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Point de vue Ken

- Livraison toute chaude, monsieur le Fennec.

- Ah putain, t'assures. T'as même pensé au café.

- Ken, des croissants sans café, c'est pas des croissants.

- T'as pas pris de chouquettes ?

Elle s'immobilise, regarde l'horizon planant au-dessus du fleuve coulant sous nos pieds, et finit par dire :

- Les chouquettes me rappellent trop le passé. Des croissants, c'est bien.

- Des croissants pour regarder vers l'avenir ?

- Carrément, t'as tout compris.

Elle me tend le sachet et je choisi un pain au chocolat. Je croque dedans et bois une longue gorgée de café, imité par Ambre. J'ai bien fait de lui proposer de me rejoindre. Je me sens encore mieux qu'avant. Comme si la solitude que je cherchais toujours, en venant ici, me pesait de trop sur les épaules, et que j'avais besoin de la compagnie de la femme que j'aime pour me rendre compte qu'au final, tant qu'elle sera à mes côtés, ça ira.

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La vie a repris son cours derrière nous. Le soleil s'est élevé dans le ciel, chassant tous les nuages de ce matin. On est crevés, mais on tient le coup. Elle me raconte le tournage de son clip, m'annonce qu'elle aura une scène à jouer où on devinera sa nudité, cachée par un drap, au côté d'un mec qui sera payé pour jouer son keum dans le clip. Elle a l'air tellement désolée d'avoir à faire ça, que je suis bien obligé de lui dire que c'est pas grave. Tant qu'il l'approche pas de trop près, sinon je lui ferais bouffer les touches du clavier d'Ambre.

Soyons clairs dès le début.

Je lui propose de m'accompagner jeudi prochain à la salle de boxe qu'on a choisi pour décor d'une partie du clip Vorace, crée avec les reufs du S, assister au tournage. Elle accepte sans sourciller, se disant ravie de pouvoir partager ça avec moi. Elle en profite pour me reprocher de ne toujours pas lui avoir fait écouter le son en question.

Nos vacances de prévues dans le sud approchent, et la venue d'Ambre n'est toujours pas sûre. J'aimerais tellement l'avoir avec nous pour la semaine. On va cypher, on va déconner, picoler, se défoncer, mais je sais qu'elle apprécierait de passer ces quelques jours, loin de Paris, au soleil. Ça tient pas à moi, apparemment, mais j'espère qu'elle pourra venir les trois derniers jours, comme elle m'a dit.

Pour Montréal début Septembre, c'est pas qu'elle est pas conviée, mais on a jamais abordé le sujet avec les gars. Et puis même, elle a la sortie de leur album pour la rentrée, avec la sortie du clip et tout le truc de promo de merde qu'y aura autour.

Je l'imagine trop ap' répondre à des questions sur des radios ou des télés. Mais elle a signé sur une grosse maison de disques, elle aura pas trop le choix. C'est le deal. Elle l'a compris, mais je suis pas sûr qu'au moment venu, elle voudra aller d'elle-même parler à des journalistes ou des présentateurs télé. Ce qu'elle recherchait, en rejoignant le groupe, c'est comme moi, l'adrénaline de la scène. Elle est faite pour jouer, du piano, de la basse, peu importe, tant qu'elle le fait depuis une scène. Derrière la cabine d'un studio, à la limite. Mais son truc, c'est de ne faire plus qu'un avec une scène, s'éclater, se lâcher, transmettre son trop plein d'émotions se bataillant sévère en elle, à travers ses instruments.

Comme moi avec mon mic' coincé dans la paume.

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Point de vue Ambre

Sans avoir dormi, Ken, peu avant midi, s'en va retrouver sa charlotte et son polo M pour le reste de la journée. Il a du courage. Moi, pour le coup, ça va être un aller simple pour le pieu. Mais d'abord, faut marcher jusqu'à l'appart'. Et merde.

De Rock et de FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant