De Rock et de Feu

19.

Tellement bien que finalement, quand ils me proposent une soirée chez Flav, je refuse poliment. Ken marche loin devant, sans s'arrêter. De la fumée vole autour de lui. Plus condensée que celle des autres fumeurs, un peu comme s'il fallait épaissir encore plus le mystère autour de cet étrange personnage.

-    Tu taffes pas demain, non ?

-    T'as mon emploi du temps dans ton téléphone, ou quoi ? je demande à Mo.

-    C'est ta reuss qui me l'a dit.

-    Je suis crevée, j'ai mal bouffé, et j'ai de la vaisselle et du linge qui m'attendent.

-    On se voit demain, alors ? questionne Flav, visiblement très déçu de me voir les abandonner.

-    Si tu veux, j'ai répèt juste à 18 heures.

-    Je t'appelle.

Il me sert alors dans ses bras, très fort, comme un ami le ferait, et je profite pleinement de ce câlin amical plus qu'inattendu. Maintenant qu'il veut s'en aller, c'est moi qui le serre fort. J'ose laisser mes yeux divaguer vers le groupe au loin et vois alors Ken nous observer, battant le pavé de ses pieds, sur place.

-    On t'attend, Flav. Bonne soirée.

-    C'est toi qui me retient, miss. Prends soin de toi !

-    Oui, tonton Flav !

Un bisou sur mon front plus tard, je remonte les escaliers de l'immeuble et m'attends à retrouver tout le monde endormi. Hélas, non, une scène de ménage grandeur nature se déroule dans le salon. Ma sœur hurle, mes parents aussi, enfin surtout mon père ; ma mère elle est en robe de chambre, un peu dépassée par les évènements.

-    Ah te voilà, crache ma sœur. T'étais où ? Avec qui ? Mon mec ?

-    Ouhla, Béné, on se calme. T'es pas ma mère non ?

-    Ambre, s'il te plait, répond à ta sœur qu'on puisse retourner se coucher.

Ne me dites pas que ma frangine a réveillé mes parents à minuit pour hurler comme une forcenée parce que sa grande sœur n'est pas encore rentrée et qu'elle suspecte d'être avec son mec. Je rêve, là. J'aurais mieux fait de partir avec les garçons. Au lieu de ça, me voilà accusée de je ne sais quel merdier. J'implore du regard ma sœur de se calmer et d'aller dans sa piaule, je l'y rejoints de suite.

-    T'étais où ? me crache à son tour mon père. Encore avec cette racaille ?

-    Papa, je soupire, s'il te plait, ce n'est pas de la racaille. Ce sont des mecs qui vivent pour le rap, comme toi et moi vivons pour le rock. C'est un peu différent en soi, mais finalement, on est semblables.

-    T'as fumé ? m'interroge-t-il au bord de la syncope

-    Des racailles fument forcément, c'est ça ? Non, papounet, je n'ai pas fumé. Tu sais très bien que non. J'aurais préféré d'ailleurs.

-    Comment ça, rétorque-t-il sur la défensive.

-    Plutôt que d'ingurgiter ce satané grec qui va me faire gerber cette nuit.

Détendu par ma remarque, il claque de rire avant de m'ordonner d'aller m'expliquer, dans le calme, avec ma sœur.

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Béné, sous la couette, les yeux rougis par les larmes me fusille du regard. Mon peloton d'exécution sera finalement la chambre de ma sœur. Complètement différente de la mienne. Comme ma sœur finalement.

-    Béné, c'est Flav que j'ai vu, et après, bon bah, y avait les autres, je pouvais pas les envoyer balader non ?

-    Donc il se passe un truc avec Flav, alors ?