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7 Juillet 2011. Paris

-    Putain, mais magne-toi !

-    Oui, Antoine, deux secondes, je cherche mon foutu larfeuille.

Il a fini où, celui-ci encore ? J'ai qu'un sac. Je suis pas comme Chloé qui change de sac tous les trois jours et qui est obligée de s'astreindre à une gymnastique de haut vol pour transbahuter sans cesse ses affaires d'un sac à l'autre. Putain. Ah le voilà. Sur le micro-ondes. C'est sa place, ça ?

-    C'est bon, on est parés.

Antoine a déjà mon rucksack sur le dos. C'est celui de mon père. Qu'il avait pour son service militaire, qu'il a fait en Espagne. Quand même plus pratique que la valise à roulettes que ma mère tenait à me prêter.

-    C'est pas trop tôt, Ambre.

Antoine est un tantinet stressé. On était déjà censé partir y a une heure, mais c'était sans compter sur l'éternelle ponctualité sans défaut de Ken et celle un peu d'Areno aussi qui a eu du mal à émerger. Puis vient mon tour de merder et de pas être prête. Mais je plaide coupable. J'étais au studio ce matin, finaliser une piste avec Anthony, sur un projet musical qui accompagnerait un défilé de mode d'un jeune créateur parisien.

Je l'ai rencontré, il m'a donné carte blanche en me filant quelques indications sur ce qu'il attendait du résultat final. J'ai adoré composé. Et j'espère bien réitérer l'expérience avec Sparks.

Anthony a voulu m'inviter à manger un bout après la session d'enregistrement, mais j'avais l'excuse parfaite pour y échapper. J'ai beau parler de Ken devant lui, quand je papote avec Chloé, il a rien pigé. Ou fait exprès. Et quand j'ai voulu proposer à Ken de venir me chercher un soir au studio, pour lui faire comprendre visuellement que la place était bien prise, mon Fennec a eu un empêchement.

Du coup, le temps de décaler, refuser poliment son invitation, courir jusqu'ici, préparer mon sac, ranger mon bordel et me changer, malgré l'heure de retard sur le programme avancé par Flav, je suis à la bourre.

J'irais pâtir en enfer, rien que pour ça !

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On se rejoint tous devant le parvis de la gare du Nord. Ken est là, la mine crevée. Mais tous sautillent de joie à l'idée de partir pour Liège pour participer à ce festival. Doum's est du voyage. Deen reste roucouler avec Chloé. Et les frangins n'ont pu se libérer de leur chantier, ils n'ont vacances qu'en août. 2Zer tenait à zoner dans Paname.

Il est d'ailleurs question de louer un truc dans le sud pour y descendre tous ensemble. Je suis bien sûr conviée mais je n'ai aucune idée de mon planning d'ici là et si je pourrais me libérer. Mais j'en ai très envie.

Pour le moment, je m'installe sur mon siège, à côté de Ken, en face d'Areno déjà plongé dans son Manga et Sneaz dans un magazine de mode masculine. J'ai juste amené avec moi mon petit carnet en cuir, chiné à Emmaüs, en même temps que j'ai acheté 90 % de ma déco pour mon studio. C'est fou ce qu'on peut y trouver. De la vaisselle, un vieux canapé en cuir, qui a fait son temps mais qui a remplacé au pied levé ma banquette démodée. Une petite table pliante pour manger dans l'espace cuisine. Et même une étagère à Cd's que j'utilise comme meuble de salle de bains pour y ranger mes quelques affaires.

Pour mes skeuds, mes quelques dvd et bouquins, j'ai tout rangé dans une vieille malle en bois, défoncé et qui paye pas de mine. Mais elle m'est parfaite. La bobine, qui me sert de table basse est restée. Finalement, je l'aime bien.

Bref, loin de ma déco, j'étire mes jambes sous la table, en prenant soin de ne pas dégommer Areno. Mon carnet posé sur la tablette, en cas d'inspiration sur un morceau que j'aimerais écrire pour Sparks, je laisse ma tête s'appuyer contre la vitre, derrière laquelle le paysage de la banlieue nord de Paris défile. On a deux heures de train, vive le Thalys. A 15 heures, on sera à Liège, au pays du chocolat et de la frite, et avec la ferme intention de retourner le festival avec 1995 !

De Rock et de FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant