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Point de vue Ambre

C'est un peu compliqué ce matin pour marcher. Mais on doit sortir grailler quelque part en ville avant de rejoindre le festival, j'en profiterais pour m'arrêter à une pharmacie acheter de la crème. Ma cheville est un peu enflée, mais rien de grave. J'ai réussi à me contorsionner avec Ken ce matin dans la baignoire, c'est que c'est pas si grave que ça, non ?

Le temps est couvert aujourd'hui, mon sweat 1995 tombe à pic. J'ai remisé au fond du sac mon short que je portais hier et a opté pour mon vieux baggy déchiré. Je retrouve mes vieilles Suede fétiches, mal en point, qui ont toujours leur place dans mon sac quand je pars quelque part. En dessous, je me glisse dans un de mes vieux débardeur favoris. Me voilà parée. Pour affronter les gens, j'espère venus en masse voir ce sublime groupe qu'est 1995.

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On arrive au HF6, tous un peu plus stressés qu'avant, sur un banc d'un parc du centre-ville, à grailler des frites et des saucisses. Le visage de chacun se tend quand il s'agit de se concentrer sur les balances, la mise en place du décor. Je m'installe dans un coin avec Doum's, encore un peu défoncé de la veille. A moins qu'il soit comme ça à l'année ?

Il s'abreuve d'eau, pour soigner sa pâteuse. Je tarde pas à l'imiter. On observe les membres du groupe s'activer sur scène, je suis presque aussi stressée qu'eux. D'ici une demi-heure, leur tour sera venu de retourner la scène, et le public. Qui se rapproche lentement. Avec leur accent chelou, je capte pas tout, mais apparemment, ils sont tous curieux de connaître qui se cache derrière un groupe portant le nom de l'année où ils étaient encore que gamins, où pour certains, il était déjà temps d'aller au collège ou au lycée. J'adore l'idée qu'il y ait plusieurs générations dans le public.

L'heure tourne, et les garçons ont l'air maintenant plus excités que stressés. Lo se place derrière ses platines, et les autres attendent le signal qu'ils se sont fixés pour rentrer sur scène et débuter le set. Avec Doum's, on décide de grimper sur une des gros baffles à côté de la scène. Il m'aide à monter dessus, ma cheville un peu fragile ne me permet pas de jouer aux Tarzans. Un organisateur, soucieux de nos tympans, nous tend à chacun une paire de bouchons. J'ai envie de lui dire que j'ai déjà été dans des concerts où les décibels étaient bien plus violents que ceux-là. Grossière erreur, au premier beat, sentant mes Suede trembler sous l'effet de la vibration, je tergiverse pas 10 ans et enfonce les bouchons dans les oreilles.

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Point de vue Ken

En dessous, dans la fosse, ça s'excite sévère. Certains ont l'air de connaitre déjà par cœur certaines parties de nos morceaux. Ça fait trop plaisir. Ça pogote même pendant Flava in Ya Ear. Ça reprend en chœur le refrain de La Source. Comme celui de La Flemme. Nos vieux sons, créés sous la bannière P.O.S rencontrent aussi leur petit succès. Dans les premiers rangs, y a pas mal de meufs. Si je les ai repérées, Ambre aussi, c'est certain. Y en a une qui lui ressemble grave, d'ailleurs. Elle me fait vriller depuis le début du set. J'essaie de me concentrer sur la vraie, qui nous regardent depuis un baffle, avec mon pote Doumam's. Je suis dégouté que les autres du L ou du S n'ont pu faire la route avec nous. Ils seront tous là à Paname, quand on jouera le 21, à la Flèche d'Or. Flav nous a bétonné un petit agenda de concerts, c'est juste de la bombe. Après, on est tranquilles jusqu'à Octobre, et d'ici là, je compte bien profiter du reste de l'été. Même si y a du charbon de prévu.

J'ai réussi à négocier une semaine de congés avec le MacDo, pour qu'on puisse tous partir se la toucher au soleil quelque part dans le sud. J'espère qu'Ambre pourra venir avec nous, elle sait pas encore. Si on descend pas loin de Nice, j'en profiterais pour aller voir mes grands-parents, et leur présenter Ambre, si c'est possible.

De Rock et de FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant