Chapitre 12, partie 3 : D'affreux cauchemars

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            Lorsqu'elle reporta à nouveau son regard sur le jeune garçon, celui-ci avait disparut. A sa place, se tenait maintenant un énorme guerrier à l'armure rouge. Une énorme cape en peau humaine lui drapait les épaules. Lohrâ pouvait y discerner les visages grimaçants de précédentes victimes. Son casque n'avait qu'une simple fente horizontale pour les yeux, ceux-ci luisaint d'un rouge terrible. Une énorme hache à double tranchant et surmonté d'un crâne humain pendait à sa ceinture, à laquelle étaient également accroché divers trophées macabres, tels des crânes plus ou moins décomposés. Le rouge sur son armure était en grande partie dût au sang séché qui avait bien pu y gicler lorsqu'il avait tué ses adversaires et ses victimes désarmées.

L'énorme guerrier s'ébranla soudain et s'avança doucement vers Lohrâ.

La jeune fille, terrassée par la peur, ne pouvait esquisser le moindre mouvement.

Bientôt, le guerrier fut sur elle. La dominant de toute sa hauteur. Il baissa son énorme casque diabolique vers elle. Elle pouvait sentir tout le maléfice en lui. Il n'était pas un homme. Si jamais il l'avait été.

Le guerrier grogna puis d'un seul mouvement attrapa sa hache et la leva bien haut. S'apprêtant à frapper. S'apprêtant à prendre une nouvelle vie et un nouveau trophée.

Lohrâ hurla lorsque la hache s'abattit.

Elle se réveilla en sursaut.

Des perles de sueur lui coulait le long du visage et du dos.

La jeune fille se rendit alors compte qu'il ne s'agissait que d'un cauchemar. Elle soupira, encore effrayé par les souvenirs de ce cauchemar. L'image du grand guerrier s'estompa progressivement, mais le sentiment de peur était toujours là, même bien après qu'elle eut oublié le physique de ce guerrier tout droit sortit des Premiers Mondes.

Se sentant observée, la jeune fille tourna la tête et s'aperçut alors que Cador l'observait depuis un coin de la pièce. Elle poussa de côté sa couverture et alla rejoindre le chevalier. Elle se sentait le besoin de lui parler de ce cauchemar.

Cador la regarda s'approcher. Il était assis en tailleur, l'épée posée sur les genoux. Son grand chapeau à plumes toujours vissé sur la tête. Il avait l'air totalement détendu, comme si leur environnement souterrain ne l'affectait pas outre mesure. C'était l'homme le plus spéciale que Lohrâ eut jamais rencontré.

" Et bien Lohrâ, aurait on fais un cauchemar ? Demanda Cador comme la jeune fille s'était approchée.

- Ben... Vi... Encore l'même truc. Enfin... Presque.

- Et j'ai comme l'impression que tu vas me le raconter n'est-ce pas ? "

Lohrâ hocha vigoureusement la tête avant de s'assoir à côté du chevalier. Elle réfléchit un instant avant de commencer à raconter ce terrible cauchemar, et ce, dans les moindres détails. Faisant un effort de concentration, la jeune fille commença à raconter son cauchemar, et, au fur et à mesure qu'elle parlait, tout lui revenait en mémoire, le sang, la ville en feu, Adiscius, le guerrier géant... Tout au long de son récit, la jeune fille vit le chevalier rester de marbre, l'écoutant religieusement.

Puis, lorsqu'elle eut finit de raconter, un silence s'installa. Cador avait les yeux rivés sur la jeune fille, ce qui donna la chair de poule à celle-ci. Elle se demandait si elle ne faisait pas légèrement petite pleureuse en allant raconter tout ça à un vieux guerrier comme le chevalier.

Cador se mit à parler. Employant une voix douce et paternelle.

" Jeune fille, je pense vraiment que tu as un don très particulier. Tu es aussi très courageuse et tu as affronté des périls que bien des adultes n'auraient jamais pu combattre. Toutefois, comme tout le monde, tu fais de simples cauchemars.

- C'est jamais qu'un cauchemar alors ?

- C'est un simple cauchemar oui. Et tu devrais retourner te reposer. Qui sait ce qui nous attend demain. Nous avons besoin d'être éveillé et en forme.

- Oui mais... Et si j'refais un d'ces cauchemar ? S'inquiéta Lohrâ."

La perspective de refaire ce cauchemar hantait véritablement la jeune fille. Ce rêve était trop prenant, trop vrai. Trop terrifiant.

Le chevalier lui adressa un sourire plein d'empathie. Et d'une simple pensée, insuffla comme un souffle de magie apaisante à Lorhâ. Celle-ci se détendit aussitôt, à tel point qu'elle se mit à bailler.

" Ne t'inquiète pas, jeune Lohrâ. Si jamais tu devais refaire ce rêve, pense à ceci : tu es forte et tu as ton poignard d'argent. Tu peux me croire, il ne s'agit pas de n'importe quel poignard. Ne le perds jamais. Car, même dans tes rêves, il pourrait te sauver."

La jeune fille ne comprit pas tout ce que venait de lui dire le chevalier, mais toujours est-il que son ton l'avait rassuré. Et elle trouvait qu'il faisait bien meilleur dans la pièce aussi.

Lohrâ sentit subitement sa tête devenir très lourde, et elle s'effondra sur le chevalier. Alors, l'espace d'un instant, un court instant, elle eut l'impression d'avoir à nouveau un père qui la protégeait. Cet instant ne dura pas car elle s'endormit très rapidement, blottis contre un chevalier qui ne savait pas quoi faire de cette petite fille qui l'enlaçait comme un bébé enlace son doudou.

Ce fut lorsque Vellocastus la secoua gentiment que la jeune fille daigna enfin se réveiller. Les cheveux en pagaille, une moue boudeuse et encore à moitié endormi, la jeune fille tentait de remettre de l'ordre dans ses idées.

Elle se souvenait vaguement d'avoir fait un très mauvais rêve et d'avoir parlé au chevalier. A moins qu'il ne se fusse agit d'un rêve aussi. Car elle croyait s'être rendormis dans les bras de Cador. Alors, pourquoi était-elle enroulée dans sa couverture ?

Les trois hommes étaient debout depuis quelques temps déjà. S'ils avaient été seuls, ils seraient repartis depuis longtemps, mais unanimement, ils avaient décidé de rester encore un peu, afin de laisser Lohrâ, une enfant de huit ans tout de même, dormir encore un peu.

C'est que c'était une sacré aventure pour une enfant.

L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ  -Récit terminé -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant