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Je salue Löelia qui part rejoindre son Darryl, de gros sacs sous le bras, et décide de fêter ma « séance cadeau de Noël d'où je rentre bredouille », par un bon Latte Macchiato du Starbucks juste à côté. J'ai beau eu arpenter en long et en large les rayons du Printemps, faire deux trois fripes et taper du côté des magasins streetwear, nada. Peanuts. Quedal. Et je vais pas me pointer demain soir, chez les parents de Ken, les mains vides.

Putain, je hais cette période. Mes fesses aussi d'ailleurs. Surtout que Ken m'a prévenue, demain soir, c'est son daron qui passe derrière les fourneaux, ça va donc être carnage. C'est Lauren elle-même qui m'a invitée. Elle sait que j'ai accueilli son fils l'an dernier, alors qu'ils s'étaient embrouillés et qu'au final, elle regrettait que son fils passe le réveillon de Noël quelque part à zoner, sans sa famille à ses côtés. Alors elle se trouve redevable et a tenu à m'inviter. J'ai dû même sortir une excuse bidon pour que mes parents ne le soient pas non plus. Vous imaginez ? Là, on pourra parler de carnage, véritablement.

A peine une ligne de mousse blanche sur le haut de ma lèvre que je sens mon téléphone, en vrac depuis que je l'ai fait tomber pendant le concert du Bataclan des garçons et qu'ils ont été mille à marcher dessus, vibrer. Enfin, ce qu'il peut encore s'apparenter à un faible vibrato.

- Ambre, grouille et rejoins-moi à Necker. Daloula vient d'accoucher !

- Mais Ken, si elle vient d'accoucher, on nous refusera sans doute à la maternité.

- T'inquiète pas pour ça, ma puce. Il faut qu'on aille la voir le plus vite possible.

L'excitation dans sa voix, à l'idée de faire la rencontre du petit de Daloula est indéniable. J'avoue, il tardait qu'elle accouche, la pauvre n'en pouvait plus. Je l'ai vu en début de semaine, et clairement, elle rêvait de perdre les os. Ou les eaux, un bail du genre, j'ai rien compris à son truc. En plus de mon groupe, Ken, la bande, ma famille, j'ai essayé de garder du temps pour Daloula et l'épauler comme je pouvais pour préparer la venue de ce petit garçon. Elle a eu du courage pour affronter tout ça sans le père à ses côtés, mais ce n'est rien à ce qu'il l'attend. Mais je sais qu'elle s'en sortira très bien. Cette fille est formidable, et l'amour qu'elle a déjà pour son bébé l'aidera plus que quiconque pour réussir à élever cet enfant dans les meilleures conditions possibles. Et elle sait que tous, on se tient prêt pour la soutenir.

Bon, c'est pas tout, courons voir cette petite chose !

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Bon, comme prévu, ça n'a pas été facile de rentrer dans la chambre, elle a accouché y a seulement quelques heures. L'infirmière en chef nous a dit que seule la famille serait pour le moment acceptée. Ken s'est énervé et a hurlé que c'était nous la famille. Sneaz, les deux Akrour Brother et Doums venaient d'arriver et ont protesté avec Ken. Elle a été obligée d'abdiquer.

Penchée sur le berceau, je regarde ce tout petit être humain en train de roupiller pépère, encore inconscient de tout ce qu'il l'attend, en me demandant, horriblement, ce qu'on peut bien trouver à un nouveau-né. C'est tout fripé, ça fait des bruits bizarres et ça sourit même pas.

Daloula semble crevée, mais heureuse d'avoir enfin pu mettre au monde cet enfant. Souheil, qui veut dire aisé, facile, est le prénom choisi par Daloula. Je la prends dans mes bras, et sens une vive émotion, bizarre, et complètement nouvelle pour moi, me prendre aux tripes tandis qu'elle me sert fort contre elle.

- Ken, plutôt que de le regarder comme ça, prends-le donc dans tes bras.

- T'es sûre, il demande peu sûr de lui.

Assise sur le rebord du lit, à côté de Dal, je regarde Ken, amusée par sa gêne soudaine.

- Vas-y, n'aie pas peur. Je te fais confiance.

De Rock et de FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant