Chapitre 14, partie 5 : Une prison dorée

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            Les discussions reprirent leur cours dès lors que le baron se fut assis.

L'humeur ambiante semblait être à la plus grande joie. Comme il sied à un repas de fête. Toutefois, tous ne semblaient pas la partager. Le soldat, à l'air maussade, à côté de Cherche-chemin donnait l'impression d'être quelqu'un de totalement abattu.

Cador chercha à en savoir plus.

Le chevalier se concentra sur les pensées du militaire. Laissant la magie se filtrer à travers l'esprit du militaire, il découvrit qu'il s'agissait du commandant en second des Forces Régulières de la cité. Si l'homme avait été prématurément usé par sa charge de travail, ce n'était pourtant pas la raison de son abattement. Non, il y avait autre chose.

Le chevalier poussa plus avant son investigation mentale. Ce qu'il découvrit n'était en rien engageant.

L'homme pensait à la misère se développant, de façon galopante, dans la ville, alors que la haute société se donnait dans le luxe et le stupre. A toutes ces familles dépossédées qui avaient disparues dans les taudis, ou dans les tunnels sous la cité, avec les autres miséreux. Il pensait à ses soldats, tenaillés entre leur honneur martial et leur devoir envers leur famille qui n'avait, pour beaucoup, plus aucun moyen de se nourrir, écrasées sous les taxes et les impôts divers.

Cessant là ses recherches mentales, Cador se pencha vers le militaire. il voulait engager la conversation et avoir d'autres informations, si possible.

" Commandant ? C'est bien cela ? Vous me semblez bien soucieux pour un soldat en temps de paix. Des troubles avec la soldatesque ? Le peuple ? Des Déchus ?"

Le commandant tourna un visage fatigué vers le chevalier. Il ne répondit pas tout de suite. Puis, d'une voix grave et puissante, mais étrangement douce en même temps, il dit :

" J'ai peur que nous n'ayons pas été présenté, monsieur. Dit-il en accentuant sur le monsieur."

Avec un grand sourire amusé, Cador se présenta. Le militaire hocha simplement la tête en guise de salut.

" Chevalier, je me nomme Aeron Tolis, commandant en second de la Grande Garnison de la cité de Gervald.

- Et bien commandant, vous me semblez des plus soucieux. Auriez-vous de si gros problèmes ? La ville est-elle à ce point menacée ?

- Bien plus que vous ne l'imaginez... Soupira le commandant. Le peuple et les soldats meurent de faim, mais d'énormes banquets sont organisés plusieurs fois par semaine et la cité paye à prix d'or plusieurs régiments de mercenaires. C'est de la folie !

- En effet... Mais les impôts ne parviennent pas à combler les déficits et permettre la mise en place d'une soupe populaire, comme cela est stipulé dans la Loi Impériale ?

- Les impôts ? Avec quoi croyez-vous que sont payés les mercenaires ? Grogna le commandant. Il n'y a pas cinq jours que le baron a fait lever un nouvel impôt. La cité est au bord des émeutes généralisées. Et lorsque l'heure du choix sonnera, qui croyez-vous que nos soldats réguliers choisiront de protéger, entre la haute société qui s'affiche luxueusement devant une population affamée et entre leurs familles, justement, affamées ?

- Allons, allons chevalier, ne vous laissez pas avoir par les fables de cet "homme". Dit soudain une voix au timbre désagréable."

Cador se tourna vers celui qui venait de s'immiscer dans leur conversation. Il s'agissait de l'énorme juge Czingorvald. Ce-dernier souriait de toutes ses dents jaunies et pour certaines, totalement noires et pourries. Sans qu'il n'en ressente la moindre douleur apparemment. Ni la moindre gêne.

L'Epée de Justice, livre I : Lohrâ  -Récit terminé -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant