Chapitre 23, partie 1 : Le Sursaut

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            Alors que Cador parvenait au sommet du donjon, accompagné de Cherche-chemin et de trois soldats impériaux, dans les rues de la cité de Gervaldburg, les combats faisaient rage.

Les morts et les blessés se comptaient déjà en milliers.

Tandis que les renforts de troupes fraîches vinrent mettre à mal les efforts, colossaux, des troupes impériales encore en état de se battre, la situation n'avait de cesse de devenir critique pour ces-derniers. En effet, purement et simplement balayés par endroits, ou bien tués jusqu'au dernier, les soldats impériaux n'avançaient plus. Ce fut, uniquement, grâce à leur courage et leur discipline, que les derniers vestiges des Forces Régulières de Gervaldburg n'avaient pas encore rendu les armes. Grâce à cela, si par endroit, il arrivait aux impériaux de triompher, le temps de traverser une rue, une ruelle, à d'autres, ils purent tenir leurs rangs, parvenant à contenir les mercenaires et leurs bannières magiques.

Mais, la marée de traîtres, grassement rétribuées par le baron félon Von Hilden, ne semblait jamais vouloir s'arrêter. Et, là où un mercenaire tombait, transpercer par les coups des armes impériales, deux autres prenaient sa place.

Lors de leur charge, les mercenaires avaient été protégé par la magie émanant de leurs bannières protectrices, créant comme une bulle de magie, entourant les guerriers.

Cependant, lorsqu'ils arrivèrent au contact, cette bulle de magie protectrice intégra, naturellement, les soldats impériaux, aussi, les mercenaires ne durent plus compter que sur leurs talents martiaux et leurs armures ouvragées, pour survivre. De plus, leurs mangonneaux restant ne pouvaient plus tirer sur les impériaux, du fait que les boulets de fer venaient s'écraser contre ces bulles de magie. Irritant les artilleurs à la solde du baron félon.

Le corps-à-corps vira, presque aussitôt, à la boucherie générale.

Le sang se mit à couler dans les rues de la ville, comme jamais auparavant. Bien que Gervaldburg ait connu son lot d'atrocités et de guerres, jamais on n'avait atteint de tels niveaux de tueries. C'étaient de véritables rivières de sang qui se formaient dans les rues de la cité, redescendant le long des rigoles, avant d'aller se perdre dans les égouts de la cité. Des corps sans vie restaient là où ils étaient tombés, parfois les yeux ouverts, d'autres fois, sans leurs yeux, car crevés lors d'un ultime coup fatal.

Les hommes mourraient. Les hommes s'entretuaient. S'étripant furieusement, ne connaissant aucun repos, jusqu'à l'anéantissement complet d'une des armées.

Tandis que lui et ses hommes repoussaient une nouvelle vague des mercenaires, le seigneur-général Dacios put contempler le prix, exorbitant, qu'il fallut payer, en vies humaines, pour réussir. Les rangs ennemis semblaient infinis. Tant, que le désespoir commença à se faire une petite niche au fond de son esprit, lui susurrant d'ignobles choses, sapant ses forces et sa volonté. Mais, l'arrivée de renforts, formés à partir des troupes tout juste ralliées, un peu plus bas en ville, lui redonna un brin de courage.

Peut être allaient-ils tenir leur rang, du moins, assez longtemps pour que de véritables renforts prennent le relais et ne viennent à leur secours.

Hélas, force lui fut de constater que la situation devenait, de plus en plus, intenable.

L'ennemi était bien trop puissant et nombreux, alors que la résistance qu'offraient Dacios et ses hommes n'était qu'une sorte d'îlot de résistance, de courage et d'espoir, au milieu d'un océan de fureur et de haine. Et cet petit îlot, à son tour, sera bientôt emporté loin, par le flot des traîtres.

L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ  -Récit terminé -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant