De Rock et de Feu

12.

Un sommeil tout sauf réparateur plus tard, mon téléphone m'exhorte de mon sommeil en m'indiquant qu'un message attend d'être lu. Mon réveil lui m'indique qu'il est presque midi et que je dois me bouger si je ne veux pas me pointer en retard chez Bob.

Alors, je rectifie. Pas un message mais quatre, tous de Béné :

Salut. Tu m'en veux pas trop pour hier ?

Hein ? Tu me fais la gueule ? Attends, je vais me rattraper. Je t'invite au ciné ce weekend :)

T'as rien dit aux vieux hein ? T'es la meilleure frangine du monde. Tu dors ?

Mo demande si on verra ta tête de reuss vénère à la prochaine soirée. T'as pas le choix, faut pas le contrarier ! ;)

Mes doigts n'ont pas envie de pianoter sur les touches de mon téléphone, alors je me contente de lui dire qu'on verra...

Le genre de réponse vague que je déteste recevoir, mais adore lui envoyer. Je me demande si elle a croisé les parents ce matin, ce qu'ils se sont dit (en tout cas, s'ils l'ont massacrée silencieusement, je n'ai rien entendu) et dans quel état elle est. Nauséeux, vaseux et l'esprit embourbé.

Je connais. Rien de plus cradingue comme sensation. J'exagère, il y en a des millions d'autres, mais je n'ai pas envie d'évoquer déjà ce matin certaines de mes sensations cradingues passées.

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- Salut Mon P'tit Bout, comment tu vas ?

- Comme un mardi, Bob.

- C'est une réponse de vieux ça. T'as des petits yeux. Fait la fête hier ?

- Non, ma frangine l'a faite pour moi.

Et je me mets à lui raconter ma fin de soirée vraiment naze de hier. En insistant sur l'admiration d'Antoine sur la bibliothèque musicale de mon père.

- Qu'il vienne ici, je vais lui montrer ce que c'est le rap !

- Bob !!

Bob a du rap dans sa boutique ? Il en écoute ? Mes sourcils relevés ont dû parler pour moi :

- P'tit bout, je suis du même avis que ton père. La vie ne se résume pas qu'au Rock. Il existe tellement de genres, qu'un mélomane se doit de découvrir, même si a priori, il n'est pas fait pour.

- Bob ! Vous ne jurez que par les Who, les Stones, ACDC et Hendrix !

- Et alors ? Ton père est fan des Beatles, Queen et Pink Floyd, ça ne l'empêche pas d'avoir été voir Prince à Nice en 90 !

Et bim, Ambre. Tout le mythe « Live Only for Rock » autour des deux héros mâles de ma vie tombe à l'eau.

- P'tit Bout, je suis disquaire. Je vends de tout. Alors j'écoute de tout.

- Même de la techtonik ? je ris.

- Euh, non, ça non, répond-il en se fendant d'un petit clin d'œil.

Après notre discussion, un client est entré réclamant l'original des Ramones, de 1976, leur tout premier « skeud ».

Ça y est, me voilà à causer le racaille.

Ambre, on ne juge pas non plus sur une manière de parler. Ton père ne t'a-t 'il vraiment rien appris ?

Reste que tout ce que Bob m'a dit tournoie dans tous les sens dans mon cerveau. Je n'avais jamais pensé à m'ouvrir à autre chose qu'au monde du rock. Déjà si vaste, pourquoi s'emmerder à aller ailleurs ? Mon père écoutant du funk, le funk de Prince me donne envie de réitérer mon expérience rap.