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Point de vue Ken

Deen m'a rejoint à l'appart' en début d'après-midi, l'air plutôt mal. C'était une journée off du Domac aujourd'hui, j'en ai profité pour pioncer, aller faire une machine à la laverie de la rue derrière l'appart, Irène m'a envoyé chier ; faire les courses avec Fram et ranger vite aif' l'appart après la soirée de hier. Autant dire, un programme de rêve !

Quand j'ai vu la tronche du Marseillais, j'ai vite calé que ça n'allait pas. Je me suis rappelé qu'Ambre m'a dit qu'y avait un lézard avec Chloé. Je l'ai laissé rentrer, posé mon plumeau (façon de parler les gars), tendu une bière et on s'est installés au salon. Alors que je roulais un pilon de bienvenue, faut toujours savoir accueillir correctement ses invités, Deen regardait, l'œil vitreux, l'écran éteint de la télé.

J'ai dû attendre qu'il tire trois lattes sur le pilon pour qu'il daigne l'ouvrir et me parle de ce qui le démangeait. Chloé, comme je m'y attendais. Il est perdu, le Burb. Elle lui a déjà bien retourné la tête. Mais dans le bon sens, il est accro. C'est cette histoire de mariage qui est venue tout gâcher, à ce que j'ai compris. J'ai dû le regarder étonné, parce qu'il s'est empressé de me préciser qu'il parlait du mariage du cousin de Chloé auquel elle l'a convié. Et ça l'a fait flipper. Visiblement, Ambre tenait les bons arguments, parce qu'il est finalement allé la voir. Mes arguments ont fini de le convaincre qu'il faisait effectivement une connerie et qu'il ferait mieux de se bouger le fion pour la récupérer. Pour de bon, cette fois-ci.

La preuve, il est là, avec moi, à attendre nos copines respectives. Je suis fier de oim. J'espère que ça va le faire. Il a déjà tenté le coup cette nuit, en décalant de Montrouge pour la retrouver et parler. Elle a fait la maligne en l'ignorant, mais il est buté, mon Bigo. Et je suis sûre qu'elle pourra que craquer, la petite Chloé. Comment résister au charme irrésistible de Bigo, aussi ? Je déconne. C'est trop ap' mon genre. Je les préfère avec une crinière de lionne enragée, un boule appétissant et une aura déglinguée.

Quand j'écoute parler Chloé, la regarde, je la vois à des milliers de kilomètres à l'opposé d'Ambre, mais c'est visiblement la seule meuf avec qui ma go s'entend de sûr. Si elles sont pas du même délire, on dirait qu'elles sont complémentaires.

Mais tout ça, c'est bien beau. Ça fait une heure qu'on est là, comme deux couillons à attendre qu'elles veuillent bien sortir. Ambre m'a dit hier qu'ils devaient finir vers 20 heures, il va être dix heures putain. On s'est posés sur le trottoir en face de l'immeuble, dont un des étages a les volets fermés. En tailleurs, à le même le sol, à bédave pour tuer le temps, à essayer de se demander ce qu'elles peuvent bien foutre.

- Putain, mais c'est quoi leur bails ? Le réal' les séquestre ou quoi ?

- Vu le cul de ta meuf, ça m'étonnerait même pas.

Je me décompose direct, et ça doit se voir, parce que Deen s'empresse de rajouter :

- Putain, Nek', viens, on va casser des têtes...

- A condition que tu me laisses l'acteur...

- Lequel ?

- J'en sais rien, un petit merdeux qui doit tourner une scène avec Ambre, au fond d'un plumard, à faire semblant de s'engueuler.

- Ça pourrait être pire, Nek...

Rien qu'à l'idée, même si c'est du jeu, du faux, mes doigts se crispent sur le bout de mon pilon qui tire une sale gueule quand je le tends à Deen.

- Merci mec, de ton soutien...

- Pas de quoi, le Fennec !

Il se met à rire, il ferait moins le malin si c'était Chloé qui reprenait le rôle.

De Rock et de FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant