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- Je peux dormir chez toi ? Juste pour deux ou trois soirs. Après je me tire. Je vais me trouver un endroit ou crécher t'inquiète. Je vais pas m'imposer dans ta vie.

- Mais t'es malade. Tu t'imposes pas. On va aller poser ça chez oim. Je veux bien que tu m'expliques ce qu'il vient de se passer. Hormis le fait qu'on a frôlé la catastrophe !

- Frôler ? Mais je suis en plein dedans là, Ken. Je me suis tirée de chez moi. Pour de bon. J'y retournerais plus.

Un sanglot s'échappe de ma pupille, roule sur ma joue et se fait stopper par le pouce de Ken venu se poser sur ma joue. Je viens de prendre la décision la plus importante de ma vie, sans vraiment en prendre conscience. Même si ce gros sac rempli de merdes choisies au hasard me le rappelle déjà.

- Calme-toi. Chuut. Viens par là.

Il prend ma tête de sa main qu'il vient coller contre son front. Aïe. Verrouille son regard rassurant et sécurisant dans le mien, complètement paniqué et embué par les larmes.

- Désolée, Ken.

- Désolée de quoi, ma belle ? T'as sûrement fait ce qu'il fallait. Je te connais. T'es cash, tu tortilles pas du cul dix ans, si tu l'as fait c'est que dans ta petite tête où ça turbine sévère, c'était déjà décidé.

Ses mots, réconfortants m'apaisent un instant. Son baiser doux et moelleux se charge de prolonger cet instant. Dans ses bras, quand il est là alors que j'ai besoin de lui, tout peut m'arriver, j'ai la ferme impression que je m'en sortirais toujours mieux que toute seule.

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Sur le chemin nous menant à son petit appart, je lui raconte en détails ce qu'il s'est passé après qu'il ait eu la brillante idée de m'obéir et déguerpir du champ de bataille. Je m'excuse pour mon père, je n'ai pas aimé la façon dont il lui a parlé. Ken le prend bien. Et pendant qu'il m'explique qu'on pose juste les affaires, le temps de rejoindre tout le monde dans un bar où Deen faisait la plonge il y a quelques mois, pour finir la soirée, je réfléchis à tout ce que j'ai pu balancer à mon père. Ce que lui m'a mis dans la gueule, sans penser forcément à cette gifle, certainement justifiée. Et revient sans cesse cette image de Ken et moi, quasi cul nul, devant mes parents. Ça me fait chier de leur avoir imposé un de mes moments privés. Tout est de ma faute. Absolument tout.

Quand je pose dans un coin de la piaule mon gros sac pesant dix tonnes, je me dis que débute ce soir une nouvelle vie. Que je n'espère pas définitivement ici, coincée dans ces dix mètres carrés. Mais dans mon appartement. Le mien. Que je me payerais. Que je me choisirais. Et dans lequel Ken pourra me prendre dans toutes les pièces, sans avoir à se demander qui nous surprendra, qui nous stoppera.

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- Re, les gars. Pour tout à l'heure, je tiens à m'excuser, je marmonne en planquant mon visage entre mes mains, de honte.

Tous les gars sont là, dans ce bar, à la frontière du 14e, et nous attendent. Et nous saluent chaleureusement, certainement ravis que mon père ne nous ait pas passé au broyeur.

- T'inquiète, me rassure d'emblée Antoine. On sait ce que c'est les soirées où les darons rentrent plus tôt que prévu...

Ken m'adresse un clin d'œil, en évitant le regard sur lui de Flav.

- Du coup, il s'est passé quoi après ?

- Je me suis fait la mère, la sœur mais quand le père m'a proposé, c'est devenu chaud, j'ai décalé, rigole Ken.

Ma tape sur son épaule ne le dissuade pas d'arrêter de rire bêtement.

- J'ai pris mes clic et mes clac et je me suis taillée !

De Rock et de FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant