De Rock et de Feu

88.

Yoo ! P'tite nouveauté, mais je voulais vraiment partager ça avec vous. Je vous mets en média le lien YouTube du son qui m'a accompagné en boucle pour l'écriture de ce chapitre. Avant de vous le balancer, j'ai relu tout ça avec le son en fond et en vrai, je trouve trop que la musique colle avec le texte, et inversement, surtout la deuxième partie du chapitre...

---

Point de vue Ken

Engoncé dans mon plumard, bercé par mes trois potos qui ronflent à faire trembler un bunker, je fixe le plafond de notre piaule, un bras coincé sous mon crâne. Elle ne l'a pas prise cette décision. Enfin pas complètement. Elle s'est détachée de la table, l'appui qu'elle avait pendant qu'on se parlait. Elle m'a regardé, longuement, en silence. Ce fût une véritable torture que d'attendre derrière ses mots. Qu'elle a pris le temps de façonner dans sa petite tête avant de me les lâcher, bruts :

- J'arrive pas à te croire, que tu n'y es pour rien, dans ce que tu as fait ce soir. Je sais qui tu es, Ken. Avec les filles, je veux dire. Mais j'ai moi aussi fait quelque chose de mal, en laissant ce bouffon m'embrasser alors que je me reposais dans le calme de cette pièce, et que j'lui ai rien demandé. Je sais qu'y a un truc pas net dans mon crâne, carrément pas d'ailleurs, parce que je crois que je pourrais envisager de te pardonner. Je sais pas comment, ni pourquoi d'ailleurs, mais je crois être assez barj' pour le vouloir...

Un nouveau long silence a rempli la pièce avant qu'elle ne reprenne la parole :

- Parce que bordel, je t'aime. Ça non plus, je sais toujours pas pourquoi, avec tout le mal que tu me fais depuis qu'on essaye de construire quelque chose, et je sais que j'ai pas fini de souffrir avec toi, mais je t'aime trop pour abandonner maintenant. Il va juste me falloir un peu de temps pour m'y faire, à l'idée qu'une fille ait voulu t'éloigner de moi. Ou l'inverse, va savoir. Je sais aussi que pour toi c'est pas facile de m'aimer, après ce que Suga t'a fait. Je sais aussi que c'est d'autant plus compliqué quand tu sais tout ce qu'Hugo m'a fait vivre...

Je l'ai écouté me parler, vider son sac, en m'imprégnant de chaque mot, chaque syllabe, chaque phrase que son petit cœur meurtri par ma faute lui permettait de prononcer.

Je me suis avancé vers elle, elle ne pouvait pas reculer parce que la table juste derrière elle l'en empêchait. J'ai pris son menton entre mon pouce et mon index, je l'ai obligée à me regarder droit dans les yeux et je lui ai juste murmuré que si ça pouvait l'aider dans sa réflexion, fallait qu'elle sache que moi aussi bordel, je l'aime et que je regrette sa mère ce qu'il s'est passé en boîte. Ne voulant pas prendre le risque de me prendre une latte en tentant de l'embrasser, je me suis contenté d'un long baiser sur sa pommette rebondie et humide de larmes.

Je suis reparti de chez elle, pas parce qu'elle me l'a demandé, mais parce qu'il me semblait nécessaire de la laisser seule pour une fois. De toute les fois où je ne m'étais pas résolu à la laisser seule, affronter ce qu'elle avait à gérer, j'ai cru bon de décaler et d'attendre qu'elle revienne vers moi. Si elle ne m'a pas dit clairement de m'en aller pour une fois, j'ai pris moi-même cette décision. Je ne la regrette pas. Simplement, j'espère que j'ai bien fait et qu'elle ne mettra pas trop de temps à me pardonner et revenir vers moi.

---

La journée de dimanche passe lentement, et à part zoner dans l'appart', je ne fais rien de constructif. Parties de Play avec les deux frangins, bagarre pour savoir qui doit faire la vaisselle, un semblant de rangement, quelques lignes griffonnées dans mon carnet, et une longue douche chaude.

Sous le jet brûlant de l'eau coulant sur mon corps nu, j'espère que la chaleur de l'eau va pouvoir emmener avec elle au fond de la bonde ma culpabilité. En recouvrant mes hanches nues de ma serviette, je me mets à croire que cette douche a eu un réel pouvoir sur mon mal-être depuis la veille au soir, quand j'ai pris conscience que je faisais la plus grosse boulette du siècle. Le seul pouvoir qu'elle ait eu au final cette douche, c'est d'avoir pris quasiment toute l'eau chaude et Hakim me pourri parce qu'il va devoir se laver à l'eau tiédasse.