~ Chapitre 1

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Dehors, aucun bruit ne filtrait.

Aucun chant d'oiseau, alors que j'étais quasiment sûre qu'il était l'heure de se lever. C'était le petit matin, mais c'était aussi le début de l'hiver, alors les oiseaux se taisaient, restant au chaud dans leurs nids. On ne pouvait pas leur en vouloir. La température extérieure devait frôler les 0 degré et il faisait encore nuit, bien que je n'étais pas en mesure de confirmer cela : mes volets étaient encore fermés. Je me levais, et mes pieds froids rencontrèrent le parquet froid de ma chambre. Je cherchais à tâtons dans l'obscurité la plus totale mes chaussons, ne rencontrant que du vide.

Avec un grognement agacé, je finissais néanmoins par mettre la main dessus. J'ouvrais les volets qui avec un grincement sinistre s'ouvrirent, ne dévoilant rien d'autre que le nuit noire, même si un petit filet d'aube pointait le bout de son nez au loin. Je frissonnais en sentant l'air froid s'engouffrer dans ma chambre. J'avais beau porter une chemise de nuit épaisse qui dévalait jusque mes pieds, cela ne m'empêchait pas de sentir à quel point il faisait froid dehors.

J'enfilais ma robe de chambre épaisse, ajoutant une épaisseur supplémentaire, même si il faisait relativement bon dans la maison. Je descendais les impressionnantes marches, qui me rappelaient toujours ces films où le garçon et la fille se rejoignent pour finir par descendre l'escalier ensemble.

Les marches en face menaient aux appartements de mes parents, et nous ne partagions qu'une vingtaine de marches en commun. Cela semblait déjà bien trop pour eux, puisqu'ils avaient la fâcheuse tendance à s'évaporer dès lors que nous passions trop de temps ensemble dans la même pièce.

La maison dans laquelle je vivais était grande, pour ne pas dire gigantesque, et elle ressemblait plus à une galerie d'art contemporain plutôt qu'à un réel foyer dans lequel je pouvais trouver du réconfort. En pénétrant dans l'immense salon, je découvrais la table du petit-déjeuner, remplie à profusion de mets en tout genre. Un véritable gâchis, puisque ni ma mère ni mon père ne petit-déjeunaient et à moi seule il était impossible de tout engloutir.

Frida apparut derrière moi, un sourire aux lèvres, en me servant mon café. Elle travaillait chez nous depuis toujours, en tout cas aussi loin que je m'en souvienne. J'avais un peu honte que mes parents fassent travailler cette femme d'un certain âge dans cette maison bien trop grande pour être gérée et nettoyée par une seule personne. Elle avait toujours été bienveillante avec moi, et aussi d'une grande douceur.

D'un air absent, je contemplais grâce à l'immense baie vitrée le domaine qui s'offrait à moi, un jardin arboré couvert de poudreuse. Il faisait encore nuit, ce qui me déprimait. Le jour allait se lever, pour aussitôt disparaître de nouveau. Cela offrait un contraste étonnant avec la saison estivale, où l'on pouvait voir ce qu'on appelait chez nous le soleil de minuit. En hiver, le manque de lumière était tel que j'étais constamment fatiguée, et même la lueur des bougies près du sapin de Noël ne parvenait pas à me rendre le sourire.

Ma mère Ebba arriva dans la pièce, apprêtée de la tête au pied. Cette constatation m'agaçait ; être élégante aussi tôt dans la journée était on ne peut plus déprimant. Je crois qu'en près de 17 ans d'existence, je ne l'avais jamais vu sans maquillage ou en pyjama. En entendant ses bruits de pas contournant la table, je me rendis compte qu'elle portait des talons aiguilles qui claquaient sur le sol. C'était totalement ridicule et inutile.

Elle portait une robe bleue marine au col cheminé et ses cheveux étaient élégamment coiffés en un chignon banane piqueté d'une broche comportant des saphirs d'un bleu profond. Autant dire qu'à côté, en pyjama, pas coiffée et avec le visage portant encore les marques du sommeil, je n'avais pas fière allure. Ses yeux d'un bleu de glace me scrutèrent, mais lorsqu'elle se rendit compte que je l'avais remarqué, elle avait détourné le regard.

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