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Yoo !

Comment allez-vous ?

Moi pas des masses bien. En vrai, depuis la bombe lâchée dimanche soir, je suis pas au top. Je vous largue le chapitre, celui que vous attendiez apparemment impatiemment depuis dimanche. Et si vous le voulez bien, on en reparle vite aif' à la fin...

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Point de vue Ambre

- Il s'est passé un truc... j'ai un peu merdé...

A l'instant même où je lâche ces mots, je prends conscience du merdier qu'est cette soirée. Et que la seule responsable, c'est moi. Pas Greg, ni lui, mais moi. Si j'étais restée sagement avec mon père, devant Arte qui diffusait les 400 coups de Truffaut, rien de tout ça ne me serait arrivé. Je voulais le voir en plus.

En attendant que Ken réagisse à l'autre bout du téléphone, qu'il me quitte en direct, j'essaie de me calmer, en faisant les cents pas autour des bagnoles garées dans la cour sombre et presque lugubre de cette vieille bicoque. Ma tête tourne encore, dangereusement. Mon corps est en mode centrifugeuse. Mon cœur n'est pas en reste. Je le hais. Je me déteste. A tel point que je courrais presque au champ le plus proche, m'y allongerais et attendrais qu'une moissonneuse-batteuse me passe dessus.

On est en avril, y a pas de moisson...

Tu veux bien arrêter de chipoter avec tes détails météorologiques à deux balles ? Moissonneuse, 33tonnes ou tank, m'en fous, tant qu'il m'écrase, me déchiquète, moi et mes pêchés. Ce pêché.

- De quoi tu parles, articule péniblement Ken.

Malgré le bruit sourd provenant de la maison, de mon état avancé, les grésillements dans le combiné dû au peu de réseau disponible, je jurerais l'avoir entendu retenir un cri, avant de réussir à me demander ce que j'ai fait pour que je l'appelle à 2 heures du mat', le suppliant de venir me chercher.

Le genre de merde qui fait que vous vous retrouvez dans une piaule, avec un mec dont vous ne vouliez même plus croiser le regard. Le genre de merde qui vous fait que vous vous demandez ce que vous avez foutu les dernières minutes avant de vous retrouver dans ses bras, sa langue s'amusant violemment avec la vôtre. Le genre de merde qui fait qu'en sortant de là, vous vous sentez recouverte de cette même merde.

- Ambre, putain, tu vas me répondre ?

La tension chez Ken grandit, me pétrifiant sur place. Il ne viendra jamais me chercher. Il va me laisser ici, me dépatouiller avec mon bourreau pas loin. Manquerait plus qu'il ait le permis Moissonneuse-batteuse.

- Ken, je me mets à sangloter. Pitié.

- Pitié de quoi ?

- Je te jure, je... je sais pas ce qui... tu vas...

Mes pensées se bousculent, s'assombrissent d'un coup, rendant mon phrasé presque incompréhensible pour Ken, largué à l'autre du bout du téléphone.

- Je comprends rien.

Il marque une pause, soupire longuement, râcle sa gorge et reprend :

- Envoie-moi l'adresse, je vais voir si je trouve quelqu'un.

- Merci, je balbutie, prête à m'effondrer, tellement mon corps bout intérieurement, sûrement encore dû à la merde que j'ai "failli" faire.

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Point de vue Ken

Ma conversation téléphonique avec Ambre me fait cash oublier ce que j'étais en train de faire avant qu'elle m'appelle. Mais si moi je suis à blâmer pour ce que j'ai fait, je crois qu'elle n'est pas mieux de son côté. Elle chialait presque au téléphone, ne m'a rien dit de très précis sur le comment ni le pourquoi d'aller la chercher là-haut, dans son bled paumé après Cergy. Qu'est-ce qu'elle était obligée d'aller foutre là-bas ? Ah oui, revoir ce crétin pouilleux de Greg.

De Rock et de FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant