- Moi aussi, je suis du-per, m'avoue Ken.
- Hein ?
- Du-per, perdu, si tu préfères. T'es chiante à rien comprendre, il soupire, avec un petit sourire en coin.
- Exprime-toi normalement, et je comprendrais tout.
- Pas sûr. Franchement, avant que tu débarques dans ma iv, avec tes veuchs de malade, je pensais que j'avais trouvé un certain équilibre grâce aux reufs avec le peu-ra, les go, le pilon, les réssoi... Rien d'intelligent sûrement pour toi, mais la définition d'une vie cool pour oim. J'ai kiffé deux meufs pour de vrai, Léna celle que t'as vu chez Areno, et une autre que tu connais pas. Tu vois, en vingt ans, ça fait pas beaucoup...
- Et toutes les autres ?
- Elles ne comptent pas. Elles n'ont fait que passer le temps d'une nuit dans ma vie. Et je les ai déjà toutes oubliées.
Il a dû en avoir un paquet qui a défilé dans son pieu. Mais peu importe. On a tous un passé. L'essentiel étant qu'il ne vienne pas trop hanter le présent et pourrir le futur.
- Pareil.
- Quoi pareil ?
- J'en ai aussi un paquet qui a défilé dans mon pieu, je répète, d'humeur joueuse.
Bonne ou mauvaise idée ?
- Je connais un !
Mon corps se fige et espère de toutes mes forces qu'il ait la décence de ne pas citer Hugo. Pas après ce que je lui ai dit. Ça ne ferait qu'empirer les choses, déjà suffisamment tangibles pour ce soir.
- Le Greg, du lycée avec qui Madame avait fait du skate dans les couloirs du bahut. Tu sais que j'avais entendu une histoire comme ça quand je suis arrivé en seconde.
- Ouais ? C'était le but, marquer les esprits.
- Le jour où on m'en a parlé, je me suis dit « quelle bande de teubés » !
- Avoue, t'as kiffé, t'as trouvé l'idée trop bonne.
- Ouais, j'avoue, si j'avais su que je tenais dans mes bras la meuf en question, six ans plus tard...
Il joint alors le geste à la parole. Toujours debout devant le lycée, on n'arrive pas à bouger et continuer notre marche nocturne. Mais je suis foutrement bien dans ses bras, seuls au monde, du moins dans cette rue. Alors qu'il m'embrasse fougueusement pour la quarantième fois en dix minutes, un bruit sourd vient briser la quiétude de ce doux moment.
- Madame a faim ?
- Grave. Pas toi ?
- Si, de toi. Mais t'as raison, d'abord un peu de nourriture.
Ne sachant pas s'il fait de l'humour ou non, je commence la première à aller vers la civilisation nutritive. Parce que dans cette rue, à part le collège et le lycée, il n'y a rien d'autre. Je me dirige alors vers une friterie encore ouverte, à laquelle on allait souvent manger avec Greg et les autres, entre midi et deux ou après une partie de skate dans le parc à dix minutes d'ici.
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- Un américain, supplément frites s'il vous plait. Mayo-ketchup.
- Un Hot-dog, supplément saucisse, je commande à la serveuse.
Son clin d'œil lubrique me fait dire qu'il évoque beaucoup ce soir la possibilité, que moi aussi, je pourrais passer le temps d'une nuit, un moment dans son plumard.
Alors qu'il mort férocement dans son américain, avant de l'imiter avec mon hot-dog, je préfère le prévenir alors :
- Je ne suis pas sûre de vouloir déjà coucher avec toi.
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De Rock et de Feu
FanfictionLa rencontre entre deux mondes différents... Ambre ne vit que pour le rock, sa basse, son groupe et sa tignasse. Tout ça l'aide à oublier un passé récent douloureux et tragique. Pour remonter la pente, elle partage sa vie entre les répét', son job c...