à délivrer et une mission à mener à bien. Sondant magiquement les ténèbres, il localisa le monstre, s'élançant aussitôt à sa poursuite, talonné de près par Vellocastus et Cherche-chemin.
Lohrâ demeurait seule dans la pièce.
Hésitante, la jeune fille s'approcha timidement du tunnel. Elle passa une tête tremblante par l'ouverture dans le mur et regarda de droite et de gauche, espérant voir la lueur d'une des torches de ses compagnons. Hélas, les seuls torches qu'elle distinguait furent les torches fixées au mur, immobiles. Le silence régnait, seulement brisé de temps à autre par un mugissement monstrueux au loin et par le bruit de ses pas.
La jeune fille s'engagea dans le couloir et prit la direction du tunnel bloqué. Se sentant soudain très seule et toute petite, elle chercha à se concentrer à nouveau pour faire réapparaître la magie. Mais, la peur l'étreignait tellement qu'elle n'y parvint pas et finalement elle abandonna l'idée. Elle était seule, perdue dans les Ténèbres de tunnels maudits et sans autre défense que le petit poignard d'argent offert par le roi des Petits Rats.
Elle se dit qu'elle ne reverrait jamais plus le jour, ni ne sentirait à nouveau la caresse du soleil sur sa peau, ni celle du vent, apportant son air frais. Elle allait mourir ici, son âme viendrait alors rejoindre celle des autres égarés et hanterait ces lieux pour l'éternité. Ce qui lui paraissait un peu trop long.
Soudain, elle eut comme un picotement désagréable à la base du cou et se retourna brusquement. Elle entrevit une lueur fantomatique rentrer dans la pièce qu'elle venait de quitter et où ils avaient trouvé le pauvre prêtre-garde. Lohrâ retourna dans la pièce.
Mais il n'y avait rien, ni personne. La pièce était totalement vide. Elle avait halluciné. Sûrement un des effets de sa terreur.
Pourtant, elle prit la décision d'arrêter d'avoir peur. Elle essaya, alors, de se concentrer une nouvelle fois, afin que la magie la guide à nouveau. Elle s'aida de son souvenir de Cador lui posant une main bienveillante sur l'épaule. Un sentiment de sérénité afflua en elle et lui permit de laisser la magie parler. A nouveau, elle était parvenue à faire reculer les ténèbres, illuminant magiquement la pièce et tout ce qui l'entourait.
C'est alors qu'elle vit, assise au fond de la pièce, une jeune femme, d'une lueur blanche éclatante. Ses traits n'étaient pas déformés comme pour ses compagnons et le prêtre-garde. Elle n'était pas bien grande, mais elle avait ses longs cheveux noués en une queue de cheval, son visage, rond et allongé, lui donnait un air joyeux naturel. Elle avait un nez légèrement retroussé et une cicatrice fine lui barrait le visage au niveau de l'œil droit, du haut de l'arcade sourcilière jusqu'à la joue. Elle portait une armure finement ouvragée, des protection pour les avant-bras ainsi que pour les tibias. Sa cape lui pendait des épaules et venait recouvrir à moitié le blason qu'elle portait sur son épaulière gauche. Lohrâ ne put le distinguer clairement. Une grande épée, ainsi qu'un court poignard, du même genre que celui qu'elle possédait, étaient accroché à sa ceinture.
La jeune fille fut totalement surprise lorsque l'apparition leva ses yeux sur elle, comme si elle pouvait également la voir. La femme fixait Lohrâ intensément.
Pourtant, la jeune fille n'en n'avait pas peur. Cette apparition semblait même lui rappeler quelqu'un. Mais alors qui ? Elle n'arrivait pas à trouver.
Lohrâ s'avança vers la femme, sentant qu'il n'y avait aucun danger. Ce sentiment était sûrement dû au fait qu'elle était d'une lueur blanche éclatante. La femme se mit à lui parler, dès lors que Lohrâ se fut assez rapprochée. Mais sa voix était étrange. Comme si elle parlait à travers l'eau. Ses mots passèrent mal.
*)t0U

VOUS LISEZ
L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ -Récit terminé -
ParanormalAprès leur défaite, sorciers et guerriers Déchus sont retournés panser leurs plaies dans leur lointain pays. Ruminant leur défaite. Préparant leur retour sanglant. Toutefois, certains d'entre eux sont restés au sein de l'Empire, préparant le terrain...